En janvier 2021, en plein confinement, sur le parvis du Parlement écossais baigné de soleil, trois personnes évoquent à haute voix la possibilité d’une revue, d’un magazine en français, à propos de l’Écosse. Quinze mois plus tard, la Revue Écossaise est enfin disponible en précommande sur KissKissBankBank, prête à voir le jour, à condition qu’elle récolte votre soutien et votre confiance.

Notre campagne de financement participatif, organisée sous la forme d’une prévente, s’achèvera début avril. A un peu plus de dix jours de la fin, j’ai eu envie de vous en dire plus sur la genèse de ce beau projet.

La Revue Écossaise, née d’une discussion matinale dans l’hiver d’Edimbourg

Ces trois personnes sont Assa – que vous connaissez déjà car elle est l’une des voix du podcast Écosse Toujours, depuis janvier 2019 -, son mari Jean, et moi. Pour être honnête, l’horizon d’un magazine, d’un titre en français sur notre pays d’adoption fait partie des évocations régulières entre Assa et moi depuis longtemps. Nous en avions déjà parlé à l’époque où nous cherchions un nom pour notre podcast. Écosse Toujours aurait été un nom parfait pour un magazine également, non ? Si je ne suis pas en reste pour lancer des idées folles dans le vent et les laisser flotter indéfiniment, Assa, elle, a le pouvoir d’attraper les idées au vol, d’y ajouter les siennes et de les rendre réelles. Et rien de mieux qu’un confinement pour engraisser ces idées, les augmenter, les complexifier.

Mais comment crée-t-on un magazine ?

Ce matin-là, devant le Parlement, il apparaît comme une évidence qu’un tel projet serait un succès. Tous les trois, nous sommes des lectrices et lecteurs avides, intéressés, vissés à nos téléphones sans pour autant abandonner la douceur des belles pages. Nous savons aussi que nous ne pouvons être seuls face à un projet si complexe. Écrire, bien sûr, n’est pas un problème, mais concevoir un produit qu’il va falloir rendre beau, imprimer, vendre et diffuser, c’est une autre paire de manches. Rapidement, Paul, chercheur à l’Université de Glasgow, et Julien, journaliste et photographe, rejoignent l’aventure. On décide également d’être accompagnés par Médianes, un studio qui encadre des projets rédactionnels comme le nôtre.

Les grandes étapes de création de La Revue Écossaise

Quinze mois plus tard, l’idée sussurée s’est transformée en projet solide, prêt à être partagé avec le monde. L’étape de la campagne de financement participatif sur KissKissBankBank est cruciale, car sans le soutien de notre communauté, le projet ne pourra pas voir le jour. Mais avant d’en arriver là, nous avons franchi plusieurs étapes…

Le nom

Clairement, nous souhaitions faire un petit clin d’œil à la Revue française d’Edimbourg, une publication en français, créée à Edimbourg, à la fin du 19e siècle. Mais comment le faire sans créer la confusion ? Après plusieurs débats, nous nous arrêtons sur La Revue Écossaise.

Le statut

Nous avons opté pour la création d’une société en France, où nous avons décidé de faire imprimer la revue. Elle sera bien sûr expédiée dans le monde entier, mais il nous a semblé judicieux d’enraciner le projet en France, au sein de l’Union Européenne. En Écosse, nous allons créer une association.

Le style

Assez rapidement, nous nous sommes posé la question de l’allure qu’aurait La Revue Écossaise. Sans vouloir tomber dans les clichés celticisants, il nous fallait pouvoir évoquer “notre” Écosse, l’Écosse qui nous a accueillis et qui nous passionne au quotidien. Nous avons décidé de travailler avec Manuel Marolleau, un graphiste de talent installé à Nantes. Il nous a proposé une maquette rocailleuse, colorée et évocatrice qui nous a tout de suite plu…

La périodicité

Ah… Tant de réunions ont été passées à débattre de cette question ! Si nous savions que nous n’aurions jamais la capacité de produire un magazine par mois, il a fallu estimer précisément ce que nous serions capables de faire. Le rythme bi-annuel nous a semblé intéressant pour lancer notre projet, car il nous laisserait pleinement le temps de construire une revue riche et passionnante.

Nous avons également fait le choix de donner une date de fin à notre projet : nous souhaitons faire paraître La Revue Écossaise pendant trois ans, réalisant donc six numéros. Cela nous permet d’avoir un début et une fin, et de peindre, mois après mois, une fresque unique.

Le calendrier

Comme pour tout projet, c’est une question très épineuse ! Ayant commencé le projet en janvier 2021, en plein confinement, nous pensions avoir énormément de temps devant nous. Cependant, la vie réserve plein de surprises. Assa et Jean ont accueilli leur premier enfant, et moi, sans la possibilité de continuer mon activité de guide, j’ai dû redoubler de créativité pour trouver un emploi tout en continuant à faire progresser mes projets personnels, tels que le livre de recettes écossaises. Naïfs en janvier, nous nous voyions sortir le premier numéro dans l’année. Cela n’a évidemment pas été possible… Viser la fin de l’été 2022 est bien plus réaliste, et nous avons déjà les mains dans le cambouis… jusqu’aux coudes !

La logistique

J’ai gardé le moins marrant pour la fin. Comme je vous le disais, écrire des articles, interviewer des gens passionnants… Cela ne nous pose aucun problème. Le plus difficile, dans ce projet, c’est de gérer la logistique liée à la réalisation physique de l’objet : où l’imprimer ? Comment ? Combien de pages ? A quel prix ? Comment le distribuer ? Encore une fois, faire le choix d’imprimer en France facilite beaucoup beaucoup de choses. Nous ne sommes pas encore totalement organisés à l’heure où j’écris ces lignes, mais nous avons déjà énormément appris.

Que pourra-t-on lire dans la Revue Écossaise ?

Et voilà le plus important ! Le contenu ! Les histoires ! Pour le lancement de notre campagne de financement participatif, nous avons révélé le thème central de notre premier numéro : Ce qui nous rassemble. Proposé par Assa, il a été adopté par toute la troupe tout naturellement. Il y a tant de choses à rattacher à ce thème…

Des articles au long cours… mais pas que

Comme souvent, dans les revues et magazines qui ne paraissent que quelques fois par an, on trouve des articles de fond, longs, creusés, illustrés. Nous allons naturellement explorer cette fibre, puisque notre revue se rapprochera finalement d’un livre. Et qui d’autre a le temps de se poser, de discuter, et de farfouiller ?
De mon côté, je travaille sur un article “portrait” sur Donald Caskie, un pasteur écossais francophile qui a fait partie de la Résistance durant la Seconde Guerre mondiale. J’apprécie énormément d’avoir le temps de faire mes recherches et de parler à plein de gens, tous très intéressés par le parcours de Donald Caskie. Il faudra que je vous raconte bientôt mon voyage sur la péninsule de Kintyre…

Les jumelages entre la France et l’Écosse, le coeur battant de l’Auld Alliance du 21e siècle ?

Nous avons également beaucoup discuté des jumelages entre des communes françaises et écossaises. Certains nous ont fait sourire : celui entre Stepps et Les Marches, par exemple ! Jean, originaire de Nice, a été surpris d’apprendre que sa ville est jumelée avec Edimbourg. Ces jumelages sont nombreux et nous rappellent que la France et l’Écosse, fut un temps, ont signé une alliance militaire et politique encore connue dans le monde entier : The Auld Alliance. Comment se décante-t-elle aujourd’hui ?

La place prépondérante de la photographie

L’image et l’illustration ont une place prépondérante dans notre projet. Au-delà des langues, ces vecteurs d’information, d’émotions, de sensations ponctueront nos pages. Nous comptons travailler avec des photographes en France et en Europe, et également avec des illustrateurs. Un moyen de montrer leur travail et d’offrir une dimension supplémentaire au contenu partagé.

Pourquoi une prévente pour La Revue Écossaise ?

Comme tout projet éditorial, La Revue Écossaise demande un certain niveau de financement. Outre le temps personnel investi que nous ne pouvons ni mesurer ni comptabiliser pour le moment, il nous faut rémunérer notre graphiste, les journalistes, photographes, illustrateurs et illustratrices qui prendront part au projet. La majeure partie des dépenses sera dédiée à l’impression et la distribution, des postes importants et relativement incompressibles pour les petits débutants que nous sommes.

Par ailleurs, passer par une prévente nous permet de donner une dimension un peu concrète à une grande inconnue : l’intérêt du public. Ok, nous sommes convaincus qu’une telle revue serait merveilleuse. Mais aurions-nous une audience, tout autant intéressée ? Ce public sera-t-il assez nombreux pour nous permettre de concrétiser la revue ?

Objectif : 500 revues précommandées

C’est pourquoi nous avons décidé de fixer un objectif non pas financier, mais en termes de préventes. Nous pensons que si nous réunissons au moins 500 lecteurs et lectrices, alors la revue aura sa raison d’être, et nous devrions pouvoir tirer le premier numéro à au moins mille exemplaires.

Si nous n’atteignons pas les 500 préventes, toutes les personnes ayant déjà participé à la prévente seront remboursées. Et nous, nous aurons une réponse claire à notre projet : oui, il y a un vrai intérêt pour l’Écosse de la part des francophones… mais peut-être pas sous la forme d’un magazine papier. On préfère le savoir tout de suite avant de remplir les garages de nos parents de magazines qui ne se vendront pas !

Des contreparties pour toutes les bourses

Ne roulant pas sur l’or nous-mêmes, nous avons essayé de créer des contreparties accessibles et pleines de sens. Par exemple, notre premier numéro peut être précommandé au tarif réduit de 23€, et une contribution de 10€ est suffisante pour nous permettre d’atteindre notre objectif. Nous avons également pensé aux personnes qui souhaitent s’abonner pour notre première année, soit deux magazines.

Bien sûr, la revue sera également disponible plus tard, lorsqu’on l’aura officiellement lancée. Elle pourra se commander sur notre site et sera disponible dans certaines librairies et boutiques (d’ailleurs, si vous connaissez des gens intéressés, n’hésitez pas à faire péter les contacts !).

Pour finir, je tiens simplement à vous remercier. La Revue Écossaise, tout comme presque tout ce que j’entreprends, est un projet nourri de passion. Avec les incertitudes de ces deux dernières années, j’ai été partagée entre l’envie de véritablement donner vie à toutes ces idées folles (car personne ne sait ce qui nous attend) et le réflexe d’assurer la sûreté, même si ça veut dire mettre sous cloche quelques envies. Grâce aux personnes exceptionnelles qui m’entourent, et dont vous faites partie, j’arrive à trouver l’énergie de miser sur les expériences, les idées, les tentatives, où qu’elles aillent. Merci !