Parfois, certains coins d’Écosse, comme la péninsule de Kintyre, paraissent reculés mais ne le sont pas vraiment. Il suffit d’un peu d’imagination pour organiser un voyage simple et doux. L’aventure que je vais vous raconter, d’ailleurs, est très symbolique pour moi : on marquait les deux ans du début du confinement, et surtout, je retrouvais un semblant de liberté pour ce voyage en solitaire.

Pendant le confinement, j’ai fait quelques recherches sur un personnage particulier, Donald Caskie, un écossais qui fut investi dans la Résistance, en France, durant la seconde Guerre Mondiale. Je suis entrée en contact avec son neveu, qui habite à Campbeltown, au sud de la péninsule de Kintyre. Après des mois à échanger des emails, il fallait se rencontrer en vrai. Voici le récit d’un voyage court, doux et ensoleillé, d’Edimbourg jusqu’à Campbeltown, sur la péninsule de Kintyre. Et si vous voulez une bande son, ce sera nécessairement “Mull of Kintyre” de Paul McCartney, avec son groupe Wings. Paul McCartney possède une ferme sur la péninsule et est très attaché à la région. Voilà le clip immanquable de cette chanson !

Transport : comment aller sur la péninsule de Kintyre ?

Comme toujours quand je voyage seule, j’ai opté pour les transports en commun pour aller explorer la péninsule de Kintyre. J’ai d’abord creusé la possibilité de prendre le ferry…

Utiliser les ferries pour aller sur la péninsule de Kintyre

D’Edimbourg, on peut facilement rejoindre Ardrossan en train, via Glasgow. De là, on peut prendre un ferry pour Brodick, sur l’île d’Arran, ou bien, en été, un ferry direct pour Campbeltown. Au mois de mars, ce n’était bien sûr pas possible.

J’ai étudié la possibilité de passer par l’île d’Arran, en prenant le bus entre Brodick et Lochranza, d’où je pouvais prendre un deuxième ferry pour Tarbert – en été, ce ferry va directement à Claonaig. Franchement, ça aurait pu fonctionner. Mais les horaires n’étant pas très arrangeants, et surtout, connaissant les risques d’annulation des ferries cette année, j’ai préféré garder cette aventure pour plus tard.

Prendre le bus Edimbourg – Glasgow – Campbeltown

Et voilà. Les solutions les plus simples sont toujours les meilleures. Lors du premier jour de mon voyage, je me suis levée à l’aube pour marcher jusqu’à la gare routière. Il y avait déjà la promesse du beau temps dans l’air. Le Royal Mile était immobile. A la gare, je prends un aller-retour pour Glasgow – je ne sais plus pourquoi, il m’a été impossible de prendre un Edimbourg – Campbeltown, mais ce n’est pas bien grave. Ah oui ! J’aurais pu prendre un pass de quelques jours pour utiliser le réseau Citylink, mais je m’y suis prise un peu trop tard.

Le budget pour un aller-retour est de £50, et il faut compter entre 6h et 6h30 de route.

J’arrive à la gare routière de Glasgow, baignée de soleil. Cela fait si longtemps. Je souris devant son tableau des départs, classés non pas chronologiquement mais alphabétiquement…

Sept heures de trajet entre Edimbourg et Campbeltown

De là, je monte dans un bus direct pour Campbeltown. Je paie mon aller-retour et je m’installe à l’avant, pour ne rien manquer du paysage.
C’est un beau vendredi matin et au fur et à mesure que nous traversons Glasgow, de plus en plus de gens en tenue de randonnée montent dans le bus. Nous nous élançons alors vers le Loch Lomond, que nous allons longer diligemment. Une fois arrivés à Arrochar, tous les randonneurs descendent. J’envie leur journée de balade, qui se terminera au pub, en attendant le bus du retour. Mais j’ai mieux à faire : découvrir un territoire encore inconnu !

Un village après l’autre, jusqu’à Campbeltown

Nous marquons une pause à Inveraray, l’un de mes coins préférés en Écosse. Le village est encore si calme, avant la saison estivale. J’avale un sandwich en regardant l’eau briller. Nous sommes début mars : il y a encore de la glace. A partir de là, c’est une terre nouvelle pour moi. Le bus descend lentement la péninsule, au gré des arrêts.

A Kennacraig, nous marquons une nouvelle pause, assez longue pour rêver aux îles d’Islay et de Jura – que je ne connais pas encore – pendant que le grand ferry débarque ses passagers. Ah ! D’ailleurs, on s’arrête aussi à Tayinloan, d’où l’on peut attraper le petit ferry qui va sur l’île de Gigha, qu’il me tarde aussi de découvrir. Depuis le bus, on a une vue incroyable sur les îles de l’Ouest, qui se détachent à l’horizon. C’est trop tentant.

Campbeltown, une porte d’entrée sur la péninsule de Kintyre

Campbeltown est une petite ville d’environ 5000 habitants et son nom fait écho à la famille Campbell, l’un des clans les plus importants d’Écosse, et surtout l’un des soutiens du pouvoir central lors des révoltes jacobites. Aujourd’hui, c’est une bourgade un peu essoufflée, avec un centre-ville plus aussi dynamique qu’avant. Même si je regrette l’absence de passages piétons – c’est flagrant – c’est très agréable de circuler d’une rue à l’autre et de se sentir rapidement en confiance, car tout est à trois pas.

Comme dit plus haut, vous pouvez y arriver directement par ferry pendant l’été. Et ça, c’est parce que Campbeltown attire les amateurs et amatrices de whisky : Campbeltown est une région productrice de whisky a elle toute seule et a compté, dans le passé, plus de 30 distilleries fonctionnelles. Aujourd’hui, il y en a trois encore en fonctionnement, dont Glen Scotia en plein centre-ville.
A ce propos, je vous propose d’écouter Andy Stewart chanter Campbeltown Loch, où il critique le prix du whisky…

Que faire à Campbeltown ?

La petite ville compte bien sûr un musée local, que je n’ai pas pu visiter, vous m’en direz donc des nouvelles !

La chose qui m’a le plus étonnée à Campbeltown est son Aqualibrium. Tout est dit dans le nom : il s’agit d’une ancienne piscine qui a été rénovée pour accueillir à la fois la bibliothèque, un nouveau bassin, centre sportif et un petit café.

L’autre endroit vraiment unique, c’est le jardin-mémorial de Linda McCartney. Il se trouve dans le jardin du musée. On y voit une statue de bronze représentant la photographe, offerte par son mari Paul McCartney. Entouré de fleurs, c’est un lieu paisible et visiblement aimé des habitants.

Où dormir et où manger à Campbeltown

Comme souvent dans les petites communes, l’offre n’est pas pléthorique et on se retrouve souvent dans les restaurants des hôtels… Mais voici quelques adresses !

  • Ardshiel Hotel, où j’ai passé mes deux nuits dans une petite chambre simple au dernier étage du bed & breakfast. Notez la présence d’un palmier devant ! On peut également y déjeuner et y dîner. J’y ai d’ailleurs goûté le gin de la péninsule, Beinn an Tuirc.

 

  • Campbeltown Backpackers, l’auberge de jeunesse installée dans une ancienne école… Elle était fermée lors de mon passage mais j’aurais adoré la tester !
  • Le Royal Hotel, où j’ai déjeuné et dîné. C’était plutôt pas mal, et très fréquenté par les locaux. Eh oui : encore un palmier.

  • Harlequin Tearoom : un petit café plutôt chouette et multicolore, tenu par un ancien officier de police. Autant vous dire que j’ai eu l’impression d’entrer dans une scène de série télé britannique. On y trouve des pâtisseries, de quoi déjeuner, mais aussi quelques produits locaux dans un coin épicerie.

Visiter la distillerie Glen Scotia

Je n’ai pas pu suivre de visite guidée de la distillerie Glen Scotia car je suis passée à Campbeltown hors saison, mais une visite d’une heure (£10) est proposée deux fois par jour, du lundi au vendredi. Parfait pour comprendre comment le whisky écossais est fabriqué.

Idée balade, l’île de Davaar, une curiosité sur la péninsule de Kintyre

Outre mon envie de rencontrer le neveu de Donald Caskie, je projettais depuis longtemps d’aller voir l’île de Davaar, au large de Campbeltown. Cette petite île, privée mais ouverte au public, est accessible à marée basse par un petit chemin de pierres. Il faut donc bien se renseigner avant de se lancer dans cette promenade, et compter le temps de marche depuis Campbeltown, sauf si l’on s’en rapproche en voiture.

Cette île se voit de loin car elle ressemble à une grande colline entourée de falaises. Lorsque j’y vais, je sais que je n’ai pas beaucoup de temps. Je marche alors jusqu’au phare, à l’extrémité sud. On peut louer un petit cottage dans ce phare pour se sentir vraiment au bout du monde.
De l’autre côté de l’île, il y a plusieurs grottes, dont l’une a une peinture qui représente Jésus. Je n’ai pas eu le temps d’aller jusqu’au bout, et ce n’est pas le genre d’endroit où se précipiter puisqu’il faut grimper plusieurs roches pour avancer.

 

Vers le sud de la péninsule de Kintyre

Avec Gordon, le neveu de Donald Caskie, j’embarque pour une petite virée dans le sud de la péninsule, par une journée printanière très douce. Il tient à me montrer “une surprise”, mais je crois que je sais déjà de quoi il s’agit – eh oui, j’ai fait mes devoirs avant de venir – mais je lui laisse le plaisir de me montrer cet endroit bien mystérieux…
Nous arrivons à Southend, la commune la plus septentrionale de Kintyre, et nous nous arrêtons juste après le petit cimetière de Keil. Là, un panneau indique : “St Columba’s Footprints”.

Les empreintes de Saint Colomban

St Columba, ou Saint Colomban, a vécu au 6e siècle en Irlande. Il entreprit un long voyage en Écosse pour introduire le christianisme le pays. On entend beaucoup parler de lui dans l’Ouest de l’Écosse, et notamment sur l’île d’Iona, où il est mort.

Nous suivons le chemin jusqu’à arriver à un magnifique point de vue sur le village de Southend. Là, dans la roche, deux traces de bottes sont appellées “les empreintes de Saint Colomban”. On pense que l’une de ces empreintes peut en effet remonter au 6e siècle car l’un des forts du royaume de Dalriada se trouvait non loin. Les traces de pied dans la roche peuvent se trouver à d’autres endroits dans le nord-est de l’Irlande et à l’ouest de l’Écosse, là où le Royaume de Dalriada exercait son influence, entre le 5e et le 7e siècle.

La deuxième empreinte, cependant, aurait été ajouté au 19e siècle, pour faire la paire…

Juste à côté, il y a également de jolies grottes à visiter.

 

L’ile de Sanda

De là, on voit également l’île de Sanda. Bien que possédée par un propriétaire privée, elle était régulièrement utilisée par les locaux pendant l’été. Cependant, le propriétaire cherche à faire interdire l’accès à l’île, ce qui est contre la loi et les usages en Écosse. C’est dommage, car elle compte un très beau phare construit par la famille Stevenson en 1850.

Le chemin de la Kintyre Way

Nous nous sommes également arrêtés sur la plage de Dunaverty, où se trouvait un château médiéval, aujourd’hui complètement disparu. Cette plage est également fréquentée par les marcheurs et les marcheuses de la randonnée Kintyre Way. Cet itinéraire a été créé en 2006 et permet de rejoindre Tarbert et Southend, sur environ 160 kilomètres. Cette randonnée peut s’effectuer en 4 à 7 jours à pied, mais on peut aussi la parcourir à vélo. Une idée pour plus tard !

De là, nous commencons notre remontée vers Campbeltown. Si vous êtes dans le coin et que vous avez envie de faire une autre promenade, allez donc voir le phare de Mull of Kintyre ! Je n’ai pas pu y aller car Gordon a quelques difficultés à marcher, mais la promenade dure moins de deux heures.

Un dernier arrêt à Machrihanish Seabird Observatory

Situé derrière la commune de Machrihanish, ce petit observatoire vaut vraiment le retour pour les personnes qui aiment les oiseaux. Cette petite cabane qui ne paye pas de mine est un superbe observatoire et un très bon point de vue pour observer les migrations d’oiseaux. Mais même si on ne voit pas d’oiseaux (c’était mon cas) on peut presque tout le temps y voir des phoques – et là, je dois dire que j’ai été servie puisque j’y ai vu le plus gros phoque de ma vie. Un souvenir pour la vie… Il paraît même qu’on peut y voir des loutres… mais il faudra que je revienne.

Si vous voyez ou photographiez un oiseau particulier, vous pouvez d’ailleurs envoyer un email à l’observatoire pour les aider à garder note de tous les animaux des environs.

Et voilà ! La boucle est bouclée.
J’ai d’ores et déjà envie de retourner dans la région et d’y passer un peu plus de temps. La péninsule de Kintyre est parfaite pour circuler en transports en commun ou en mode doux, même si bien sûr, on ne peut jamais “tout” voir (mais en voiture non plus…).