Les mouvements jacobites en Ecosse, entre la fin du 17ème siècle et la fin du 18ème, sont un élément passionnant de l’histoire écossaise. On les retrouve souvent dans les oeuvres culturelles, comme Outlander ou d’autres romans historiques. Pourtant, ces mouvements ne sont pas toujours faciles à comprendre : on est loin de l’image « les Anglais contre les Ecossais », tentante mais bien trop simpliste, ou de l’image « catholiques contre protestants », pas toujours vraie.

Je vais essayer de vous donner les éléments clés pour comprendre ce qui s’est passé en Ecosse à l’époque, mais surtout, je vais vous parler des lieux à voir pour comprendre au mieux cette histoire. En somme, c’est une petite promenade historique ! Pour vous plonger plus profondément dans l’histoire des Jacobites en Ecosse, je vous conseille de lire les chapitres sur ce sujet dans Histoire de l’Ecosse de Michel Duchein, ainsi que l’excellent article de Saor Alba, une association de reconstitution historique écossaise basée à Orléans.

Si la partie historique vous barbe, cliquez là pour voir immédiatement la liste de lieux que je vous propose… Bon, j’ai fait long, vraiment long, sur celui-là, mais il fallait que ça sorte. C’est le genre d’article qui me sera utile à moi aussi, quand j’explique cette histoire compliquée à des visiteurs…

En me relisant, je réalise que ce qui est gênant, finalement, c’est à quel point tous les personnages principaux sont des hommes. Ca donne envie d’écrire un article sur les femmes jacobites en Ecosse, car il y en avait plein !

Crédit photo de couverture : VisitScotland / Kenny Lam

Les mouvements jacobites en Ecosse, une histoire de succession, de pouvoir et de religion

1604 : un monarque, deux couronnes

Un petit rappel, d’abord. Souvenez-vous : en 1604, le roi Jacques VI d’Ecosse, le fils de Marie Stuart, hérite de la Couronne d’Angleterre. Son centre de gravité politique va peu à peu se déplacer vers Londres.  Jacques VI d’Ecosse (que l’on appelle aussi Jacques 1er d’Angleterre, pour faire simple) est l’enfant d’une reine catholique, Marie Stuart, et sera baptisé selon les rites catholiques. Cependant, il sera élevé au sein de l’église presbytérienne d’Ecosse et sera donc protestant. C’est un élément important !
En 1645, c’est son deuxième fils, Charles, qui va hériter des deux couronnes.

Absolutisme, ou pas ?

Au 17e siècle, le parlement anglais cherche à limiter les pouvoirs royaux. Charles 1er ne l’entend pas de cette oreille : pour lui, certains pouvoirs lui reviennent de droit divin. Il se la joue provoc, épouse une princesse catholique au nez et à la barbe du parlement, lance plein de réformes, jusqu’à mener le pays à la guerre civile. En 1647, le roi est arrêté, jugé, condamné à mort. A partir de là, on ne va pas trop entrer dans les détails : Cromwell, un militaire puritain, accède au pouvoir, mais le fils de Charles 1er, Charles II, est reconnu roi en Ecosse. Il sera restauré sur le trône d’Angleterre après la mort de Cromwell. Tout comme son père, il prône une certaine liberté religieuse, mal vue par le Parlement.

A sa mort, c’est son frère, Jacques VII, qui hérite de la couronne. Comme on pensait que Charles II, couronné jeune, aurait des enfants légitimes, Jacques ne s’imaginait pas régner un jour. De son premier mariage, il a deux filles, Marie et Anne. Peu après leur naissance, la famille voyage en France et Jacques et sa femme décident de se convertir au catholicisme. Mais secrètement, du moins au début.
En apprenant la nouvelle 5 ans plus tard, le roi Charles II avait obligé les deux filles à être éduquées dans la foi protestante (pour rire, quand même : Charles II décidera finalement de se convertir au catholicisme, juste avant de mourir).
Entre temps, Jacques, dont la première épouse est décédée, se remarie avec une princesse italienne catholique. Ca aussi, ça comptera plus tard !

Jacques VII / II, l’homme à la source des mouvements jacobites

Quand il accède au trône, Jacques VII n’est pas un jeune roi. Il va sur ses 52 ans, sa fille Marie est déjà mariée à Guillaume d’Orange, très protestant. Le fait d’avoir un roi ouvertement catholique est accepté car la relève protestante semble être assurée. Jacques VII ne restera au pouvoir qu’un peu plus de trois ans, mais il a le temps de persécuter les Covenantaires presbytériens en Ecosse (si ça vous intéresse, dites-le moi, et on fera un article sur les Covenantaires :p), d’embêter les Anglicans, de placer des Catholiques à de hauts postes… Mais le parlement (anglican) ronge son frein, pensant que le roi ne ferait pas long feu et que bientôt, les très protestants Marie et son époux Guillaume d’Orange prendraient le pouvoir.

Et là, retournement ! Jacques VII avait visiblement plus d’un tour dans son sac : sa femme accouche, en 1688, d’un petit garçon. Ce qui change tout : s’il grandissait, alors on pourrait imaginer le développement d’une dynastie catholique. Panique à bord. D’influents nobles protestants invitent alors Guillaume d’Orange à venir déposer le roi, qui décide finalement de fuir en France, abdiquant de facto.

La continuité est néanmoins assurée, puisque c’est la fille de Jacques VII qui accède au trône, avec son époux.

Après quelques escarmouches, la fin de vie de Jacques VII fut assez peu intéressante : il résidait au château de Saint-Germain-en-Laye, et il passa son temps à écrire des textes sur la meilleure manière de gouverner l’Angleterre. Un hobby comme un autre.

Pour conclure : un Jacobite, c’est quoi ?

Avant d’aller plus loin, il me faut faire cette petite clarification : on commence donc à qualifier de « jacobites » ceux qui soutiennent l’idée d’une dynastie Stuart et qui considèrent comme usurpateurs les monarques ayant régné après le départ de Jacques VII. Ils ne sont pas tous nécessairement catholiques, et surtout, ils ne sont de loin pas tous écossais. Il y a parmi eux des Anglais, des Français, des Irlandais…

Les mouvements jacobites en Ecosse : plusieurs tentatives, aucun succès

Les premières révoltes, à la fin du 17e siècle

Du vivant de Jacques VII, plusieurs de ses partisans écossais se révoltent après son départ pour la France. La grande figure de cette rébellion est John Graham, le vicomte de Dundee (et surnommé Bonnie Dundee, sinon, c’est pas assez compliqué, voyez-vous). Il réunit plusieurs clans ralliés à la cause de Jacques VII et parvient à battre les forces gouvernementales, orchestrées par William d’Orange, à Killicrankie, près de Pitlochry (lire plus bas) en juillet 1689. Cette victoire jacobite est de courte durée puisque le mois suivant, les Jacobites se font écraser un peu plus au sud, à Dunkeld.

Un autre fait d’importance se déroule en 1692, dans la vallée de Glencoe. Mais je vous le raconte un peu plus bas !

Les révoltes au nom du « Vieux Prétendant »

A la mort de Jacques VII, le roi français Louis XIV, qui lui avait offert son soutien depuis son abdication, reconnaît son fils comme le nouveau roi d’Angleterre. Ce fameux fils, dont la naissance a provoqué tous ces changements, s’appelle Jacques François Edouard. C’est lui que l’on surnommera « Le Vieux Prétendant », ce qui me fait sourire à chaque fois.

Ce « Vieux Prétendant » tente un débarquement en Ecosse en 1708, mais il n’accoste même pas. Gros fail. A ce moment-là, rappelez-vous, l’Ecosse vient de signer l’Acte d’Union et a perdu son parlement. En 1715, notre Vieux Prétendant redonne un coup de collier et espère, même sans le soutien de la France, pouvoir profiter du fait que sa demi-tante, la reine Anne, se soit éteinte sans enfants. La famille de Hanovre, avec Georges 1er, monte alors sur le trône.

L’offensive jacobite en Ecosse, lancée par le comte de Mar avant même l’arrivée du Vieux Prétendant sur le sol écossais, est d’abord victorieuse, avec la prise de nombreux lieux importants, comme Inverness. Mais encore une fois, le Vieux Prétendant jettera l’éponge.

Famille Stuart

Voilà donc le grand-père, le père et le fils…

1745, la dernière vague jacobite

En 1745, la relève est assurée : le fils de notre Vieux Prétendant, Charles Edouard, surnommé « le Jeune Prétendant » (pas surprenant) puis « Bonnie Prince Charlie » (plus surprenant : « bonnie » signifie « mignon » en Scots, et il paraît que Charles Edouard était pas trop mal) veut laver l’honneur de son père. Si vous comptez bien, il devrait normalement devenir Charles III, s’il accédait au trône.

Même si la France ne le soutient pas vraiment, il décide de mener sa propre petite expédition vers l’Ecosse, vers l’île d’Eriskay, dans les Hébrides extérieures. N’ayant déjà pas le soutien de la France, il s’attend à voir tous les clans d’Ecosse s’aligner derrière lui. Spoiler alert : ce n’est pas vraiment le cas. Ou en tout cas,  ça va prendre du temps. Bonnie Prince Charlie va d’ailleurs planter son étendard à Glenfinnan, le temps de réunir assez d’hommes. Après avoir convaincu quelques clans, il marchera vers le sud, pour atteindre et prendre Edimbourg très facilement. Après ce premier succès, il décide de marcher vers l’Angleterre. Cependant, dans les environs de Derby, plein de doutes, il décidera de rebrousser chemin. Les troupes gouvernementales, dirigées par le duc de Cumberland, le pourchassent alors. Cette remontée se passe vraiment moins bien que l’aller : c’est à présent l’hiver, les hommes sont découragés, beaucoup fuient.

Les troupes de Bonnie Prince Charlie rencontreront celles du duc de Cumberland à Culloden, le 16 avril 1746, où les Jacobites accusent une défaite éclair et dramatique. Bonnie Prince Charlie parvient cependant à s’échapper, prendre le large vers l’Ouest et retourner en Europe. Les retombées de cette bataille sont infinies en Ecosse : le gouvernement se décide à reprendre le contrôle sur les Highlands une bonne fois pour toute, impose des lois liberticides, et ce musellement a encore, semble-t-il, des répercussions aujourd’hui. La prochaine fois que j’irai sur le champ de bataille, je réfléchirai à écrire un article complet sur ce lieu !

La renaissance de l’idéal jacobite dans l’Ecosse romantique

Si les velléités jacobites furent écrabouillées à Culloden pour toujours, l’univers de ces mouvements a eu un impact très fort sur les imaginaires. Ce qui était, dans le fond, avant tout une guerre civile, est devenu une source d’inspiration infinie. On pense à Outlander, bien sûr, mais Robert Burns, et tant d’autres, ont également été bercés par ces histoires d’opprimés, d’envahisseurs, de batailles… Mais il est important de se rappeler que la réalité n’était pas aussi simple.

Les lieux à voir pour comprendre les mouvements jacobites en Ecosse

Après avoir déroulé quelques bornes chronologiques, je vous propose de découvrir les lieux principaux liés aux mouvements jacobites en Ecosse selon une logique géographique, du sud-est au nord-ouest. Encore une fois, ce n’est pas une liste exhaustive. Si vous voulez en voir plus, je vous propose celle-ci, très complète.

Edimbourg et les alentours

Le palais de Holyrood

Je vous parle souvent du palais de Holyrood, qui se trouve sur la partie inférieure du Royal Mile à Edimbourg. Aujourd’hui encore, c’est la résidence officielle de la famille royale, comme on vous l’explique dans cet épisode de notre podcast Ecosse Toujours.
A l’automne 1745, Bonnie Prince Charlie y passa deux mois, lors de la phase victorieuse de sa campagne. Ironiquement, au printemps suivant, c’est le duc de Cumberland, qui dirigeait les armées gouvernementales, qui y séjourna lorsqu’il se dirigeait vers les Highlands.

Le château d’Edimbourg

Cela ne vous étonnera pas : oui, le château d’Edimbourg a été attaqué plusieurs fois lors des mouvements jacobites. Déjà attaqué par John Graham, notre bon vieux Bonnie Dundee, lors de la première salve de rébellions, il fut aussi au coeur des espoirs jacobites en 1715. Là encore, les Jacobites échouent. Les défenses du château seront améliorées dans les années suivantes. En 1745, Bonnie Prince Charlie parvient  à capturer la capitale écossaise, mais le château d’Edimbourg reste aux mains des forces gouvernementales. Il faut dire qu’avec ses nouvelles batteries de canons, il est bien défendu !

Prestonpans

La bataille de Prestonpans, dont on peut toujours voir les marques dans la bourgade éponyme à 20km d’Edimbourg, a eu lieu en septembre 1745. On la considère comme l’une des premières grandes victoires de Bonnie Prince Charlie. On peut faire le tour du champ de bataille, où il y a quelques monuments et des panneaux explicatifs.

VisitScotland / Kenny Lam

Vous pouvez y accéder en 30 minutes de train ou 1h de bus depuis le centre-ville. Il y a un petit centre pour les visiteurs, qui est gratuit.

Le musée national de l’Ecosse

Ce n’est pas vraiment un lieu en lien avec le mouvement jacobite en Ecosse, mais franchement, si vous êtes en ville et que vous voulez en apprendre plus, c’est un passage obligé ! Et surtout : c’est beau et gratuit. Vous n’avez juste pas le choix. Il faut y aller.

Le Perthshire

Blair Castle

Vous voyez ce très beau château blanc depuis l’A9, au loin. Il est le siège de la famille Murray, les marquis d’Atholl. Il y a une petite histoire de famille derrière : en 1689, le marquis avait décidé de s’allier au gouvernement, mais l’un de ses fils était pro-jacobite. C’est très commun d’entendre ces histoires… L’armée de John Graham assiégea puis prit le château, qui fut utilisé comme base pour la bataille de Killiecrankie.

Killiecrankie

Au bord de la rivière Garry, sur l’A9, au moment où en général on commence à se dire « purée, c’est vraiment beau, cette forêt »on atteint Killiecrankie. Fin juillet 1689, John Graham entend que les troupes gouvernementales vont passer tout près de la rivière Garry. Le passage est étroit, en contrebas de hautes collines. La stratégie de Graham est simple : attaquer par les hauteurs. Les Jacobites, étant deux fois plus nombreux, remportèrent la bataille.

Aujourd’hui, profitez-en pour faire une balade en forêt – il y a un centre géré par le NTS, un parking, et plein d’expliations – ou contentez-vous d’épater la galerie en racontant cette histoire dans la voiture, quand vous verrez le panneau « Killiekrankie » depuis la voiture !

VisitScotland / Paul Tomkins

Dunkeld

Là, en s’arrêtant à Dunkeld, on suit l’armée jacobite après la victoire de Killiecrankie, mais sans John Graham, Bonnie Dundee, qui y a laissé sa peau. Ce petit village charmant vous touchera pour plusieurs raisons, par exemple, ses jolis petits cottages récemment rénovés… Mais surtout sa cathédrale. Cette fois-ci, les Jacobites ont été mis en difficulté par les troupes gouvernementales qui s’étaient attroupées autour de la cathédrale. On raconte d’ailleurs que des traces d’impacts de balle sont visibles sur la façade de la cathédrale, mais je ne les ai jamais trouvées.

Le parc des Cairngorms et la région d’Inverness

Le champ de bataille de Culloden

Bon, plus j’y pense, et plus je me dis que ce champ de bataille mérite un article à lui tout seul. C’est en tout cas une visite que je vous recommande grandement : le musée a été complètement refait il y a quelques années, et il présente le conflit de manière très adroite : on peut suivre la logique des Jacobites, ou celle du gouvernement. Puisque tout est une histoire de point de vue…
Vous trouverez les infos pratiques ici. 

La courte mais intense bataille de Culloden, du 16 avril 1746, y est brillamment expliquée.

Sans visiter le musée, on peut se promener sur le champ de bataille gratuitement et à toute heure. Les fans d’Outlander y vont généralement pour voir la fameuse pierre qui rappelle que des membres du clan Fraser se sont battus ici, mais il faut garder en tête que ces pierres datent du 19e et que personne ne sait exactement où les victimes de tel ou tel clan ont été enterrées.

VisitScotland / Kenny Lam

Les casernes de Ruthven

Encore un vestige que vous voyez de la route, près de Kingussie. De loin, on dirait de grands entrepôts en ruine, sur une colline. Ces casernes ont été construites après le soulèvement de 1715, pour tenir la région. Une bonne centaine de soldats et des chevaux pouvaient y résider. La caserne fut attaquée par les troupes de Bonnie Prince Charlie en 1745. Quelques mois plus tard, les Jacobites vaincus, après Culloden, s’y réfugièrent, mais Bonnie Prince Charlie leur dit qu’il valait mieux qu’ils rentrent chez eux. Le site est ouvert aux visiteurs, n’hésitez pas à vous y arrêter !

VisitScotland / Kenny Lam

Fort George

Cette caserne, voire même base militaire, fut construite non loin d’Inverness après la bataille de Culloden. L’idée est simple : il faut faire respecter l’ordre dans les Highlands. Aujourd’hui le site sert toujours à l’armée, mais on peut aussi le visiter. J’espère pouvoir m’y arrêter cette année, je n’ai jamais eu l’occasion d’y aller.

Un autre Fort George existait auparavant, à Inverness. Les Jacobites l’ont détruit, un peu avant Culloden.

VisitScotland / Colin Keldie

L’ouest

Le massacre de Glencoe

Si vous êtes sur la route vers le nord-ouest de l’Ecosse, il est fort probable que vous passiez par la vallée de Glencoe, si majestueuse et si belle, quelle que soit la saison. Nous nous plaçons en 1692, soit un peu après la première révolte menée par John Graham, le vicomte Dundee. Depuis cette révolte, tous les chefs de clans devaient officiellement prêter allégeance au roi, William III (d’Orange). Ils avaient jusqu’au 31 décembre 1691 pour le faire. Le clan des MacDonald a décidé de jouer la montre et ne s’est présenté pour signer la déclaration que le dernier jour, à Fort William. Là, on leur indiqua qu’ils devaient en fait se rendre à Inveraray, à plusieurs jours de marche. Ils y arrivèrent le 6 janvier, et signèrent leur déclaration sans problème.

Un mois plus tard, en plein hiver, les MacDonald de la vallée de Glencoe reçurent la visite de plusieurs hommes, venus récolter des taxes. Il y avait des membres du clan Campbell, fidèles au pouvoir, mais pas seulement. Ils restèrent plusieurs jours et profitèrent de l’hospitalité si chère aux Ecossais, avant de, par surprise, attaquer les MacDonald au petit matin. 38 d’entre eux périrent. Ce n’est pas ce chiffre qui choque, mais plutôt la trahison des règles de l’hospitalité.

VisitScotland / Paul Tomkins

Le monument de Glenfinnan

On s’arrête souvent sur le parking du Glenfinnan Visitor Centre, aussi géré par le National Trust of Scotland, pour aller voir le fameux viaduc éponyme utilisé comme lieu de tournage dans la saga Harry Potter. Mais il ne faut pas oublier d’aller admirer, de près ou de loin, le monument qui se trouve de l’autre côté, au bord du Loch Shiel. Il marque l’endroit où, huit mois avant l’atroce défaite de Culloden, Bonnie Prince Charlie a planté son étendard pour recruter des troupes. L’immense mémorial a été construit au début du 19e siècle, pour se rappeler de tous les Ecossais qui se sont ralliés à la cause jacobite. Au sommet, un Jacobite, armé et portant le kilt, est représenté.

Petit rappel : si vous souhaitez vous arrêter ici, garez vous exclusivement sur le parking de la NTS. Se garer au bord de la route est très dangereux, et se garer sur le parking de l’église est interdit, car son accès doit être laissé libre pour les locaux.

VisitScotland / Paul Tomkins

Le château d’Eilean Donan

Sans doute l’un des châteaux les plus photographiés d’Ecosse, le château d’Eilean Donan, avant d’être reconstruit sous la forme que l’on connaît aujourd’hui, avait été utilisé comme caserne par des régiments espagnols, qui soutenaient la cause jacobite, en 1719. Les Espagnols avaient une immense cargaison d’explosifs avec eux et attendaient la livraison d’armes venues d’Espagne avant de mener une offensive. Le gouvernement ayant eu vent de cela, trois bateaux de guerre furent envoyés dans le bras de mer où se trouve Eilean Donan, pour bombarder le château durant plusieurs jours. Les Espagnols finirent par se rendre, et leur précieux explosif aura servi à faire exploser le château complètement. Il faudra attendre le 20e siècle pour voir sa reconstruction !

Allez !

J’arrête ici cet article fleuve. J’espère qu’il vous aidera à mieux comprendre un passage très délicat de l’histoire écossaise. Ce qui me semble important, c’est de garder en tête qu’on est loin d’un modèle binaire, avec les gentils contre les méchants. Il s’agit de deux camps complexes, mouvants, dont les membres ont été très changeants. Comme dit plus haut, il arrivait que deux membres d’une même famille soient dans des camps différents. Par ailleurs, il serait faux d’imaginer que les « clans » des Highlands se sont tous unis contre le gouvernement. Certains y trouvaient leur compte, d’autres non. Chaque partie avait des objectifs différents, des histoires différentes. De même, l’argument religieux n’était pas le plus important pour tous, les Jacobites n’étant de loin pas tous catholiques.

C’était une bonne révision, pour moi, de remettre tout cela à plat. C’est une histoire difficile à maîtriser – et d’habitude je la raconte à bord d’un bus, sur plusieurs jours – et j’espère que ce n’était pas trop fouillis ! N’hésitez pas à poser toutes vos questions dans les commentaires…