Petit exercice de style : un an après son démarrage, je m’efforce à analyser mon confinement en Ecosse. Pour cela, j’ai sélectionné 12 photos, une par mois, pour faire le bilan d’une série de 12 mois que l’on n’aurait jamais vraiment pu imaginer. Cet article va avoir un ton plus personnel, et, vous l’imaginez bien, ne racontera pas grand chose de l’Ecosse puisque j’en n’ai vu qu’un petit bout, ou pas beaucoup plus. J’ai choisi d’écrire cet article sur un ton positif, en notant quelques moments heureux. J’ai bien sûr en mémoire les victimes de la pandémie, et les moments durs, inoubliables, que nous avons traversés collectivement. Bonne promenade dans mon année de confinement en Ecosse…

Mars 2020 – La course stoppée net

Début mars 2020, j’avais un plan et ce plan se déroulait plutôt bien. J’étais dans les dernières semaines de ma formation « Blue Badge », qui allait faire de moi une guide qualifiée pour travailler un peu partout en Ecosse. Tous les examens écrits et régionaux étaient terminés, ne restaient plus que l’examen final sur table et deux grands itinéraires à préparer. L’objectif me semblait à portée de main.

Un an auparavant, j’avais fait un pari : quitter mon emploi salarié pour devenir freelance à 100%, accompagner des familles et des groupes à Edimbourg et en Ecosse, tout en bouclant cette formation. En 2019, j’ai vécu ma première saison « d’excursions » mais cette saison n’était pas pleine, puisque j’avais des cours réguliers à suivre entre les séjours. L’idée était de tout miser sur 2020 : ok, 2019 allait être aléatoire, mais 2020 serait ma première vraie saison pleine. 2019, professionnellement, avait été un pari gagné et 2020 s’annonçait très bien. Quand, en mars, la pandémie a démarré, j’avais déjà une saison pleine et plein de projets alléchants.

En mars, je me souviens de cette angoisse latente lors du Tournoi des 6-Nations. Le match n’a finalement pas été annulé. Être avec un grand groupe, à ce moment-là, n’était pas une idée confortable pour moi. Mais le match a eu lieu, et les visites autour aussi. J’ai encore eu quelques visites guidées privées ou en tout petit groupe jusqu’à la mi-mars, et là, l’annonce du confinement en France, le 17 mars, m’a brutalement fait comprendre que les choses allaient changer. En Ecosse, malgré quelques fermetures locales, on attend l’annonce de Boris Johnson pour passer en confinement dès le 23 mars.

L’autre truc rigolo, c’est que je viens d’emménager avec mon amoureux. Un an plus tard, vraiment, c’était la meilleure décision de l’année. Mais ni l’un ni l’autre ne pouvait imaginer ce pour quoi on signait…

En parcourant mes photos, voilà l’image que je souhaite partager : la ruine d’un endroit qui s’appelle « The Temple of Decision », dans le domaine de Falkland. On peut y accéder lors d’une courte balade en forêt. Lors de cette promenade, le 14 mars, on sentait l’orage arriver mais le concept d’un confinement long nous était encore complètement inconnu.

Pour la petite histoire, le Temple de la Décision, est un endroit très bizarre. Ce petit temple a été érigé au 19ème siècle par les propriétaires du domaine de Falkland, et plus précisément par un certain Onesiphorus Tyndall-Bruce – le genre de nom que l’on n’oublie pas. C’était une petite retraite sublime, un endroit où se cacher en admirant la vue. Un endroit où venir réfléchir avant de prendre une décision, peut-être. On est en plein dans le romantisme à l’écossaise du 19e siècle. Aujourd’hui, il n’en reste que des ruines vermoulues, mais très évocatrices.

 

Avril 2020 – Mettre en place de nouvelles habitudes

Quand je reçois une enveloppe de ma mère contenant quelques masques, je pense que c’est juste pour un petit moment. Plus tard, j’agrandis ma collection avec quelques masques aux motifs écossais réalisés par Mathilde, d’Atelier Escapades. C’est marrant, car je viens d’en commander des nouveaux, presque un an plus tard. Je suis parée pour la nouvelle saison 🙂

Les journées sont électriques, stressantes. Je suis accro aux informations et à mon fil Twitter, et je sens que ce n’est pas la bonne chose à faire. Les premières semaines du confinement sont passées à organiser les annulations et remboursements des visites guidées prévues au printemps. De même, mes excursions s’annulent une à une.

L’annonce du système de « furlough », le chomâge partiel britannique, est accueillie avec curiosité. Un plan pour les indépendants devrait suivre. Le Chancellier Rishi Sunak annonce que « 90% des indépendants seront soutenus, les 10% restants étant ceux qui déclarent plus de 50,000 livres de revenu annuel. Spoiler : ce n’est pas vrai. Pour des sombres histoires de calendrier, je suis exclue du plan d’aide britannique, tout comme des milliers d’indépendants. L’Ecosse fera un effort supplémentaire en proposant une aide pour les indépendants qui ont démarré récemment, mais je ne rentre pas non plus dans les cases.

Très rapidement, des habitudes salvatrices se mettent en place : les jeux en lignes avec les copains, les appels vidéo avec plein de gens un peu partout… Et puis le pub quiz ! Ce projet fut vraiment salvateur : j’ai pu me focaliser sur une tâche intéressante, qui mobilise mes connaissances, m’en apporte de nouvelles, et me connecte à d’autres passionnés de l’Ecosse.

Monter le quiz chaque semaine m’a éloigné des news tristes et stressantes et m’a reconnectée à quelque chose que j’aime. Merci à vous tous ! Je suis en train de me dire que je pourrais préparer un événement type « la grande révision » pour marquer l’anniversaire du premier pub quiz… A réfléchir !

L’autre bonne nouvelle : j’ai obtenu mon fameux « Blue Badge », après.. un examen en ligne pour vérifier mon niveau de français. C’est un vrai soulagement de mettre un point final à ce projet, avec un petit arrière-goût de « à quoi bon »…

 

Mai 2020 – Apprendre la patience

Alors que la France se déconfinait, en Ecosse, nous devions rester patients : il n’y avait encore pas de déconfinement au menu. Cependant, on gagne un droit génial : celui de rencontrer à nouveau une ou deux personnes en extérieur. On retrouve le plaisir de faire des petits pique-niques et des promenades avec les amis. Quel vrai bol d’air…

La météo, en mai, a été très généreuse. C’était un mois plutôt heureux, car on avait l’impression que la cataschtroumpf allait bientôt finir. Sur le blog, je commence à publier quelques recettes écossaises, et, dans la foulée, une graine d’idée germe dans mes discussions avec Aurélie : et si on faisait un livre de recettes écossaises ? Si cette idée vous parle, inscrivez-vous sur Recettes-Ecosse.com, nous vous envoyons une recette par mois, et on vous tient au courant de l’avancée du projet de livre.

Mon moment préféré du mois : avoir organisé une chasse au trésor dans l’appartement pour l’anniversaire de mon copain. On s’adapte, mais on rigole !

 

Juin 2020 – allez, au travail !

Juin, pour moi, reste le mois où je prends, avec quelques camarades guides, la décision de créer une visite virtuelle d’Edimbourg. Le déclic aurait pu se faire plus vite, mais voilà, il a fallu un peu de temps. Beaucoup d’essais, beaucoup de réflexions, on été nécessaires, mais ça fait du bien de s’engager dans un nouveau projet. Même si l’idée planait, on ne pouvait décemment pas se lancer dans le tournage avant que toutes les restrictions soient levées.

Comme l’Ecosse réouvre peu à peu, on peut filmer dans une vieille ville très vide. C’est presque lunaire, mais ça a un petit côté agréable, aussi. Le beau temps printanier semble s’accrocher : voilà quelque chose qui nous aura aidés à tenir, durant le confinement…

J’en profite aussi pour découvrir de nouvelles promenades à Edimbourg et dans les environs proches, notamment dans les Pentlands. Même si on ne peut pas aller loin, le plaisir de trouver des nouveaux coins à deux pas de la maison est bien là ! Entre ça, la cuisine, les podcasts, un jour après l’autre, on y arrive…

Pour rire, je me lance dans un défi Duolinguo avec mon ami Adrien : notre but, apprendre le gaélique pendant 100 jours ! Nous avons réussi, et nous avons démarré un nouveau défi le 1er février. On tient, on tient !

Juillet 2020 – La visite virtuelle se lance…

Sans hésiter; les deux événements importants de ce mois-ci sont les premières représentations de la visite virtuelle Edimbourg à Emporter et ma semaine en France – la première et la dernière de l’année 2020.

Quand je repense à la première de la visite virtuelle, je me dis qu’on était vraiment fous, sans s’en rendre compte (et heureusement). Tant de stress, d’émotion, de plaisir, c’était fou ! J’ai été très touchée par le retour des participants, et j’ai adoré chaque seconde de travail avec mes compères. Cette expérience m’a vraiment permis de garder un peu de régularité, de clarté dans mon quotidien.

A la mi-juillet, les chiffres de la pandémie étant très bas en Ecosse et en France et toutes les restrictions étant levées, j’ai pu voyager une semaine en France pour voir ma famille. Une semaine d’été, de bons petits plats, qui est passée bien trop vite. Si j’avais su ce qui arriverait, j’aurais rallongé ce séjour, mais bon, à l’époque, on pensait que je pourrais revenir « vite ». Résultat des courses : aujourd’hui, je ne sais toujours pas quand je pourrai faire un saut en Alsace… Ca commence à faire très, très long. Autour de moi, il y a des gens qui n’ont pas pu voir leur famille depuis encore plus longtemps, et je suis vraiment triste pour eux. Je suis contente d’avoir eu cette petite semaine. Et s’il ne fallait n’en garder qu’une image, ce serait cette petite tête de Pitchoune qui surgit à travers la vigne…

Aout 2020 – Début et fin d’une petite saison

En rentrant de France, l’espace d’une seconde, j’avais cru que la vie reviendrait presque à la normale : les voyages étaient autorisés, j’ai même pu faire plusieurs visites guidées masquées, et une famille à la fois. Mais rapidement, les portes se sont refermées, au 15 août. Retour dans l’attente. Quelque part, je comprends à ce moment-là qu’il n’y a pas tellement de raison de se battre : la saison aura duré deux semaines, c’est déjà ça, mais il n’y aura rien de plus.

Ce petit moment de clairvoyance, quelque part, me rassure, je retrouve un peu de calme, et je commence à souffler un peu. Je me mets au point de croix, ou bien me « remets », seulement 20 ans après mes premiers alphabets et autres petits projets, dans l’ombre de ma grand-mère. Je commence à chercher un petit boulot, ce qui est une mission épineuse dans une capitale écossaise qui, après des années de plein emploi, fait face à des hordes de chômeurs. Chaque annonce reçoit des dizaines, des centaines de candidatures, bref, c’est la grosse loterie. J’y vais à petits pas. Je ne le sais pas encore, mais décrocher une place à mi-temps dans un café me prendra des semaines.

En attendant, je pars dans les hauteurs d’Abriachan avec mon amoureux, où l’on passe une semaine littéralement coupés du monde, à se promener, lire, cuisiner, regarder des films et les saumons remonter les rivières. Une parfaite manière de finir le mois.

Septembre 2020 – Un dernier tour et puis s’en va

En septembre, un petit vent de rentrée souffle : on se met au travail pour le deuxième épisode de la visite virtuelle ! Et là, on est forts de notre première expérience, on est mieux équipés, bref, on est à fond.

Dernière petite folie, je pars pour une semaine dans la région de l’Assynt, dans le nord-ouest de l’Ecosse, avec ma copine Marie. Ce voyage tout simple, fait de promenades en journée et de films le soir, est juste parfait. Même si tout est fermé, on a l’impression d’avoir la NC500 « pour nous ».

Dans ce voyage, le moment le plus mémorable aura sans doute été la randonnée de Stac Pollaidh, sous un soleil glorieux. Je prépare un article sur les choses à faire dans les environs de l’Assynt, mais voilà quand même une photo assez parlante…

En rentrant, je commence à travailler dans un petit café du centre-ville. C’est rafraîchissant, pour moi, de passer à un rythme plus matinal. La clientèle de ce café est constituée de salariés du bâtiment, on ouvre tôt, on vend des morning rolls fourrés à tout, vriament tout. J’ai l’impression d’être dans un roman, chaque client est un véritable personnage. Je découvre l’existence du sandwich aux frites. Un pain avec des frites dedans. Eh oui !

Plus tard, nous apprenons la mise en place progressive de nouvelles règles d’isolement, qui ne feront que se durcir jusqu’au retour au confinement général, le 26 décembre.

Dernier petit détail : j’ai obtenu mon Settled Status, comme cela fait plus de 5 ans que je réside en Ecosse. Ca ne change rien à ma vie, mais au moins c’est fait. Pourquoi l’ai-je fait à ce moment-là ? Parce qu’on prévoyait un épisode du podcast Ecosse Toujours sur l’immigration ! C’était donc la chronique parfaite…

Octobre 2020 – Un premier soulagement

Pour moi, le mois d’octobre a été une vraie montée en puissance, jusqu’à la fin, au moment de la présentation de notre 2ème visite virtuelle, intituée Cimetières et Vieilles Pierres. Encore une fois, c’était un superbe moment, et j’étais fière de mesurer les progrès depuis le premier épisode. J’ai même osé endosser un rôle, celui de Morag la bibliothécaire… Encore une fois, j’en dois une belle à mes années de théâtre d’impro !

En octobre, je peux enfin bénéficier d’une aide du gouvernement, ce qui m’aide à voir l’hiver approchant d’un bon oeil. J’arrête de travailler au café, puisque, de toute manière, les heures de travail vont réduire et je suis la dernière arrivée. J’y vois l’occasion de me remettre plus sérieusement à l’écriture – non, l’écriture de mon ebook « Dix vies écossaises extraordinaires » n’a pas vraiment accéléré depuis, mais ce n’est pas bien grave – et de faire plus de choses de mes mains. C’est bien aussi !

Ah oui, l’autre nouvelle, c’est que mon guide Simplissime Ecosse paraît enfin chez Hachette ! Il était prévu pour le mois d’avril, il a fallu repousser la parution en octobre. Si vous prévoyez un prochain voyage en Ecosse et que vous voulez un guide qui va vraiment droit au but, ce petit livre compact, malin et pas cher est fait pour vous.

Novembre 2020 – A table !

Le mois de novembre est consacré à l’élaboration du projet intitué « Recettes d’Ecosse », monté de concert avec la formidable Aurélie Bellacicco, dont vous avez vu les photos dans la recette des shortbreads ici et qu’il vous faut absolument suivre sur Instagram. On avait déjà décidé de se lancer depuis un moment, mais ça y est, on met les mains dans le cambouis – ou dans la farine, plutôt. Aurélie conçoit, teste et réalise toutes les recettes, et les photographie ensuite. Pour ma part, je vais m’occuper des contenus culturels, les petites anecdotes, les histoires… Et faire en sorte que le livre sorte bien, et fasse un grand fracas en sortant !

L’idée est toute simple : réaliser un livre de recettes écossaises en français… parce que ça n’existe pas. On vous racontait la genèse du projet ici. Et même si maintenant on pense que le livre sortira plutôt en 2022, on a vraiment bien avancé dans le travail !

Novembre a également le mois où j’ai commencé à confectionner mes cadeaux de fin d’année, en point de croix, macramé ou crochet (je n’arrive pas à me remettre au tricot) et en même temps, il a fallu absorber un choix difficile  : celui de ne pas rentrer en France en fin d’année. Trop de risques, trop d’incertitudes, trop de stress. C’est la première fois que je ne passe pas la fin d’année auprès des miens, mais en fait, je me sens plutôt chanceuse : j’ai déjà eu 30 Noëls géniaux, c’est une chance immense !

Décembre 2020 – Tous au calme

Décembre est toujours un mois spécial pour moi, puisque j’y fête mon anniversaire. Cette journée fut douce et rigolote, avec des jeux, des gâteaux et de la musique. Je n’aurais pas pu souhaiter mieux ! C’était très étrange de se dire que, un an auparavant, pour la grosse fête des 30 ans, j’étais en train de faire un ceilidh quelque part en Alsace, et que j’allais retrouver tous mes amis écossais dans un pub dès mon retour. Tellement lunaire d’y repenser…

Je n’ai pas vraiment beaucoup travaillé en décembre, et c’est très bien comme ça. Même après n’avoir pas fait « grand chose », j’étais vraiment éreintée à la fin de l’année. Une pause était nécessaire. Notre petit Noël s’est très bien passé, et, pour les 12 coups du Réveillon, nous avons grimpé dans les hauteurs d’Arthur’s Seat. C’était plutôt joli, et, je crois, assez inoubliable.

Cela dit, l’annonce d’un retour à un confinement solide a été très dure à avaler. Dès le 26 décembre, tous les commerces non-essentiels ont fermé, sans savoir pour combien de temps on repartait. Seule consolation : la possibilité de rencontrer une personne en extérieur, brièvement. Je crois que je n’ai jamais autant marché sous la pluie !

Janvier et février 2021 – Les aiguilles reprennent du service

Le mois de janvier est arrivé avec une nouvelle énergie : nous sommes sous la neige, c’est beau, ça fait du bien ! Par ailleurs, le festival Celtic Connections commence et je suis vraiment ravie de pouvoir découvrir tous les jours de nouveaux artistes écossais.

D’habitude, mes mois de janvier sont mornes et pas très intéressants. Cette année, la possibilité d’écouter de la musique toute neuve tous les jours a vraiment illuminé le mois !

Mais à part ça, il ne s’est rien passé. J’ai quand même réussi à tenir le rythme d’un article par semaine publié (ça aura duré moins de trois mois…) et j’en ai été assez contente. J’ai lu, j’ai joué – au go et à Stardew Valley – et j’ai prévu des articles à écrire tout au long de l’année ! J’ai aussi occupé mes doigts, puisque 2021 sera marquée par plusieurs naissances autour de moi. Le crochet est revenu en force dans ma vie, et cette fois-ci, je fais un peu plus que des petits carrés !

J’ai aussi recommencé à chercher un emploi, car même si je n’ai pas de boule de cristal, je ne vois pas le tourisme international recommencer de sitôt.

 

Que garder de cette année de confinement en Ecosse ?

Cette année de confinement a nourri plusieurs réflexions, pour moi et pour ceux qui m’entourent. Ce dernier paragraphe « bilan » va poser plusieurs questions générales.

  • « Chez moi », ça veut dire quoi ? Je suis chez moi en Ecosse, et je suis chez moi en France. Enfin surtout quand le lien d’un territoire à l’autre est fluide. Comme beaucoup, j’ai assez mal vécu les changements de règles intempestifs pour voyager. Je suis toujours un peu agacée quand, dans les médias, le cas des personnes ayant de la famille proche de l’autre côté de la frontière est oublié, face à la question « mais quand pourra-t-on retourner à Tenerife ». Cette année, j’ai compris que la simplicité de transport par l’air, la mer, le rail ou la route, est vitale dans mon mode de vie.
  • Pourquoi lie-t-on toujours travail et rémunération ? Bien sûr, toute tâche mérite salaire, et surtout quand elle est faite sur commande, pour quelqu’un d’autre. Cette année, j’ai en fait beaucoup travaillé. A vrai dire, je ne me suis pas ennuyée. J’ai même de quoi remplir un autre confinement. Mais le problème, c’est que j’avais l’impression d’être inutile, car le travail que je fournissais n’était presque jamais rémunéré – je travaillais sur mon site, ou sur des projets pour l’avenir. Mais c’est comme si « ça ne comptait pas ». Pourquoi nos sociétés ne valorisent-elles que les gros salaires ?
  • Est-ce que mon rythme était trop intense ? Je viens de vous dire que je ne me suis pas ennuyée, mais cela dit, j’ai quand même travaillé moins, par rapport à une année classique. En ressentant une sorte de « peur » d’un retour à cette normalité – peut-être que je n’y arriverais plus jamais : avant, c’était normal pour moi d’interagir avec une cinquantaine de personnes par jour, mais aujourd’hui, faire 3 visio dans la journée me claque complètement – je me suis demandée si en fait j’avais un rythme sain, avant. Et en fait, je crois que non. J’espère que je garderai cette idée en tête quand il s’agira de « vraiment » repartir.
  • Est-ce que c’est facile de s’adapter ? Cette année, beaucoup de gens ont dû complètement réinventer ce qu’ils faisaient. Même devoir adopte un style de travail « à distance » est une complète redistribution des cartes. D’un côté c’est super : on apprend de nouvelles choses, on se dépasse, c’est gratifiant. De l’autre, chaque petit pas demande des efforts colossaux, c’est éreintant, et surtout : le syndrome de l’imposteur, déjà si présent pour tant de gens, devient très encombrant. Bon : ma question est inutile, puisqu’il n’y a pas le choix. Facile ou pas, il faut s’adapter !

Mais en tout cas, cette année, heureusement qu’il y a eu : mon amoureux, la poste, la famille et les amis au bout du fil, les livres, les podcasts, Arthur’s Seat pas loin de chez moi, les balades un pote à la fois, la troupe des passionnés d’Ecosse sur les réseaux sociaux, la levure, le crochet, et le paquet de films et séries que j’ai avalé au compte-goutte…

Eh bien !

Après un article plus long que prévu, il ne me reste qu’à vous remercier d’avoir été présents tout au long de cette année, et à vous souhaiter tout le meilleur pour les mois à venir. Si vous êtes en Ecosse et que vous avez hâte d’aller sur le continent : ça viendra ! Et si vous êtes sur le continent, impatients de revenir en Ecosse : ça viendra aussi. En attendant, continuons de lire, d’apprendre, de discuter et de questionner…