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La North Coast 500 n’est pas une nouvelle route, mais un itinéraire mis en valeur ces dernières années pour permettre aux voyageurs comme vous et moi de réaliser un voyage inoubliable le long de la côte du nord-ouest de l’Ecosse. En 2016, Camille avait déjà raconté son voyage, en plusieurs épisodes (à retrouver ici, , , , et aussi ). En 2019, j’ai fait le même voyage avec Assa de Kiltissime, en sens inverse et en moins de temps, voilà donc deux expériences à comparer ! Je vais résumer nos quatre jours de voyage et partager nos conseils. Attention, c’est long !

La North Coast 500, c’est pour moi ou pas ?

La North Coast 500, avec ses 500 et quelques miles (environ 800 kilomètres, ce n’est pas rien) est un voyage qui se prépare un minimum. Peu d’hébergements, routes parfois abîmées, longues sections sans réseau téléphonique… Il faut se renseigner un peu pour savoir où l’on met les pieds.

Quel guide utiliser pour découvrir la North Coast 500 ?

Côté documentation, j’ai utilisé deux guides en anglais :

  •  Celui de la collection The Rough Guide, qui venait tout juste de sortir. Je l’ai trouvé assez peu précis et peu utile, mais c’était intéressant de le feuilleter.
  • Le guide de Charles Tait, que j’ai appelé « le Charles » durant tout le voyage. Malgré une mise en page un peu vieillotte, on sent que ce guide a été fait par un passionné. J’ai particulièrement aimé la partie « itinéraires » qui donne à voir les points importants de chaque section et reporte le lecteur à des explications précises, plus loin dans le guide. J’ai vraiment eu l’impression que tout était listé. Et puis j’ai trouvé ça mignon à lire, car l’auteur s’amuse même à interviewer des voyageurs lambda sur tel ou tel restaurant.
  • En français, ouvrez l’oeil car le futur guide « Simplissime Ecosse », à paraître chez Hachette en avril 2020, traite de la NC500 sur tout un chapitre !
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En français, pas d’ouvrage, à ma connaissance, ne s’intéresse qu’à cette portion-là de l’Ecosse. Faites-moi signe si vous en connaissez un ! Je vous recommande cependant la toute première édition du guide Evasion Ecosse, qui sera disponible début juin, chez Hachette. J’ai participé à l’écriture de cet ouvrage et j’ai pu voir les chapitres consacrés au Nord de l’Ecosse, très bien fichus ! Je vous en dirai plus en temps voulu, quand le guide sera sorti.

La North Coast 500, un itinéraire trop cher ?

Victime de son succès, cet itinéraire a rapidement accueilli de plus en plus de visiteurs et  les prix des hôtels et restaurants avoisinants n’ont fait que grimper. Comme les infrastructures sont relativement limitées, il est conseillé de réserver les hébergements à l’avance. Je vous recommande chaudement le site de Scottish Independent Hostels, un réseau d’auberges de jeunesse, qui ont très souvent des chambres privées également, à travers tout le pays. Pourquoi c’est cool ? Ce site vous permet de réserver vos nuits directement avec les établissements, sans passer par les grosses plateformes habituelles. D’ailleurs, pas mal de ces petits hostels ne sont pas listés sur Booking.com ou Hostelworld…

Mais oui, de manière générale, mieux vaut prévoir et contrôler son budget. En mixant hostels et petites structures, nous avons dépensé entre £20 et £40 par personne et par nuit. Il est bien sûr possible de camper, dans un camping ou à la sauvage (je vous renvoie à cet article expliquant le Scottish Outdoor Access Code, qui définit les règles du jeu en matière de camping sauvage en Ecosse). Pas mal de gens choisissent de conduire un van aménagé, ce qui donne trop trop envie, même s’il faut bien sûr faire attention aux lieux que l’on choisit pour passer la nuit : si vous êtes proches d’habitations, n’hésitez pas à aller toquer pour demander l’autorisation !

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Et la route, elle est comment ?

Un jour, je ferai un article sur la conduite en zone rurale en Ecosse, j’attends de collecter encore quelques petites histoires… La North Coast 500 a l’avantage de proposer plusieurs « sous-itinéraires » qui permettent à chacun de décider de se lancer ou non sur des petites routes « single track roads », parfois très facétieuses. La carte officielle de l’itinéraire, que vous trouverez en PDF juste ici et que vous pouvez récupérer dans les offices de tourisme, est d’ailleurs très bien faite et informe les aventuriers sur les types de route qu’ils peuvent rencontrer.

Personnellement, j’aime bien rouler sur les « single track roads », car elles sont pleines de surprises. Les règles sont simples : on utilise les fréquentes « passing places » pour laisser passer les véhicules venant dans l’autre sens ou les véhicules se trouvant derrière nous, quand on sent qu’ils sont pressés. Les visiteurs vont en général à une allure plus modérée, n’étant pas habitués à ces routes en lacets. Il est formellement interdit de se garer sur les « passing places », au risque d’empêcher ces croisements de se faire.

En voyant un véhicule arriver en face, il faut rapidement prendre une décision : où se trouve la prochaine passing place ? Le véhicule le plus proche va donc s’arrêter au niveau de la passing place, mais pas nécessairement DANS la passing place puisqu’elle peut parfois se trouver du côté opposé : c’est donc la voiture d’en face qui l’utilisera pour passer en toute sécurité. Si vous décidez de vous arrêter, mettez le clignotant à gauche ou faites un bref appel de phare. Ainsi, l’autre véhicule saura qu’il peut avancer. Parfois, il peut être nécessaire de faire marche arrière, quand il n’y a pas de passing place. Mais elles ne sont jamais bien loin…

Super important : que vous laissiez passer ou que l’on vous laisse passer, n’oubliez pas de dire merci ! Un petit signe de la main, ou du doigt, suffit. C’est super sympa, je trouve !
Si vous voyez des moutons sur la route, ralentissez, attendez ou avancez très doucement. Il semblerait que les moutons aient plus peur des humains que des voitures, donc n’hésitez pas à baisser la vitre pour vous montrer, ils devraient s’éloigner tranquillement.

Où commencer la North Coast 500 ?

Assa et moi avons décidé de louer un véhicule uniquement à partir d’Inverness. Cétait plus agréable de commencer le voyage par un peu de train, et aussi plus écologique. En réservant notre billet de train à l’avance, il ne nous a coûté que 14 livres chacune, aller-retour ! Pas mal, non ?
Nous avons loué un véhicule hybride nous permettant de consommer le minimum d’essence, mais il m’est difficile d’estimer notre bilan carbone pour ce voyage (je sais que c’est à la mode… mais ça m’intéressait de voir !). Je fais partie d’un « car club » qui me permet de récupérer des voitures dans la rue, mais vous trouverez des loueurs traditionnels à Inverness. Un jour, tiens, j’écrirai un truc complet sur la location de véhicules…

Sens horaire ou anti-horaire ?

Nous avons parcouru entre 150 et 200 miles par jour, car nous savions que nous avions un temps limité. Vraiment, si vous pouvez, faites de petites portions ! Nous avons décidé de faire la boucle dans le sens « horaire », mais pas mal de gens recommandent le sens anti-horaire pour profiter de la côte ouest, incontestablement magnifique, en fin de séjour. Honnêtement : tout se vaut.

On a choisi le sens horaire car c’est le sens que j’emprunterai lors de mes séjours sur cette route cet été, et c’était absolument magnifique. La côte est, parfois un peu moins intéressante, nous a réservé beaucoup de belles surprises. Bon, allez, on en arrive enfin au fait !

Vers l’Ouest, d’Inverness à Ullapool

Ah, ce sentiment de liberté quand on emprunte le pont du Moray Firth, laissant Inverness derrière nous, et filant vers l’ouest. On suit l’A832, jouant à cache cache avec le petit train qui lui, doit se diriger vers Kyle of Lochalsh. Le gaélique a supplanté l’anglais à la première ligne des panneaux de directions. Le soleil fait quelques apparitions bien agréables et on zigzague entre les quelques gouttes qui font, forcément, aussi partie du voyage. Un petit jeu s’instaure : compter les panneaux signalant des financements européens. Notre but : rejoindre Applecross pour le déjeuner. Dans la montée du dernier col nous séparant de la côte, des voyageurs venant en sens inverse nous annoncent que la neige bloque la route, quelques mètres plus haut. On décide donc de faire machine arrière et de nous diriger directement vers Strathcarron. C’est la beauté des aventures de ce type…

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Le Slioch

Petit café sympa à noter sur vos listes : Nanny’s. On y déguste une très bonne soupe de poisson !

Le début de l’après-midi est marqué par quelques pauses au bord du Loch Maree, absolument magnifique. Sur l’autre rive, on aperçoit le massif du Slioch. Nous sommes dans la réserve naturelle de Beinn Eighe et du Loch Maree, je me promets d’y retourner pour y passer un peu plus de temps. Arrêt obligatoire également à Gairloch, dont les vues sur la baie sont très belles. Le soleil est, comme par hasard, éclatant, et on trouve ça dingue d’avoir été stoppés par la neige à Applecross, quelques heures plus tôt.

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Coup de coeur : le jardin botanique d’Inverewe
J’avais prévu de visiter le jardin botanique d’Inverewe car je vais être amenée à y retourner cet été. Mais je ne m’attendais pas à un parc si grand et si surprenant ! Face au bras de mer, à l’abri du vent, on y découvre plein d’espèces végétales et des espaces joliment aménagés. Vraiment une visite très agréable, sur la route d’Ullapool.

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Enfin, on reconnaît les petites ruelles quadrillées de la bourgade d’Ullapool. Plus qu’un village mais pas vraiment une ville, on y trouve tout ce qu’il faut, et on peut même rêver à une escapade dans les Hébrides Extérieures en voyant les ferries quitter le port pour Stornoway, sur Harris et Lewis.

C’est un soir de semaine et Ullapool est quelque peu endormie. On avale un petit fish and chips et on file travailler dans notre petite chambre, au Ceilidh Place : c’est une semaine importante pour Assa, car nous étions alors en plein dans les marasmes du Brexit !

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On vous recommande vraiment The Ceilidh Place : ils ont l’air d’avoir de très belles chambres privées dans le bâtiment principal, et leur partie « hostel » est vraiment bien, pas chère et sympa. J’ai moins aimé le restaurant ce soir-là, mais j’avais eu une bonne impression lors de mon premier passage en 2016. Le bijou de ce lieu, c’est bien sûr sa petite librairie pleine de trésors…

Remonter d’Ullapool à Tongue

Ce matin, nous savons que nous avons moins de route à parcourir : le plus long et le plus « dur » est fait, mais plein de paysages de dingue nous attendent encore. On part de bonne heure d’Ullapool, non sans avoir fait le plein de vivres avant de partir. Malgré la pluie, on fait plein de petites pauses : dans les environs de Lairg, au bord du Loch Assynt, entre les ruines…

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Au cœur du village de Clachtoll, on va se balader pour se rapprocher de la plage, sous un vent absolument dément, à en décorner les bœufs…

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On ne résister pas à aller rendre visite au petit phare blanc et jaune qui pendouille à la pointe de Stoer. Premièrement : j’adore les phares. Deuxièmement : les phares d’Ecosse ont, dans leur grande majorité, été construits par la famille Stevenson (vous la connaissez, l’un d’eux a refusé de devenir ingénieur pour écrire des romans… oui oui, le fameux Robert Louis Stevenson!).

Une petite idée se construit dans ma tête : et si j’essayais de tous les voir, au cours des prochaines années ? Promis, cet automne, quand je m’ennuierai (rires) je ferai la liste de ceux que j’ai d’ores et déjà vus, sur la côte ouest, dans les Shetland, ou dans les Orcades…

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La petite pause sympa fut sans hésiter la grotte de Smoo, juste après Durness, dont la rivière était gonflée et grondante tant les eaux avaient monté. Aux heures d’ouverture, il est possible de visiter cette grotte sur un petit bateau, mais je crois que nous n’aurions pas osé…

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Petit plaisir : la petite épicerie autonome où nous nous offrons un petit paquet de tablet, une sucrerie écossaise, contre deux livres laissés dans une tirelire. Ici, la confiance règne…

Nous arrivons enfin à Skerray, pile à temps pour voir le soleil revenir. Nous logeons chez un adorable couple, qui nous font vraiment nous sentir à l’aise dans leur cocon plein d’amour. On saute encore une fois dans nos chaussures pour aller admirer le coucher de soleil sur la magnifique plage aux abords du village. Un moment plein de quiétude. Nous nous sommes un peu éloignées de l’itinéraire « NC500 », et c’est très bien comme ça.

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Glisser doucement de Tongue à Helmsdale

De bon matin, nous nous autorisons à humer le gin de Rock Rose, dont la distillerie se trouve à Dunnet. C’est un vrai plaisir de découvrir de nouveaux produits locaux, qui font vraiment la richesse de la région.

Autour de nous, les paysages ont évolué : plus de glens, plus de sommets enneigés, mais une infinité de champs. Ici, on cultive, on produit. Malgré le vent, on s’offre un détour vers un autre phare Stevenson. Que l’épaisseur des nuages vous laisse imaginer la force du vent…

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L’autre arrêt obligatoire, c’est évidemment John O’Groats, qui prétend être, à tort, le point continental le plus au nord du Royaume-Uni. Mais c’est pas grave, le tour du petit village reste bien agréable, et on y mange une bonne soupe du jour en regardant la pluie tomber. Ce petit bled me fait rire, car tout le monde s’y arrête pour voir les fameux panneaux directionnels inutiles mais plutôt poétiques…  D’ici, on peut partir pour des excursions, parfois à la journée, pour les Orcades.

L’arrêt suivant nous surprendra plutôt. On s’arrête à Wick, une ville d’apparence un peu morne, ennuyeuse. Cette ancienne capitale du hareng était pourtant une ville pleine d’énergie il y a quelques décennies ! Aujourd’hui, son port reste impressionnant. On peut y visiter un petit musée et visiter la distillerie Old Putney.

Mais la vraie surprise, nous la devons à « Charles », le guide de Charles Tait sur la North Coast 500. Il fait brièvement mention d’un petit ensemble de cottages de pêcheurs, construits lors des « Highland Clearances », une période d’exode rural et de déplacement massif des populations à partir du 17ème siècle, lorsque l’agriculture commençait à se diversifier : les grands propriétaires terriens voulaient alors se spécialiser dans le mouton, ne nécessitant pas autant de main-d’oeuvre que la culture de légumes ou de céréales.

Ces cottages se trouvent à Berriedale, mais ne sont pas bien indiqués. On peut les trouver en se garant dans la partie intérieure du village, et en allant les chercher à pied. Il faut passer un petit pont sous lequel passe une rivière torrentielle. Et enfin, les voilà !

berriedale berriedale

Ces cottages sont disponibles à la location à un prix plutôt intéressant. J’y penserai pour ma prochaine retraite…
La plage qui les borde est très belle et on s’aventure au-delà des rochers pour découvrir une autre baie, bordée d’une falaise où sont nichés divers oiseaux. Nous sommes bouche bée et heureuses…

Nous nous arrêtons dans le très joli village de Helmsdale pour la nuit. J’aime ses maisons blanches, sa rivière si proche, ses collines, ses sculptures. On dîne au Mirage, un petit fish and chips apparemment connu des habitués de la télévision. On en ressort plutôt contentes de l’expérience et ragaillardies !

helmsdale

Boucler la boucle de Helmsdale à Inverness

Et voilà, c’est le dernier matin. Heureusement, le soleil nous accompagne. Nous avons deux pauses prévues ce jour-là : d’abord, le magnifique château de Dunrobin, où nous arrivons pile à temps pour la démonstration de fauconnerie. J’aime sillonner ces jardins à la française et ces intérieurs presque trop élégants pour être vrais.

C’est la demeure des Ducs de Sutherland depuis le 13ème siècle. C’est l’un des châteaux ou manoirs les plus au nord du pays, et vous pouvez le visiter d’avril à octobre, en général de 10h30 à 16h30 (plus long en juillet août) au tarif de £12 par adulte.

dunrobin castle

dunrobin castle

Plus loin, nous marquons notre dernière pause dans le joli village de Dornoch, où nous déjeunons dans un endroit adorable : l’ancien tribunal (The Carnegie Courthouse) ! Comme il fait beau, on fait ensuite le tour du village, on visite son église, et on va jusqu’à la plage. Parfait dernier moment avant de continuer vers Inverness, où il faudra rendre notre petite voiture adorée et sauter dans le train.

Dornoch Dornoch

Si j’avais pu, j’aurais passé plus de temps sur cet itinéraire absolument ébouriffant. Assise dans la gare d’Inverness, je lance un regard amer au train qui se rend à Kyle of Lochalsh, que j’aimerais tant emprunter en lieu et place de celui qui nous redescend, contre notre gré, vers la ceinture centrale de l’Ecosse.

Heureuses de l’aventure, nous nous promettons de revenir dans cette corne magique de l’Ecosse, et d’y passer plus de temps.

Ceci n’est qu’un témoignage parmi tant d’autres : il existe de multiples manières de profiter de cette route, et je suis sûre que vous aurez des anecdotes magnifiques à venir nous raconter après votre voyage sur la route North Coast 500!