… En elles réunies ! La Journée internationale du droit des femmes, c’est l’occasion de mettre en avant le courage des femmes alors il nous semblait logique de faire un petit point sur celles qui ont marqué l’histoire écossaise. Cet article n’est qu’une infime sélection complètement subjective, parce que l’histoire de chacune d’elles nous a émus ou impressionnés. N’y voyez en rien une revendication quelconque…

Mary Queen of Scots

Mary Queen of Scots

Marie Queen of Scots, aka Marie Stuart, est souvent l’Ecossaise à qui on pense en premier. Sa vie est tout simplement dingue – mais triste. Devenue reine d’Ecosse six jours après sa naissance, elle est élevée en France elle est ensuite mariée à François II (roi de France qu’on ne connaît pas vraiment puisqu’il a régné un an entre 1559 et 1560) et devient de ce fait reine de France (combo). Après la mort de François, elle rentre en Ecosse et ses deux mariages suivants ne se passent pas mieux. Marie galère à être une reine catholique dans un pays protestant et se fait littéralement marcher dessus. Après une prise d’otage, une abdication et une fausse couche, elle fuit en Angleterre et compte demander un coup de main à sa cousine Elizabeth Ière, qui décide de plutôt l’enfermer puis de l’exécuter… Une vie de tristesse et de galère malgré de multiples couronnes.
On peut revenir sur les traces de Marie Stuart à Edimbourg, notamment en visitant Holyrood Palace, la résidence de la famille royale.

Black Agnes (1312-1369)

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Agnès Randolph était la femme d’un comte dans le comté de Dunbar. Elle était brune, avait les yeux foncés et le teint halé, d’où son surnom… Un beau jour, comme dans beaucoup d’histoires, une guerre éclata entre le roi d’Ecosse de l’époque et un prétendant à la couronne, soutenu bien évidemment par les Anglais. Alors en bon Scot, le mari d’Agnès partit combattre, laissant sa femme et ses servants protégés par quelques gardes… Vous voyez où je veux en venir ? Bien sûr que les Anglais allèrent attaquer le château de Dunbar !

Mais Agnès, elle était loyale au roi d’Ecosse, et elle refusa de rendre le château. Les Anglais, pas contents, bombardèrent le château à coup de catapultes. Vous pouvez imaginer les dégâts. Mais Agnès ne se démonta pas. Elle pria ses servantes de revêtir leurs plus beaux vêtements puis les guida vers les fortifications où elles époussetèrent l’air de rien les murs détruits du château. Et puis, non contente de faire enrager les Anglais, elle balança à sa garnison de faire un effort en combattant. Après 5 mois de siège, les Anglais repartirent bredouilles.

 

Flora McDonald (1722-1790)

Flora habitait dans les Hébrides Extérieures au moment des rebellions jacobites. Les Jacobites avaient pour but de rétablir la lignée des Stuart à la tête de la monarchie britannique. Le Prince régent, Charles Edouard Stuart, Prince Bonnie Charlie de son petit surnom, a mené plusieurs batailles avant de se prendre une grosse raclée à Culloden. Il partit donc se planquer vers les Highlands avant de rejoindre les Hébrides. Flora accepta de l’aider à s’échapper vers la France en le déguisant en servante.

Fun fact sur Flora Macdonald : Un des cratères de Venus a été baptisé en son honneur.

 

The Edinburgh Seven

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Sophia Jex-Blake – Leader des Sept

Les Edinburgh Seven sont les sept (Sans blague ?!) premières femmes à entrer dans une université britannique pour suivre un diplôme d’études supérieures.

À l’origine de cette histoire, en 1869, Sophia Jex-Blake envoya sa candidature à l’université d’Edimbourg en médecine qui lui refusa l’accès sous prétexte que ce ne serait pas dans son intérêt. Sophia ne se découragea pas et fit appel au journal The Scotsman pour rallier d’autres femmes. Quatre autres la rejoignirent et quelques mois plus tard, elles prirent part au test d’entrée. Sur 152 candidats, 4 des femmes arrivèrent dans le top 7. Respect mesdames !

Elles furent donc admises à l’université et suivirent les cours dans une ambiance d’abord paisible puis de plus en plus pesante, les professeurs et étudiants devenant ouvertement hostiles à leur présence. Pendant un an, elles furent la cible d’insultes et blagues en tout genre jusqu’en novembre 1870, le jour où elles devaient passer un examen au Surgeon’s Hall sur Nicholson Street. En arrivant sur place, elles furent accueillies par une foule de personnes qui leur jeta déchets et boue. Ne se décourageant pas, elles réussirent à atteindre les grilles de l’université qui leur furent claquées au nez. Il fallut qu’un étudiant leur ouvre les portes et les accompagne jusqu’à leur examen.

Finalement, l’Université et le tribunal refusèrent le diplôme aux femmes malgré le support des médias et d’une bonne partie de l’opinion du public à leur cause. Les étudiantes durent aller passer leur diplôme dans d’autres universités et exercèrent leur métier à l’étranger jusqu’à ce que Sophia ne rentre à Edimbourg pour fonder une clinique pour les plus défavorisés. En 1892, les universités écossaises acceptèrent enfin les femmes.

Elsie Inglis (1865-1917)

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Elsie Inglis, c’est un peu Docteur Quinn, femme médecin. Elle a eu la chance d’avoir des parents qui considéraient l’éducation des filles aussi importante que celle des garçons et étudia donc la médecine à Edimbourg. Elle se spécialisa dans la médecine pour les femmes, notamment les femmes enceintes. Pendant plusieurs années, elle soigna femmes et enfants dans son cabinet sur High Street, souvent de manière gratuite.

Mais forcément, comme être médecin ça laisse plein de temps libre, on le sait tous, Elsie s’engagea aussi dans la vie politique et mena lutte pour le droit de vote des femmes en Ecosse. Et puis, la Première guerre mondiale éclata… Inglis mit au point une unité de femmes qualifiées en médecine (docteurs, infirmières, ambulancières…) pour aider les soldats sur le terrain. L’armée britannique leur a rigolé au nez quand elles ont offert leur aide et il a fallu que le gouvernement français s’en mêle en les envoyant en Serbie avant que plusieurs unités soient déployées un peu partout en Europe.

Helen Duncan (1897-1956)

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Qui a dit que la chasse aux sorcières était un sport du Moyen-Âge ? Helen était une médium écossaise qui se servait de ses talents de comédiennes et d’artiste pour créer esprits et ectoplasme en tous genres. Elle avait créé des poupées en papier mâché pour convaincre ses clients de la présence d’esprits. Mais pour faire encore plus vrai, l’ingénieuse Helen mis au point une recette secrète composée de gaze, de blanc d’oeuf et autres qu’elle avalait et recracher lors des séances en guise d’ectoplasme. Yummy !

Helen Duncan fut surtout la dernière personne à être jugée dans le cadre de la Loi Sorcellerie de 1735. En effet, prétendre avoir des pouvoirs magiques  était alors toujours interdit par la loi et elle fut condamnée à 9 mois de prison en 1944. Selon une autre version, son arrestation pourrait aussi être une vague tentative de l’armée de cacher ses super plans pour le débarquement… Car Helen aurait été contactée quelques temps auparavant par un marin décédé lors du naufrage du HMS Barham. Sauf qu’à cette époque, l’armée n’avait pas encore révélé le destin du navire et Helen ne pouvait donc pas être au courant. Alors, mystère, mystère… Quoiqu’il en soit, la loi Sorcellerie fut révoquée en 1951.

 

Dora Noyce (1900-1977)

Infamous madam Dora Noyce. Picture: TSPL

En voilà une femme qui savait s’amuser ! Dora est née au début du vingtième siècle dans la fameuse Rose Street, qui à l’époque était beaucoup moins fréquentable. Elle commença sa carrière comme callgirl et développa un petit accent bourgeois pour attirer une clientèle plus classe. Après la Seconde guerre mondiale, elle acheta une maison dans le quartier de Stockbridge, 17 Danube Street. Elle transforma cette jolie petite maison de ville en bordel et connut un succès immédiat qui se confirma lors du premier Festival d’Edimbourg en 1947.

D’après les dires, les jeunes femmes travaillant pour Dora étaient en pleine forme et passaient des examens médicaux régulièrement. On les comptait au nombre de 15 mais d’après Dora, ce chiffre montait jusque 25 lors du Festival et pendant les Assemblées de l’Église d’Écosse. Dora elle même était reconnue de tous comme étant parfaitement respectable et côtoyait la haute. Elle dut bien payer quelques amendes au cours de sa carrière mais elle restait en bons termes avec la police. Elle fut incarcérée pendant 4 mois en 1972 et ironiquement, lors de son emprisonnement, les habitants du quartier se plaignirent que le bordel était beaucoup moins bien géré pendant l’absence de Dora.

Son décès en 1977 signa l’arrêt du business et le 17 Danube Street fut partagé en plusieurs appartements. Mais beaucoup d’habitants se souviennent encore de Dora.

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Des Ecossaises célèbres, il y en a encore plein d’autres. Susan Boyle, par exemple, qui a crevé l’écran dans une émission de télé-crochet, la chanteuse Annie Lennox, l’actrice Deborah Kerr… On nous souffle aussi Sharleen Spiteri, la chanteuse de Texas, et Shirley Manson, de Garbage. A vous de compléter la liste !