acadiane ecosse

Au mois de septembre, mon oncle Jean-Marc m’a embarquée dans une aventure hors du commun : nous avons traversé l’Ecosse en Acadiane, une vieille Citroën cousine de l’indétrônable 2CV. Notre but était clair : passer un weekend dans l’archipel des Orcades. Mais allait-on y arriver ?

Orkney

Préparer l’Acadiane pour l’Ecosse

Ce projet fou remonte un peu. Mon oncle Jean-Marc, passionné de voitures anciennes, avait fait l’aquisition d’une Acadiane, qui est en fait la version « camionnette » de la Dyane, sortie juste après la 2CV chez Citroën. Les Acadiane ont été produites et commercialisées en France de 1978 à 1987. Les Dyane et les Acadiane ne sont pas aussi populaires que les 2CV, mais elles sont aussi plus rares. Un jour, Jean-Marc nous parle de cette voiture et nous explique qu’il aménage l’arrière en coin couchette. Le défi « Ecosse » ne tarde pas à émerger, et on commence à parler de septembre, tout doucement. « Finis la voiture, pour commencer », dis-je, pas très encourageante. Mais un plan commence déjà à se monter dans nos petits cerveaux. Parce que Jean-Marc, amoureux des 2CV et autres drôles de carrosses, ne s’arrête pas à ça : il aime aussi l’histoire, la préhistoire, tout ce qui peut se fouiller, tout ce qui peut renfermer un trésor. Mon oncle Jean-Marc est à la recherche d’un trésor depuis longtemps. Quand il parcourt la carte de l’Ecosse, c’est naturellement vers le Nord que ces yeux le portent, car comme tout Indiana Jones des temps modernes, il a entendu parler des Orcades et de leurs vestiges préhistoriques hallucinants. Notre cap s’en retrouve fixé en deux temps, trois mouvements. Pendant qu’il passe son temps sous le capot, en France, moi, je prépare l’itinéraire, depuis Edimbourg.

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En été, nous nous retrouvons en France et j’inspecte les travaux finis (c’est ma spécialité). L’arrière de l’Acadiane a été magnifiquement transformé en un petit salon par l’ami Etienne, dans un très beau bois. Plusieurs caissons de rangement font aussi office de sièges, une table se déplie et révèle plusieurs petits compartiments très pratiques pour stocker la nourriture, et il y a même un petit ventilo, piqué sur un vieil ordinateur. Annick, ma maman, s’affaire à coudre des coussins et des rideaux assortis. Pinterest n’en croirait pas ses yeux tellement tout est parfait.

Bien sûr, pour dormir à deux dans l’Acadiane, je pense qu’il faut être très amoureux et pas très gros. J’opte donc pour une petite tente que j’installerai à la fin de nos journées d’aventures. Côté conducteur, l’Acadiane est unique en son genre; l’habitacle est assez petit mais très simple et très efficace. Tout est mécanique. J’aime particulièrement les essuie-glaces qu’il faut activer manuellement. Secrètement, j’espère que nous n’en auront pas trop besoin une fois dans le nord de l’Ecosse.

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La conduite de l’Acadiane est agréable car les amortisseurs sont très « rebondissants » et le moindre dos d’âne fait l’effet d’une caresse. Il faut cependant avoir quelques muscles dans les virages car la direction assistée, dans les années 70, n’était alors qu’un doux rêve. Jean-Marc, au top de la technologie, installe même un port USB pour nous permettre de charger nos téléphones et utiliser le GPS. Grâce à vous, lecteurs, on a même trouvé un super nom pour notre carrosse et notre projet : MacAdiane ! C’est bon Marty, on est prêts !

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Ma mission : rentrer à Edimbourg, prendre les tickets de ferry, organiser nos « points de chute » dans la mesure du possible.

La mission de Jean-Marc : conduire de Blois jusqu’à Edimbourg, tout seul, faire une petite pause, avant de partir pour une semaine de road-trip dans le Nord.

Se déplacer en Ecosse à bord d’une Acadiane

Oui, vous y avez tous pensé : avoir le volant à gauche quand tout le monde l’a à droite, est-ce embêtant ? Je réponds joker car, encore une fois, j’ai échappé à la conduite britannique. J’étais trop occupée à faire des photos et regarder la carte, bien sûr. Mais pour mon oncle, aucun problème, comme le véhicule est assez étroit, il s’est senti bien de son côté de la route.

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Il y a deux choses qu’il a fallu garder en tête : notre vitesse de pointe, d’abord, oscillait entre 50 et 60 miles à l’heure, ce qui peut parfois rallonger les temps de parcours de beaucoup par rapport aux estimations. De même, le réservoir de l’Acadiane est assez petit et nous devions sans cesse penser aux futures opportunités de faire le plein. Cela dit, nous avions un petit bidon de survie, que nous n’avons même pas eu à utiliser. Bien joué, MacAdiane !

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Nous avons donc essayé de nous prévoir de « petites » étapes, même si le premier et le dernier jour ont été entièrement consacrés à la conduite. Même si la voiture était un peu bruyante, je garde un magnifique souvenir de ces heures passées sur les petites routes en lacets, observées à travers un pare-brise bien plus vieux que moi. Aller lentement, quel plaisir… On s’en fout quand on se fait doubler, on fait salut aux fermiers, on s’arrête prendre des photos.

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Ah, j’oubliais : il est tout de même vital de voyager avec quelqu’un ayant quelques connaissances en mécanique. Une panne est vite arrivée, et même si ce n’est pas forcément grave, il faut bien connaître la machine. Nous avons eu un seul et unique « couac », aux alentours du château de Dunrobin. Un petit tuyau un peu bouché, et hop, on cale dès qu’on ralentit. Deux solutions : ne jamais s’arrêter, ou commencer à dévisser des trucs. Après quelques essais, un coup de fil à l’ami Etienne et de la patience, boum, on est de retour sur la route en deux temps, trois mouvements.

J’ai de la chance, mon pilote a de l’expérience et il sait à merveille contrôler cette indomptable voiture capable de se sortir de tous les trous sans la moindre égratignure… Comme le prouve cette vidéo que WordPress ne veut pas vous afficher automatiquement.

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L’Acadiane, un aimant à tendresse

Ce que je ne soupçonnais pas et que j’ai vraiment adoré dans notre voyage en Acadiane en Ecosse, c’est la curiosité et l’intérêt des gens que nous croisions pour la voiture (et pour nous, du coup, aussi un petit peu). Ca allait du petit sourire, aux gens qui font salut du bord de la route, jusqu’aux vrais passionnés qui venaient taper la discute, observer les détails. J’ai été étonnée de rencontrer pas mal de gens, en Ecosse, qui connaissaient la 2CV et voire même l’Acadiane.

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Sur le ferry, à l’aller, c’est un peu la blague : les techniciens du bateau nous regardent avec des yeux ronds, se lancent dans un petit conciliabule discret avant de décider que nous serions le seul véhicule qui allait avoir des cales. Parce qu’on sait jamais.

Nous voilà arrivés à Orkney, que je vous détaillerai dans l’article suivant !

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