On vous a fait découvrir ce qu’était la West Highland Way. Si si, vous savez, les 154 km qu’on s’engloutit en marchant. Et ben maintenant c’est au tour du récit au jour le jour. Les prochains articles sur le sujet ne sont qu’un résumé de ce qu’on a pu vivre mais j’espère que ce sera aussi une invitation à l’aventure.

Vos chaussures sont prêtes ? C’est parti !

Jour 0 – Arrivée à Milngavie

Nous arrivons à Milngavie par le train en provenance de Glasgow en fin d’après-midi, donc inutile de préciser qu’il est trop tard pour entamer quoi que ce soit en matière de randonnée. On s’était renseigné au préalable pour l’hébergement. Il y a un petit camping à l’extérieur de la ville, ça fera l’affaire. Là, il n’y a personne pour nous accueillir mais un panneau nous somme de mettre l’argent dans une boîte et de faire comme chez nous. Chouette ! Ici, les gens accordent leur confiance beaucoup plus facilement qu’en France. On plante donc notre tente et on n’a aucun doute à laisser nos affaires dans le camping vide pour aller grailler un peu.Le soir n’est même pas encore tombé quand on arrive dans le centre-ville. C’est là qu’on voit pour la première fois l’obélisque indiquant le début officiel de la randonnée. Je le regarde, il me regarde. On se jauge… Humph, on verra ça demain, pour le moment, mon ventre crie famine. Le premier pub dans lequel on entre est attirant avec sa musique live. Mais ils ne servent plus à manger depuis 19h. Damn… Allons au restaurant en face. Il est 20h25. Les cuisines ferment dans 5 minutes alors on se dépêche de commander. Ça tombe bien, demain, l’aventure commence, il serait dommage de trop tarder. Mais la pression monte d’un cran soudainement. On s’apprête à partir en randonnée sur un chemin le long duquel les cuisines ferment tôt. Nous n’avons pas prévu de cuisiner. La peur du ventre vide le soir m’angoisse. Je suis un estomac sur pattes, il me faut mon dîner ! Allez ça ira, on avisera le moment venu. Il faut aller se coucher. Juste le temps d’admirer le coucher de soleil sur le loch voisin et on rentre sous la tente.

Jour 1 – Milngavie à Drymen (19 km)

Il est 8h, les nuages s’amoncellent mais il ne pleut pas. On peut même distinguer un peu de ciel bleu. La tente est repliée, les sacs fermés. On décide d’aller faire un tour au supermarché du coin pour acheter de quoi tenir un peu durant la marche. Des barres de céréales, des fruits et de la viande séchée. Et on se retrouve encore une fois devant cet obélisque. Les gens se prennent en photo devant. Un représentant de la West Highland Way nous aborde. On papote. Des milliers de questions se bousculent dans ma tête mais je me retiens. Il ne pourra pas me dire si je vais réussir, si je ne vais pas abandonner. Il se propose de nous prendre en photo devant l’obélisque. Chouette, justement un rayon de soleil fait son apparition.

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Bon, trêve de plaisanteries, il est temps d’y aller.

On passe la barrière et c’est un nouveau monde qui s’ouvre à nous. Le début de la WHW oscille entre paysages champêtres et sentiers forestiers. On se rend vite compte que les températures qu’on trouvait fraîches (18-19 degrés) la veille sont parfaites pour marcher et le soleil arrive à nous réchauffer. Enfin, le soleil et les sacs de rando. On décide de faire un détour pour aller voir les ruines de Mugdock Castle.

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À peine une demi-heure et c’est notre toute première ruine écossaise ! Quand on regagne le sentier, des champs de fleurs s’étalent jusque l’horizon où on distingue les premiers reliefs. Ce sont les collines de Campsie Fells. L’une d’elles attire particulièrement le regard. C’est Dumgoyach qui va nous accompagner pendant une partie de la journée. On découvre alors toute la beauté de la météo écossaise. Les quelques rayons de soleil font ressortir des nuances de vert qu’on ne soupçonnait pas tandis qu’à l’horizon, le ciel se teinte d’un indigo menaçant. Et si on regarde vers les collines, on aperçoit les ombres des nuages défiler sur le sol.

On s’arrête souvent pour prendre des photos, plus que pour lâcher nos sacs. Le chemin est simple à suivre, donc on ne se fatigue pas trop. On profite de la marche pour laisser nos esprits vagabonder. Peu à peu, la luminosité baisse et on sait que la pluie n’est pas loin. Mais ça ira, on a des vestes imperméables et on a même des capotes de sacs. Les premières gouttes tombent. Rien de bien grave au début, jusqu’à ce que la visibilité baisse drastiquement. C’est un véritable déluge. Mais on continue d’avancer, la tête baissée pour se protéger un minimum et tenter d’éviter les flaques de bout. Un hangar salvateur nous tend les bras après une demi-heure d’errance dans le gris. On s’y abrite tant bien que mal et on évalue les dégâts : aïe aïe aïe, les sacs sont beaucoup plus humides qu’on ne l’imaginait. Chouette, du camping dans un duvet mouillé. On se demande : attendre ou ne pas attendre que le soleil réapparaisse ou tout du moins que la pluie se calme ? Ce qui arrive au bout d’une vingtaine de minutes. Ce n’est toujours pas l’idéal, mais au moins, les gouttes s’espacent.

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On reprend donc vaillamment le chemin. Enfin ce qu’on pense être le chemin. Car force est de constater, quand on arrive sur le bord d’une route, qu’on est perdu. La situation est complètement incongrue. On est trempés, à regarder les voitures passer, et on a perdu la WHW ! Bah tant qu’on est là, on continue à marcher dans ce qu’on espère être la bonne direction. La tentation est grande de faire de l’auto-stop. Allez, qui ne tente rien n’a rien. On n’a pas à attendre bien longtemps avant qu’une voiture ne s’arrête. On demande à rejoindre Drymen. Ce n’est pas la direction de la conductrice mais elle n’est pas pressée donc elle peut faire un détour. On discute au chaud dans la voiture. Ce n’est pas dans ses habitudes de prendre des auto-stoppeurs mais elle a eu pitié de nous. On se dit qu’on va prendre une nuit quelque part ce soir. Juste pour faire sécher nos affaires.

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Arrivé à Drymen, elle pousse même sa générosité à nous faire un tour du centre village (C’est comme le centre-ville, mais pour les villages. Si ça existe d’abord !). Elle nous montre les différentes options d’hébergement. On est rassuré : c’est le mois d’août, mais il reste des chambres disponibles dans pas mal d’endroits. On sonne à un premier B&B sans grand succès (ie. la cloche se détache et pas de réponse). Sur la porte du second, un numéro à appeler en cas d’absence. Au bout du fil, la propriétaire nous indique qu’ils sont pleins ce soir. Mais elle a une maison au bout de la rue qui est vide et qu’elle peut nous louer pour la nuit. On n’en revient pas. C’est une nuit à 30£ par personne certes, mais il y a un sèche-linge et une cheminée. Et des lits douillets. Et une cuisine. Allez, on saute sur l’occasion. « Une fois à la maison, ouvrez juste, la porte ne doit pas être verrouillée. Je passerai demain récupérer l’argent ou si je tarde trop, laissez les sous dans le salon. N’hésitez pas à vous servir dans le frigo ! »… On bloque. C’est quoi ce pays ? Certes c’est pas une grande ville mais tout de même !

Alors on fait comme chez nous. Les vêtements vont directement au sèche-linge. Les duvets sont étalés un peu partout dans le salon. La cheminée s’allume. Et on se pose. La fatigue est plus morale que physique. Ce n’est que la première journée et nous sommes déjà éreintés. On ne pense même pas à manger. Juste à larver sur le canapé et ne plus penser. La pression redescend et on se dit, le sourire aux lèvres, qu’on a survécu. Il y a pire comme pays que l’Ecosse pour se perdre et improviser.

On s’endort assez vite, sans oublier de mettre un réveil. Demain est un autre jour. Et les vêtements seront secs.

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Et sinon t’as piné ?

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