Calton hill 1819 George Vincent
Calton hill 1819 George Vincent

Vue d’Edimbourg depuis Calton Hill en 1819. Une oeuvre de George Vincent, aperçue cette semaine au siège de la banque RBS…

Vendredi 8 février. C’est difficile à croire, mais dans 20 jours, je démissionne de mon poste et je deviens freelance. 20 jours pour boucler en beauté une aventure de 3 ans et demi. L’occasion de me questionner sur mon rapport au travail et sur ce que j’attends de ma vie de freelance.

Il y a plus de quatre ans, lors de mon tout premier voyage en Ecosse – et de mon tout premier voyage en solo, aussi – je pose mes bagages à l’hostel The Baxter, qui vient juste d’ouvrir. Je découvre un lieu chaleureux, tenu par deux frangins qui ont de la suite dans les idées et beaucoup de talent. L’équipe est géniale, les chambres coquettes et confortables… Après avoir voyagé un an autour du monde et avoir dormi dans des auberge très très craignos, je me rends compte que je suis là dans le plus bel hostel que j’ai eu l’occasion de voir. C’était en 2014. Depuis, de plus en plus d’hostels du genre ont ouvert un peu partout en Europe et dans le monde, et c’est très bien ! Les idées reçues évoluent…

J’ai tellement adoré la ville, l’hostel, le pays (je ne savais pas encore ce qui m’attendait) que je reviens, en février cette fois. Je retourne à l’hostel, avec une surprise : l’équipe se souvient de moi, on papote comme des vieux amis. Le patron me propose de venir travailler avec eux. Je décline d’abord… Avant d’envoyer l’email qui changera ma vie quelques mois plus tard. C’est le déclic : voilà pour moi une raison de sauter le pas, et de m’installer en Ecosse. Au début, je pense que ce boulot à mi-temps sera simplement un moyen de payer le loyer, pendant que je découvre le pays et lance le petit site que vous lisez actuellement. Après quelques années à bosser comme journaliste, j’avais envie d’un boulot simple, pas stressant, j’ai envie de faire quelque chose avec mes mains. Du coup, cet hostel, c’est du pain béni. Les horaires sont fixes, on bouge bien, on distribue de l’amour aux visiteurs, on les aide dans leur voyage. J’aurais vraiment dû tenir un journal pour me souvenir de toutes les histoires entendues durant ces longs mois au coeur de l’hostel.

jaffa cake

Découverte de la semaine au bureau : les Jaffa Cakes. En fait, ce sont des Pims.

Les mois passent, et c’est presque plus fort que moi, je commence à m’investir plus, à proposer des améliorations, à prendre en charge quelques trucs. Je deviens manager et je passe de moins en moins de temps dans l’hostel, de plus en plus de temps au bureau, les mains dans le cambouis. J’apprends une tonne de trucs par jour. Surtout, je réalise que gérer une petite entreprise, ce n’est pas si compliqué. C’est juste un système. Pour moi, c’est une sacrée révélation, persuadée que la création d’entreprise, « c’est pour les autres ». Parallèlement, je commence à organiser des visites guidées en français, et je construis, sans même m’en rendre compte, les bases d’un nouveau projet professionnel. Je réalise peu à peu que je gère l’hostel comme si c’était le mien, alors que je ne suis qu’une employée. Pourquoi ne pas mettre cette énergie au profit d’un projet plus personnel ? Soyons honnêtes : c’était « trop », de jongler avec l’hostel, les visites guidées et l’écriture d’un guide touristique à paraître au printemps. Il fallait un changement. Il fallait oser lâcher la rambarde de sécurité et faire quelques expériences…

clarinda's tea room

Clarinda’s Tea Room, entièrement vide. Vive la vie de freelance…

Au premier mars, je quitterai ce cocon confortable mais prenant pour me consacrer pleinement à mes projets personnels. De la rédaction, un peu, des missions de guide francophone, beaucoup. Et surtout, beaucoup de travail préparatoire, pour mon plus grand plaisir : je vais aller sur Mull, sur Skye, sur la route North Coast 500 et dans les Cairngorms pour organiser mes missions estivales.

Je ne vous cache pas que je suis terrorisée. Mon plus grand problème, c’est mon incapacité à dire « non ». Il va falloir que je me discipline sérieusement, afin de ne pas décevoir de potentiels partenaires. Il va falloir garder les pieds sur terre. Il va falloir s’adapter aux nouvelles conditions d’un Brexit que nous avons toujours beaucoup de mal à définir, 50 jours avant la date fatidique. Il va falloir être organisée : fichiers, factures, calendriers, taxes, reçus. Ce n’est pas exactement mon fort. Surtout, il va falloir apprendre, apprendre, apprendre, progresser encore dans la compréhension de l’histoire de l’Ecosse, sa géographie, ses enjeux.

Pour cette première année, je ne sais pas si je vais réussir à avoir plus de temps pour moi. Je vais essayer, mais les challenges de 2019 méritent que je fasse quelques efforts, qui payeront pour la saison suivante. J’espère que French Kilt continuera de grandir. Ce qui est certain, c’est que j’aurais plein d’histoires à y raconter !