Si vous tombez sur cet article, c’est que vous caressez le rêve de déménager en Ecosse, malgré le Brexit. Comme on vous comprend ! Cet article, écrit initialement en février 2021, a pour but de vous informer, en français, sur les démarches à suivre pour déménager en Ecosse, et dans tout le Royaume-Uni. Avant le Brexit, les Européens avaient le droit de s’installer et de travailler librement en Ecosse. Depuis le 1er janvier 2021, il leur faut obtenir un visa.

Si vous me lisez, c’est que vous vous êtes lancés dans de fastidieuses recherches, et je vous en félicite. Simplement, j’aimerais attirer votre attention sur une chose : sélectionnez vos sources avec soin. Un témoignage pêché au hasard sur un réseau social ne doit pas être pris pour argent comptant, et pour réussir votre projet, prenez bien le temps de comprendre les (nouveaux) tenants et aboutissants de l’expatriation ou du déménagement en Ecosse.

Pour aller directement au chapitre qui vous intéresse :

Obtenir un visa de travail pour déménager en Ecosse
Obtenir un visa étudiant pour déménager en Ecosse
Etre au pair en Ecosse 
Nos conseils pour déménager en toute sérénité

A savoir avant de lire…

Pour l’écriture de cet article, je me base uniquement sur des sources gouvernementales (en anglais en général) et vous trouverez tous les liens nécessaires. Cependant, j’ai fait tout ce travail volontairement, il se peut que je fasse une erreur où qu’un truc change en cours de route. Encore une fois : vérifiez tout par vous-mêmes et ne m’en voulez pas, s’il vous plaît, s’il y a une erreur.

Prenez bonne note également que cet article est écrit en février 2021, et nous sommes encore en confinement en Ecosse. Toute personne arrivant en Ecosse doit se plier à une quarantaine, veuillez consulter les recommandations et obligations sanitaires avant votre voyage.

Vous pouvez rejoindre Expatriation en Ecosse – groupe d’échange pour échanger avec d’autres Européens francophones qui partagent le même rêve que vous. Je vous demande juste un truc : prenez le temps de lire les autres contributions et utilisez la barre de recherche, afin de ne pas reposer une question déjà traitée. Je vous encourage également à écouter les épisodes en lien avec l’émigration du podcast Ecosse Toujours, que j’anime avec Assa de Kiltissime. Pour tous les autres aspects de votre projet de déménager en Ecosse, il y a aussi toute la rubrique S’expatrier de French Kilt ! Consultez également la page d’Ophélie regroupant plein de ressources en français pour émigrer au Royaume-Uni…

Autre détail : si vous étiez déjà résident.e en Ecosse ou au Royaume-Uni avant le 31 décembre et que vous pouvez le prouver, il vous faut demander le Settled Status, et ce, au plus vite. Je vous renvoie à la notice complète, et en français, de l’Ambassade de France au Royaume-Uni.

Dans cet article, je vais traiter la question du visa de travail, puis celle du visa étudiant. Je finis avec des conseils d’ordre général et j’enrichirai plus tard avec des cas spéciaux (retraités, par exemple) donc n’hésitez pas à poser vos questions dans les commentaires !

Toute une liste de visas sont disponibles, et je vous conseille de jouer un peu avec ce questionnaire qui vous aiguille vers différents visas selon votre situation.  Bonne lecture !

Déménager en Ecosse après le Brexit : comment obtenir un visa de travail ?

Un système de visas a été mis en place depuis le 1er janvier 2021. Un visa est nécessaire si vous voulez trouver un emploi à long terme, mais aussi si vous désirez travailler en tant que bénévole ou si vous souhaitez faire un stage. Vous serez exempt de visa si vous venez pour un voyage professionnel d’un mois maximum (par exemple, vous êtes un expert et vous êtes dépêché au Royaume-Uni pour une mission précise, une conférence…).

Si vous souhaitez vous installer en Ecosse et travailler plus de six mois, il vous faudra entrer dans l’une de ces catégories : Skilled worker, Temporary worker, citoyen du Commonwealth (l’ancien empire Britannique) ou avoir un gros projet de création d’entreprise ou d’investissement. Il est également important de savoir que votre demande initiale doit se faire depuis l’extérieur du Royaume-Uni, vous ne pouvez pas postuler une fois que vous êtes déjà installés.

Attention aux aides sociales absentes et aux contributions supplémentaires !

Attention à une chose : au vu de mes lectures, les personnes titulaires de ces visas de travail n’ont pas accès aux (maigres) aides sociales britanniques, telles que les allocations familiales, les aides au logement, les aides au retour à l’emploi… Cependant, ces personnes restent éligibles aux aides qui dépendent de leurs propres contributions (NIC, national insurance contributions) telles que la retraite (mais pas la State Pension), le congé maternité…

Il semblerait également que les titulaires de ces visas doivent s’acquitter d’une contribution à la NHS (la sécurité sociale) plus élevée : £624 par an. Je suis atterrée, mais je vous transmets juste l’info. Les personnes travaillant dans le domaine de la santé seront exemptées (ah bah quand même).

C’est quoi, un « Skilled worker »?

C’est sans doute le visa dont on a le plus parlé dans les médias. A partir de maintenant, le Royaume-Uni veut faire le choix de « l’immigration choisie » pour reprendre un terme bien connu des Français, pour ne sélectionner que les meilleurs profils. Pour obtenir ce visa, le point central est la promesse d’embauche.

Quelles conditions ?

  • Chaque poste a un « code », il faut donc vérifier que l’emploi choisi a un code éligible. Voici la liste des codes éligibles.
  • Votre salaire doit être de £25,600 par an, ou un peu moins s’il est dans le domaine du soin ou de l’éducation. Si vous avez moins de 26 ans, que votre job est dans un domaine où il y a des manques ou que vous avez un doctorat, alors la limite salariale est abaissée à £20,480.
  • Votre emploi doit être proposé par un employeur accrédité. Là, ça devient marrant. Voici la liste, absolument pas pratique, de toutes les entreprises accréditées, ou licenciées, pour le moment. Je vous conseille de télécharger le PDF et d’utiliser la fonction recherche. Il y a 2300 pages, c’est à devenir dingue.
    Si votre potentiel employeur n’est pas sur cette liste, pas (trop) de panique : l’employeur peut demander une licence, mais ça peut lui coûter jusqu’à £1,476 de l’obtenir, et ça prend environ 2 mois.

Une fois votre promesse d’embauche en poche, vous devez postuler pour votre visa dans les 3 mois. Une fois obtenu, vous avez le droit d’entrer au Royaume-Uni au plus tôt 15 jours avant le début de votre contrat. Notez que votre employeur sera appelé votre « sponsor » dans toute la paperasse.

Combien coûte le visa Skilled worker ?

Selon vos conditions, le visa vous coûtera entre £610 (pour trois ans) et £1,408 (plus de 3 ans). Ces coûts sont réduits si l’emploi que vous avez décroché se trouve sur la « liste d’urgence« . Cette liste vous donne une idée des salaires. Les ingénieur.es, les restaurateurs et restauratrices, les scientifiques et les chef.fes d’orchestre semblent les bienvenu.es.

Voici le détail des coûts. 

La réponse pour le visa arrive en général en trois semaines.

Autres choses à prendre en compte pour le visa Skilled worker…

  • Les pros de la santé doivent également postuler à ce type de visa
  • Il vous faut prouver votre niveau d’anglais : niveau B1 minimum, avec un test passé dans l’une des structures sélectionnées.
  • Votre partenaire et vos enfants peuvent aussi postuler pour un visa de travail, mais il y a des conditions ! Il faut pouvoir prouver leurs identités, la durée de votre relation… Et ils faut avoir un peu d’épargne disponible sur un compte, mais les montants ne sont pas exorbitants : £285 pour un partenaire, £315 pour un enfant, £200 par enfant supplémentaire. Si vous avez un partenaire et 2 enfants, il faut montrer que vous avez sur un compte (et depuis 28 jours au moins) la somme de £800. Lisez ici tous les détails pour les visas partenaires et enfants.

Le visa de travailleur temporaire

Il est nécessaire pour les gens qui vont travailler au Royaume-Uni pour un temps limité. Le visa couvre au maximum 12 mois, et l’extension n’est pas garantie. Le Home Office a cerné différents cas : les gens qui viennent travailler dans le sport, dans les arts, pour une organisation religieuse… mais aussi, et ça nous intéresse un peu plus, les bénévoles et les stagiaires ou échanges universitaires.

Ces visas coûtent £244. Les Français et les Belges peuvent avoir une ristourne de £55. La décision prend 3 semaines mais on peut payer £500 pour avoir une décision en 5 jours ouvrables ou £800 (!!!) pour une décision en moins de deux jours.

Le visa de stagiaire au Royaume-Uni : Government Authorised Exchange Visa

Ce visa, dont vous trouverez les détails ici, a deux gros critères

  • Il faut prouver que l’on a £1270 pour couvrir nos frais de vie (sauf si couverts par l’organisme de stage)
  • Un certificat de sponsorship avec un numéro de référence, qui est numérique.

Sur ce coup-là, je ne trouve pas assez d’infos sur les structures capables de prendre des stagiaires européens. Si vous avez des infos, contactez-moi, et puis je viendrai éditer tout ça quand il y aura plus d’infos !

Il peut y avoir une « surcharge santé » et on peut la calculer avec cet outil. En faisant des tests ici, j’ai toujours obtenu une surcharge de 0… A voir, donc !

Le visa de bénévole : Charity worker visa

Voici la page en anglais dédiée.

Ce visa est disponible pour les personnes désirant faire du travail non-rémunéré, et donc bénévole, au Royaume-Uni, sur une période de moins d’un an. C’est exactement comme pour les stagiaires : il faut un sponsor, et prouver qu’on a un peu de fonds pour se sustenter.

Etudier en Ecosse après le Brexit : comment obtenir un visa étudiant ?

Pour le moment, on ne sait pas si l’Ecosse réussira à garder sa place au sein du programme Erasmus, c’est en cours de « bataille », si j’ose dire…

Les frais de scolarité

Les étudiants européens, déjà, avaient des frais de scolarité absents (sous le niveau licence) ou limités en Ecosse, à la différence de leurs amis anglais. Après le Brexit, les étudiants européens devraient, sur le papier, être logés à la même enseigne que les étudiants internationaux. Notez cependant que certaines universités, comme Aberdeen, ont mis en place des bourses réservées aux Européens, leur permettant de faire baisser considérablement les frais de scolarité.

aberdeen université

Quelle que soit votre situation, il peut être très avantageux de contacter l’université qui vous intéresse (hors Erasmus) pour leur demander quelle serait la meilleure chose à faire pour avoir des frais peu élevés. On espère qu’Erasmus sera encore applicable en Ecosse, puisque les étudiants européens (et de plein d’autres pays) peuvent bénéficier d’une bourse ! Ah, c’était le bon temps…

Le visa étudiant

Un peu comme pour les travailleurs, les étudiants vont devoir obtenir un visa, après avoir décroché une place dans une université. C’est un peu le parcours du combattant ! Toutes les infos sont sur cette page, en anglais. Vous pouvez aussi obtenir ce visa pour suivre une formation pour apprendre l’anglais au-delà du niveau B2.

La logique est toujours la même : vous pourrez obtenir un visa si vous avez une place dans un cursus reconnu, si vous avez un peu d’épargne pour assurer vos arrières, et si vous parlez (et lisez, et écrivez) l’anglais. Ah oui ! Il faut aussi avoir plus de 16 ans. Demander le visa étudiant prend trois semaines, et vous pouvez déposer votre demande au minimum 6 mois avant le début de votre cursus. Si vous voulez étudier en Ecosse à partir de septembre, vous pourrez donc commencer vos démarches en mars.

Durée et coûts

La durée du visa dépendra de la durée de vos études, entre 2 et 5 ans. Vous pourrez arriver au Royaume-Uni seulement un mois avant votre rentrée universitaire, si votre cursus dure plus de six mois.

Ce visa coûte £348 et il y a potentiellement la fameuse « surcharge santé » à payer également. Cependant, avec un visa étudiant, selon votre parcours universitaire, vous aurez le droit d’avoir un petit boulot à côté (ils sont trop bons, hein).

Les cursus ouverts aux étudiants européens en Ecosse et au Royaume-Uni

Pour pouvoir demander un visa, il faut que vous obteniez une « Confirmation of Acceptance for Studies », ce qui veut dire que vous avez été accepté dans un cursus universitaire. Il faut que ce soit (les détails sont sous le lien envoyé plus haut) un cursus à temps plein (15h de cours par semaine minimum) ou partiel au-delà du niveau licence.

Quand vous avez votre confirmation, délivrée par votre future université, vous avez six mois pour demander votre visa.

Combien de sous faut-il avoir de côté pour avoir un visa étudiant ?

Il vous faudra prouver que vous avez assez d’argent pour payer tout votre cursus, et le coût sera indiqué sur votre confirmation.

Par ailleurs, certains étudiants vont devoir prouver qu’ils ont déjà tout l’argent nécessaire pour couvrir leurs frais personnels. Ils ont été évalués à £1,023 par mois, sur 9 mois, pour étudier hors de Londres, et plus de £1,330 par mois pour étudier à Londres. Cependant, la France la Suisse et la Belgique semblent être listées parmi les pays exempts de cette obligation.

Les autres petits trucs…

Être « au pair » en Ecosse et au Royaume-Uni après le Brexit

Malheureusement, pour le moment, seuls les ressortissants européens ayant un pre-settled ou settled status peuvent travailler en tant qu’au pair, c’est à dire qu’il faut être résident avant le 31 décembre 2020. Il n’est pas possible de venir passer six mois au Royaume-Uni en tant que touriste et travailler au pair, car les personnes au pair doivent quand même avoir une protection sociale et un cadre juridique. Vous trouverez la source gouvernementale juste ici.  C’est vraiment triste, et on espère que ça puisse changer, mais pour le moment, telle est la situation.

Nos conseils pour déménager en Ecosse après le Brexit avec sérénité

Cet article fait déjà 2000 mots ! Je vais continuer en mode « liste à points » 🙂

  • Ce n’était déjà pas une mince affaire de déménager en Ecosse avant le Brexit, mais maintenant, je vous recommande de prendre le temps de très bien vous renseigner avant de vous lancer. Il va vous falloir être très organisé. Ce n’est pas facile, mais vous allez y arriver !
  • Organisez vos finances : vous savez maintenant quel budget prévoir pour votre visa, mais mettez suffisamment d’argent de côté pour subvenir à vos besoin durant les premiers mois de votre installation, où des surprises peuvent surgir. Oui, déménager en Ecosse coûte cher, encore plus maintenant qu’il y a 5 ans, encore plus si vous partez en famille plutôt qu’en sac à dos.
  • Documentez toutes les étapes de votre projet : gardez des preuves, notez vos idées, vos questions. Un carnet d’expatriation ne me semble pas du tout surfait, vu tout ce qu’il y a à entreprendre !
  • Je me répète mais : vérifiez toutes les infos. C’est un sujet compliqué, neuf, personne n’est expert en la matière, pas même Ginette la pro des groupes expats sur Facebook !
  • Ne soyez pas trop naïf et n’acceptez jamais de payer quoi que ce soit si on vous fait miroiter un visa, une aide, un contact. Toute démarche se passera sur le site du gouvernement, et nulle part ailleurs.
  • Ne vous découragez pas trop vite. Si c’est trop difficile, essayez de voir comment vous pouvez modifier, adapter votre projet, pour tout de même atteindre votre but. Parlez à vos proches de l’avancée de vos recherches.

J’espère que je ne vous ai pas déprimés avec cet article ! Je ferai de mon mieux pour répondre à vos questions, mais gardez en tête que je ne suis pas salariée du gouvernement. Je fais tout cela pour vos beaux yeux 🙂