Je ne prépare jamais vraiment mes visites à Glasgow. A chaque fois, un nouvel aspect de la belle ville écossaise se dessine sous mes yeux : cette fois-ci, c’est la bulle créative de Glasgow qui m’a explosée au visage. Je vous ai déjà parlé de mon itinéraire à la recherche de la beauté à Glasgow, ou de mon engouement pour l’architecte Charles Rennie Mackintosh. On a aussi déjà parlé des contrastes de cette ville, de son street-art fou et de ses bonnes tables. Mais ce coup-ci, je vous emmène rencontrer des créatrices fabuleuses et un illustrateur bourré de talent.

Hidden Lane, un petit secret glaswégien

C’est le printemps. Il fait clair mais frisquet à Glasgow, ce jour-là, entre deux bourrasques. Après une journée palpitante au salon VisitScotland Expo, où j’ai parlé d’Ecosse avec plein d’autres amoureux de l’Ecosse, j’ai rejoint une joyeuse équipe pour aller à la rencontre de quelques créateurs qui, parmi tant d’autres, font bouger Glasgow.

Nichée dans le quartier de Finnieston à l’ouest de Glasgow, The Hidden Lane porte bien son nom. Ce petit cul-de-sac est tellement discret que j’aurais pu très facilement le louper. Cet espace, transformé aujourd’hui en studios d’artistes et en galeries, ressemble à un petit bout de village avec ses maisonnettes colorées. D’un côté, une vieille Diane semble endormie là pendant des années. De l’autre côté, des chatons jouent dans une cour, sous un rayon de soleil. Tout est calme.

En poussant une porte, on arrive dans le petit studio de Libby Walker, une artiste discrète et appliquée. Ses jolies illustrations, déclinées en cartes postales, carnets, accessoires, s’attachent à décrire les paysages urbains de l’Ecosse. C’est marrant : j’ai acheté plusieurs de ses cartes, et j’en ai reçues, aussi… Ses dessins débordent de détails et représentent, quand on regarde l’image dans son ensemble, toute la diversité de l’Ecosse : les petits commerces, les véhicules, les gens, les sculptures, les lieux historiques… On s’y retrouve, on s’y perd du regard. L’Ecosse de Libby est faite de mille petits éléments qui bougent ensemble pour former un univers complet. Après une école d’art, Libby a longtemps jonglé entre petits boulots et projets avant de pouvoir s’installer à son compte mais on voit bien qu’aujourd’hui, elle se sent aussi bien qu’une abeille dans sa ruche, au coeur de the Hidden Lane. A présent, Libby entre dans la troisième dimension et s’attaque à designer des tissus, des meubles, des objets. Mais on retrouve toujours sa patte, son trait fin, et surtout, sa passion pour l’Ecosse.

Chez sa voisine, il y a aussi de l’ambiance. On l’appellera Bonnie Bling, puisque c’est son nom d’artiste. Avec sa machine folle, elle imprime, coupe et customise des petits accessoires et bijoux qui ne manquent pas d’air. Certains sont tout à fait « bling bling », d’autres m’arrachent un sourire. Elle a même lancé un pin’s « Trump is a jobby » (un jobbie, ou jobby, en argot écossais c’est… un gros caca) qui a fait fureur, ainsi que des mini-panneaux « AYE » ou « NAW » pour afficher son opinion sur l’IndyRef2, le référundum sur l’indépendance de l’Ecosse promis il y a peu par Nicola Sturgeon. « C’était rigolo, quand je les ai mis en ligne, seulement le « NAW » est passé, et je ne voyais venir que des commandes pour ce pin’s là. Je me suis dit bah mince, personne ne veut voter pour l’indépendance ? Mais mainenant que tout est rentré dans l’ordre, ça se balance ! » Grâce à son pin’s, Bonnie Bling deviendrait-elle plus efficace qu’un institut de sondage ?

Pour la pause déjeuner (ou goûter), pas la peine de s’éloigner de notre désormais favori petit cul-de-sac : The Hidden Lane Tearoom et son ambiance aliceauxpaysdesmerveillesque est l’endroit rêvé pour casser la croûte. Une carte de boissons chaudes appétissante et une sélection de mignardises et sandwiches pour l’afternoon tea et me voilà refaite.

Les comics ont leur star écossaise, Frank Quitely

A quelques minutes de the Hidden Lane, l’épique et majestueux Kelvingrove dresse ses pointes. Cette immense galerie, dont l’accès est gratuit, est vivement conseillée quand on visite Glasgow, même si l’on n’est pas un fou d’art. Il y a toujours quelque chose à y apprendre. Saviez-vous, par exemple, qu’un Ecossais avait rêvé de lancer le « Railplane », un avion qui se déplace d’un point A à un point B sur un rail ? C’est l’histoire de George Bennie et je vous la raconterai… une prochaine fois.

Aujourd’hui, je vous parle de Frank Quitely, un illustrateur écossais de bientôt 50 berges que je ne connaissais pas du tout. Et pourtant, c’est un monument. Doué comme pas possible pour l’illustration, il a une bibliographie longue comme le bras. Il a travaillé avec les grands noms des comics américains, comme DC Comics (Superman) ou avec l’auteur britannique Neil Gaiman.

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Une grande rétrospective lui est consacrée au Kelvingrove, jusqu’au 1er octobre 2017. Elle s’appelle « Frank Quitely : The Art of Comics ». Même si on ne connaît pas grand chose à la bande dessinée, la muséographie est tellement bien faite que l’on se fait rapidement embarquer dans la carrière de Frank. On commence par les premières planches qu’il a lues, puis ses premières collaborations. A la fin de la visite, je lui demande sur quoi il travaille actuellement. Sur le point de finir un nouvel ouvrage, il confie aussi, du bout des lèvres, travailler sur des projets plus personnels. Et tout ça, il le fait à Glasgow, où, selon lui, le monde de la BD s’est beaucoup développé.

Fin de la journée, conclusion : grosse claque. Rencontrer des gens qui aiment ce qu’ils font, qui débordent de talent, ça me rend joyeuse. Ca m’inspire, aussi, un peu. Je rentre alors à Edimbourg rêveuse, en essayant déjà d’imaginer de quoi sera faite ma prochaine visite à Glasgow.