Benbecula Hebrides Scotland

Avec North Uist derrière l’épaule, on est passés presque sans s’en aperçevoir sur l’île de Benbecula. Il y a tant de ruisseaux, d’îlots, d’étangs, de langues de terre, que l’on ne sait pas vraiment ce qui est île et ce qui ne l’est pas. Sur Benbecula, on plante le camp à Nunton House et on écoute les histoires de sirènes…

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Benbecula, une île plate mais pas platonique

En arrivant sur l’île, reliée par un pont à ses deux voisines du Nord et du Sud, on a l’impression qu’on pourrait en voir l’autre bout en se dressant sur la pointe de ses pieds. Aucun relief à l’horizon. Juste du vent et des prés. Quelques poneys, un village au loin.
Pour la nuit, nous nous arrêtons à l’auberge The Nunton House, un vrai cocon où reprendre des forces et observer les étoiles. Encore une fois, je suis étonnée par la qualité et le confort de l’hébergement partagé dans les Hébrides. Chapeau ! Au bord de la route principale, l’auberge fait face aux dunes qui protègent une magnifique plage.

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Nous décidons de ne pas aller la voir tout de suite et préférons marcher le long de la route, parmi les vaches et les vieilles pierres, pour aller faire quelques courses au village de Balivanich. Première surprise en chemin : le cimetière de Cladh Mhuire et son étonnante chapelle Baile Nan Cailleach, presque complètement ensevelie sous la terre. L’île de Benbecula aurait connu une présence chrétienne dès le 6e siècle, mais la Réforme protestante du 16e siècle a laissé tomber en déréliction les lieux liés à la religion catholique. Le cimetière, lui, accueille les défunts de tous les cultes.

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J’adore l’ambiance de ce cimetière mangé par l’herbe grasse, ses tombes joliment ornées et les ruines de la chapelle ensevelie. On s’étonne de trouver là les tombes de soldats australiens, morts en 1942. Comment se sont-ils retrouvés enterrés là, à Benbecula, si loin de leurs racines ?

Un aéroport sur la plage à Benbecula, encore?

Le village n’a rien de très attachant, mais on y a l’occasion de sourire plusieurs fois. D’abord, quand on aperçoit l’aéroport, juste au bord de la plage. Il nous rappelle celui de l’île de Barra, même si là, l’avion n’atterrit pas littéralement sur la plage. C’est quand même impressionnant !

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Benbecula Hebrides Scotland
On fait la rencontre de Ross et sa petite voiture transformée en bar à sandwiches. Il va de parking en parking pour servir des hot dogs aux employés du village, c’est vraiment une superbe idée ! Et en plus, il a trop la pêche. Bien joué. Le village de Balivanich en lui-même ne cache pas grand chose d’intéressant. Il y a quelques commerces, l’aéroport, bien sûr, et sinon, juste des quartiers résidentiels. Pratique, pratique !
Nous déjeunons à The Stepping Stone, où l’on trouve plein de petits plats locaux, servis très copieusement.  Après avoir fait une halte au supermarché pour cuisiner dans la soirée, nous reprenons le chemin de Nunton House, par la plage cette fois-ci.

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Une petite fish pie ?

Je regarde la carte et je réalise que nous sommes dans la moitié « urbanisée » de l’île, la façade ouest. Du côté de l’est, on ne repère même pas de route… Et c’est aussi très attrayant. Dommage, nous n’aurons pas l’occasion d’aller voir ! C’est aussi le jeu du voyage…

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Une chose nous étonne beaucoup dans les Hébrides : les rebuts restent sur place. Partout, on voit des cimetières de voitures, qui posent plein de questions.

Le mythe de la sirène de Benbecula

Le soir, après une bonne assiette de ratatouille, nous nous attelons à nos cahiers. Benjamin dessine, moi, j’écris et je lis des choses sur cette étrange île de Benbecula. Une anecdote revient souvent : celle de l’histoire d’une sirène que l’on aurait retrouvée sur la plage, puis tuée à coups de pierres. Eh oui, nous humains sommes connus pour être plutôt cruels.

Benbecula Hebrides Scotland
Avant de détailler plus, autant vous dire que cette histoire est probablement (je me sens obligée d’ajouter cet adverbe) fausse : elle a été crée et colportée sans doute dans l’objectif de faire parler de Benbecula et d’attirer les curieux. Rien de mieux qu’une bonne petite histoire pour faire affluer les masses, le storytelling n’a pas attendu les cours de marketing pour faire son job.
Cela dit, je trouve cette histoire très jolie (même si elle inclut un assassinat de sirène, j’avoue) et assez unique. Un peu magique, pour tout vous dire.

Alors. Les faits. Je me base sur un article bien documenté paru dans le journal The Scotman qui relate qu’en 1830 (1870 selon d’autres sources) une sirène aurait été aperçue sur la côte ouest de Benbecula. On lit qu’elle aurait d’abord échappé à une première volée de coups avant d’être retrouvée morte sur une autre plage – a priori celle qui se trouve à Nunton, photographiée dans cet article. La sirène était peut-être déjà blessée. Si là, dans votre tête, vous imaginez Arielle, les Benbéculois de l’époque font une description un peu moins glamour : corps de saumon, corpulence d’un enfant de quatre ans, seins énormes.

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La sirène ainsi assassinée aurait tout de même mérité quelques honneurs puisque le shérif local aurait décidé de lui offrir des funérailles. La cérémonie a-t-elle eu lieu dans le cimetière que j’évoquais plus haut ou sur la plage directement ? On entend de tout, à Benbecula. La thèse souvent défendue reste celle d’un enterrement sur la plage où nous passons l’après-midi. Des recherches et des fouilles ont même été organisées pour essayer de trouver la tombe, sans succès. Ce qui laisse à penser que les personnes prenant cette histoire au sérieux étaient bien présentes et actives. Malheureusement, il n’a pas pu être prouvé que la sirène reposait quelque part sur la plage, et pour tout vous dire, les versions si différentes d’un fait qui est décrit comme « public » (la découverte, l’enterrement… ) n’aident pas à y croire. Mais l’histoire, elle, est bien présente. Si j’ai d’abord cru à une grosse blague des internets, j’ai été étonnée d’en trouver mention dans un ouvrage disponible à l’auberge et sur un poster affiché. La sirène me suivait et tenait vraiment que je m’intéresse à son histoire…

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