scotland bagpipe glencoe

Quand on s’installe en Ecosse, ou dans tout autre pays, on se prépare à confronter des clichés – conscients ou non – et des réalités. Je commence la liste, vous pourrez la finir : omniprésence du whisky, pluie tous les jours, ciel gris, accent bourru, moutons, lac (habités ou non) son de cornemuse infini, kilts à tous les coins de rue, gin au petit-déjeuner, fantômes…Que ce soit pour soi-même ou face à ceux qui nous entourent, il est important de constater la présence de ces clichés, qui appartiennent à un imaginaire commun, sans pour autant les contrecarrer. Explications.

Météo, gastronomie, folklore : salade de clichés en Ecosse

Je commence à me rendre compte du phénomène, un an après avoir fait mon sac pour l’Ecosse : quand je parle de ce pays, on me renvoie toujours l’idée d’une météo maussade et humide toute l’année. Ce qui m’étonne le plus, c’est que je reçois souvent ce message de la part de gens vivant sous des latitudes similaires à l’Ecosse. La semaine dernière, c’est un Danois qui, sous une froide pluie de début juillet, m’assure que « l’Ecosse c’est rien d’autre que de la pluie ». J’ai trouvé ça tellement drôle : la météo est juste… la même ! Parfois il pleut, parfois il fait beau, les grosses chaleurs sont plus rares que dans les pays méditerranéens, fait géographique oblige. VisitScotland a d’ailleurs fait un petit texte rigolo sur la météo écossaise. Je ne vais pas faire ma diatribe sur la météo locale, qui est juste aussi surprenante, chiante et plaisante que celle du Cotentin ou du Bade-Wurtemberg.

Après la météo, la gastronomie est le deuxième champ de clichés qui émerge. On la croit dégoûtante, fade, huileuse, tiède. Pas la peine de m’appesantir à préciser que ce n’est pas vrai. C’est le concept des clichés : 99% d’imaginaire. On aime bien se faire peur, se conforter avec une certaine classification des choses. Et parfois, les Ecossais aident un peu, en racontant qu’ici, on aime frire les barres de Mars, et plein d’autres choses sympathiques. Après, il y a les spécialités, les vraies. Dans l’auberge que je gère, on me demande une fois par jour au minimum ce qu’est le haggis, et où en goûter à Edimbourg. Et je réponds avec plaisir, tout en notant qu’il y a tellement, tellement, tellement d’autres choses à goûter.

Enfin, il y a tout le côté folklore. Les cornemuses, Braveheart, le tartan, le whisky, les kilts. La liste est longue. Quand on vit à Edimbourg, on est plongé dedans régulièrement puisque le centre-ville est vraiment habité de ces évocations de l’Ecosse « carte postale » que l’on vient souvent chercher ici. Le mot qui colle parfaitement, c’est « pittoresque ». Un terme qui englobe la beauté, la tradition, mais aussi un petit côté artificiel, spectacle. Une idée assez difficile à exprimer.

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Un joueur de cornemuse dans la vallée de Glencoe – le cliché écossais par exellence ! Photo DAVID ILIFF. License: CC-BY-SA 3.0

Colporteurs de clichés ?

Instant confession : moi aussi, j’avais, j’ai et j’aurai des clichés sur l’Ecosse, bien enracinés. Sont-ce ces clichés qui m’ont fait aimer l’Ecosse ? Peut-être un peu. Lors de mes premiers voyages, sans doute une image romantique, de nature brumeuse, de ruelles pavées, de lochs et de glens. L’image d’Epinal n’est pas fausse, elle est juste incomplète : l’Ecosse, c’est tellement plus.

hike scotland rain

En déménageant en Ecosse, en août dernier, après un été fournaise en France, je m’étais dit : « bon, voilà, j’ai eu mon été, il peut bien pleuvoir tous les jours à Edimbourg, ça m’ira bien ». J’étais partie préparée mentalement à entrer dans l’automne. Bien mal m’en a pris : j’ai eu plusieurs semaines de très beau temps, de barbecues et de balades à la plage. Leçon retenue !

Mon autre grand « cliché » relevait plus de l’idéalisme : je développais un véritable complexe d’infériorité face à ces Ecossais si charmants, polis, ouverts, intéressants… Après quelques mois, j’ai appris que les Ecossais aussi laissaient traîner leurs déchets, jetaient leurs bouteilles vides au milieu de la nuit, et que les tribunaux tournent ici comme ailleurs. Je les aime toujours autant – et ma déclaration d’amour à l’Ecosse est plus vraie que jamais -, je suis juste rassurée de les voir finalement aussi humains que les autres.

Que dire de ce blog ? Rien que dans notre nom, nous mettons en avant l’un des principaux clichés écossais, le kilt. Nous jouons des clichés et les utilisons comme une clé pour accéder à la très grande diversité de l’Ecosse et de sa culture. Nous vous parlons de whisky, mais aussi du gin, l’autre grand alcool écossais, nous vous parlons des châteaux pittoresques mais aussi des châteaux recouverts d’oeuvres de street-art, nous vous emmenons dans des coins moins explorés comme l’Ayrshire ou les Borders

Des clichés positifs… Qu’on peut enrichir

Soyons honnêtes : les clichés, on adore ça. Tous les groupes sociaux y passent, toutes les nationalités, toutes les cultures du monde. On aime les observer, c’est confortable, un cliché, après tout. Je pense notamment à la série Outlander qui surfe totalement sur l’image pittoresque de l’Ecosse, ses paysages et son accent. C’est bien, c’est positif, mais il faut faire attention à ne pas tomber dans l’excès. Et il ne faut pas se dispenser de réfléchir : aimer les clichés, c’est bien, mais le faire en supportant l’économie locale, c’est mieux. Quitte à acheter des souvenirs d’Ecosse, j’encourage tout le monde à choisir des produits faits en Ecosse et qui font vivre les Ecossais, en évitant les boutiques bradant les imitations de kilts importées.

Dans la même logique, ces éléments culturels que je réduis à des « clichés » ont en réalité un grand poids économique : l’industrie du whisky, pour ne parler que d’elle, est immense et contribue grandement à l’équilibre du pays. Ce n’est pas que du vent, ces clichés, loin de là : tellement d’histoire, de vies, de savoir-faire.

oban scotland whisky

A titre personnel, je réfléchis souvent au rôle de ces clichés. L’autre jour, je m’amusais d’ailleurs à écrire une interview fictive de Nessie, le monstre du Loch Ness. Je me demande aussi si ces clichés bien enracinés peuvent laisser de la place a de nouveaux clichés, plus jeunes et plus réalistes. J’aimerais que ces images d’Epinal soient une porte ouverte vers la finesse et la richesse de la culture écossaise. J’ai envie qu’on parle plus des créateurs, des inventeurs, des auteurs actuels de l’Ecosse. J’ai envie que les actuels débats tournant autour du Brexit montrent une autre facette de l’Ecosse, résolument moderne, à la pointe de la technologie, rock’n’roll.
Pour faire le plein de talents écossais, je vous conseille la chaîne BBC The Social, c’est vraiment super…

Et vous, quels sont les clichés écossais qui vous habitent ? Si vous avez vécu une expérience à l’étranger, comment vos impressions sur le sujet ont-elles évolué ?

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