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Le temps d’un week-end, je suis remontée dans le temps en visitant l’archipel d’Orkney, que l’on appelle les Orcades en français. Non pas que la vie là-bas ait échappé à la modernité, mais c’est à bord d’une antique Acadiane de Citroën que je suis partie à la découverte des vestiges préhistoriques de cet étrange coin d’Ecosse. Pour ce premier voyage, je me suis concentrée sur Mainland, l’île principale de l’archipel. Le reste, c’est pour la prochaine fois !

Orkney, c’est où ?

Orkney  – ou les Orcades, si vous insistez – est un archipel qui se cache “au nord du nord de l’Ecosse”, entre les Shetland et la côte nord de la région du Caithness. On peut y poser le pied en arrivant par avion (on peut voler depuis Glasgow ou Edimbourg avec la compagnie Loganair) ou en bateau (les prix varient selon la saison):

Gill’s Bay – St Margaret’s Hope avec la compagnie Pentland Ferries, une heure de trajet, 16 pounds pour un passager piéton, 38 pounds pour une voiture.
Scrabster – Stromness, avec la compagnie Northlink Ferries, 2 heures, 16 à 20 pounds pour un passager piéton, 53 à 59 livres pour une voiture.
Aberdeen – Kirkwall avec la compagnie Northlink Ferries, 6 heures, 20 à 31 pounds pounds pour un passager piéton, 81 à 110 pounds pour une voiture.

Nous optons pour le départ de Gill’s Bay car c’est un peu moins cher et un peu moins long. Notre voyage est un peu particulier : nous sommes au coeur de septembre, après la haute saison, nous tenons à camper malgré le ciel menaçant et nous voyageons dans une petite voiture qui risque de tomber en panne à tout moment (je blague). Au volant de notre Acadiane magique, mon oncle Jean-Marc. C’est donc aussi un voyage en famille.

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Le voyage en ferry est très agréable, et nous passons tout notre temps sur le pont à observer tous les îlots émiettés autour de l’île principale. On aperçoit bien vite Hoy, impressionnante avec ses très hautes falaises. Nous ne sommes qu’à 16 kilomètres de la côte, et pourtant, on se sent loin. Orkney et ses 67 îles nous tend les bras.

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Jour 1 à Orkney : découvrir Kirkwall

Kirkwall est une petite ville sympathique au centre de l’archipel. Son centre-ville est très vivant et facile à assimiler, on s’y sent vite à la maison.

La cathédrale St Magnus

C’est le monument impossible à louper. Cette cathédrale du 12e siècle est très impressionnante et très différente de tout ce que j’ai vu jusqu’alors. Les pierres toutes « mangées » de sa façade – du grès rouge et jaune – lui donnent un sacré caractère et j’aime bien l’ambiance rougeoyante de son intérieur. Bâtie en l’honneur de St Magnus, la cathédrale témoigne de l’époque « norvégienne » des Orcades.

 

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Le musée de Kirkwall

Gratuit et très intéressant, le musée de Kirkwall se donne la lourde mission d’expliquer toute l’histoire des Orcades. C’est une très bonne introduction, car on comprend rapidement les grosses périodes historiques intéressantes à Orkney : la préhistoire, bien sûr, puis l’occupation « Viking », et enfin le 20e siècle et les guerres mondiales.

On en apprend également beaucoup sur la culture orcadienne, et j’accroche bien sur le « jeu de Ba », un événement unique à Orkney : c’est un matche de foot qui se joue en pleine rue avec un nombre infini de joueurs, le jour de Noël et à Nouvel An. Les deux équipes sont toujours les mêmes – The Uppies et The Doonies, seulement des hommes – et la règle est on ne peut plus simple : il faut ramener le ballon dans son camp. Et tous les coups sont permis. Cela fait plus de 700 ans que ça dure…

Plusieurs balles sont présentées au musée, et on parle aussi des années où les Orcadiennes ont tenté d’organiser un match de Ba pour les femmes, apparemment sans grand succès.

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Visiter la distillerie Highland Park à Orkney

On ne peut pas louper cette grande distillerie sur les hauteurs de la ville : Highland Park a été crée en 1798 et elle est l’une des dernières à malter sa propre orge et à utiliser sa propre tourbe pour le séchage. La visite de la distillerie est très intéressante, justement car toutes les étapes sont faites sur place. Le whisky Highland Park est très réputé en Ecosse, et j’ai moi-même beaucoup apprécié la dégustation car il est à la fois doux et tourbé.

La visite serpente parmi tous les bâtiments de la distillerie et se finit parmi les tonneaux qui attendent patiemment leur tour. On voit tout, jusqu’au montage des tonneaux. J’ai apprécié cette visite très précise et didactique, assez différente d’autres distilleries que j’ai eu la chance de visiter.

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Jour 2 à Orkney : un voyage dans le temps

Nous avons pris une journée pour visiter les vestiges préhistoriques de Mainland, autant que possible, sachant qu’on n’aime pas trop se presser et qu’on roule en Acadiane. Ce qui me marque beaucoup, et qui m’avait fait le même effet dans les Shetland, c’est la facilité d’accès à ces sites et leur nombre. Si les « grands » sites sont payants et fermés (pour Skara Brae, il faut réserver par téléphone), d’autres sont juste posés là, au bord de la route.

Le broch de Gurness

Le broch de Gurness a été le vestige préhistorique qui m’a le plus marquée, peut-être parce que nous y arrivons à l’aube, sous un joli soleil matinal, et qu’il n’y a absolument personne sur le site. Construit en 200 avant JC, ce bâtiment fortifié (une forme vraiment propre à l’Ecosse) était entouré de petites maisonnettes. On se retrouve en fait dans un village préhistorique, et il devient vraiment possible d’imaginer une vie ici, au bord de l’eau. Une quarantaine de familles pictes vivaient là, initialement, mais le site a été aussi utilisé par les Vikings plus tard.

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Skara Brae

C’est LE site célèbre des Orcades. C’est un village du néolithique où l’on peut visiter une maison reconstituée (elles semblent toutes être construites sur le même modèle, serait-ce les ancêtres des grands ensembles?) et c’est très touchant de se retrouver dans cet espace, avec le foyer au centre, les petits lits en pierre et l’étagère en pierre, façon famille Pierrafeu.

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Le village se trouve au bord d’une plage magnifique, ce qui rend la visite vraiment inoubliable. On comprend pourquoi les villageois ont choisi cet endroit pour construire leurs habitations… Il y a aussi beaucoup d’infos sur la découverte du site et sur les différentes phases de fouilles archéologiques, qui donnent envie d’y être.

On peut également visiter le petit château de l’ancien propriétaire des lieux, Skaill House. La maison date du 17e siècle et on peut en parcourir toutes les pièces. William Graham Watt, le seigneur de Breckness, y vivait. C’est lui qui a découvert les vestiges de Skara Brae en 1850.

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Le cercle de Brodgar

Ah, un bon vieux cercle de menhirs, mes préférés ! Après avoir fait l’idiote en prétendant toquer aux pierres façon Outlander, je fais le tour de cet immense cercle, très impressionnant. 27 mégalithes dressés sur une étroite bande de terre, ça fait de l’effet. Conçu à l’âge de bronze, plus de deux siècles avant JC, il comptait à l’époque une soixantaine de pierres. Un cercle parfait. Et pourtant, on ne connaît toujours pas la réelle signification de ce lieu..

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Les pierres levées de Stenness et l’ancienne ferme

Un peu après le cercle de Brodgar, on peut également admirer les mégalithes de Stenness, un peu moins impressionnants car moins nombreux : il ne reste que quatre des douze pierres originales. La plus grande culmine à six mètres, et on se demande vraiment comment et pourquoi ces pierres se sont retrouvées là. Si on marche un peu plus loin, on tombe sur les ruines d’une ancienne ferme composée de plusieurs bâtiments – on l’appelle The Barnhouse, mais d’autres sources pensent qu’ils s’agissaient peut-être de la maison d’un prêtre. Ces ruines sont ouvertes et accessibles à tous. On y ressent beaucoup de sérénité, à être seul face à ces maisons dont on ne sait rien. Tant pis.

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Le tombeau de Maeshowe

Toujours dans le même quartier, on visite le tombeau de Maeshowe, l’une des dernières tombes collectives qui date de 2750 avant JC. Pour la visiter, il faut contacter le centre des visiteurs et s’inscrire car on ne peut y accéder qu’avec un guide. La visite dure environ 45 minutes.

De loin, on dirait juste une petite colline. Mais en fait, une petite porte s’ouvre sur un couloir étroit long de 9 mètres, où il faut s’accroupir et progresser peu à peu. On débouche ensuite sur une grande pièce mortuaire carrée – des hirondelles y ont fait un nid et y nourrissent des oisillons lors de notre visite, c’est trop mignon.

Si on sait peu de chose sur les gens qui y ont été enterrés, on a la preuve, sur les murs, du passage des Vikings, qui y ont laissé plusieurs graffitis.

Comme j’aime bien les petits détails rigolos, voilà ce que je retiendrai de Maeshowe : cette tombe collective a été construite de manière à ce que, au solstice d’hiver – le 21 décembre – le soleil couchant vienne illuminer les chambres mortuaires. On peut suivre cet événement d’un peu partout grâce aux webcams installées pour l’occasion. Seule inconnue : le soleil sera-t-il présent ?

Les tombes collectives d’Unstan

Petit vestige surprise, que nous découvrons grâce à un panneau sur la route. C’est un lieu très similaire à Maeshowe, sauf qu’il est libre d’accès – on compte sur vous pour refermer la porte derrière vous – et un peu caché. Datant de la même époque que Maeshowe, il a été découvert à la moitié du 19e siècle et a été beaucoup visité depuis. La preuve, on y trouve des graffitis laissés par des visiteurs en 1891…

Jour 3 à Orkney : Stromness, Scapa Bay et les vestiges de la guerre

Stromness, coup de coeur à Orkney

L’autre petite ville de l’archipel, c’est Stromness, au sud de l’archipel. Elle est vraiment adorable et m’a plus plu que Kirkwall. Nous y avons planté la tente près d’un cimetière, à l’extérieur de la ville, avec une magnifique vue sur l’île d’Hoy. Le port est aussi très mignon, et je préfère simplement partager quelques photos, j’ai déjà été très bavarde dans cet article 🙂

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La chapelle italienne

A voir absolument. Durant la Seconde Guerre mondiale, des prisonniers de guerre italiens étaient retenus à Orkney et doivent construire les « barrières de Churchill », ces digues qui « ferment » l’archipel d’Orkney. Elles ont été édifiées dans les années quarante pour protéger la baie de Scapa. Aujourd’hui, elles sont transformées en routes.

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Après leur travail acharné sur les digues, les prisonniers italiens, voulant un lieu de culte, ont décidé de construire, entre 1943 et 1945, une magnifique petite chapelle. Ils n’avaient alors accès qu’à très peu de matériaux et ont dû faire preuve de beaucoup de courage et d’ingéniosité. On voit, sur la photo, que la façade de la chapelle repose sur deux « huttes » de tôle. L’intérieur est très beau, très simple, et très joliment peint. Il est touchant de voir que ces prisonniers ont mis tant de coeur à la tâche alors qu’ils ont été rapatriés rapidement après avoir fini leur chapelle.

Après la fin de la guerre, des liens très forts ont été gardés avec ces anciens prisonniers, qui sont souvent revenus voir leur chapelle. C’est un beau symbole de réconciliation…

Les épaves de Scapa Flow

J’avais lu quelques mots sur l’histoire des « barrières de Churchill » et des épaves d’Orkney mais je dois dire que la vue de ces bateaux à demi noyés m’a vraiment choquée en arrivant dans l’archipel.
Les histoires se mélangent. D’abord, il faut se replacer en 1919, après l’Armistice de la Première Guerre mondiale. Plusieurs navires de la flotte allemande sont alors gardés à Scapa Flow, mais, le 21 juin, les Allemands décident de saborder eux-mêmes leurs navires pour éviter de les voir passer aux forces alliées. 52 des 74 navires ont alors coulé, les Britanniques ayant pu en sauver quelques-uns. Parmi toutes ces épaves, beaucoup ont été sorties de l’eau mais d’autres dorment toujours au fond de la baie, pour le plus grand plaisir des plongeurs.

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Ensuite, on se projette en 1939, quand le navire HMS Royal Oak est coulé par un sous-marin allemand, qui avait réussi à se faufiler jusqu’ici, à marée haute. L’attaque fait plus de 800 morts. Le sous-marin réussit même à s’enfuir, et les Nazis décriront cette attaque comme l’un de leurs exploits les plus spectaculaires de la guerre.

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L’épave du navire est devenue un cimetière militaire, où les plongeurs ne peuvent pas aller.

Nos bonnes adresses

The Reel à Kirkwall : un café bar qui accueille des groupes tous les week-ends, c’est the place to be pour sortir un peu à Kirkwall.

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The Strynd Tea Room à Kirkwall : parfait pour un afternoon tea ou un « soup and sandwich » au déjeuner. Une petite équipe sympa dans un café aux couleurs pastel qui irradie de douceur.

The Kirkwall Hotel : un très bon gastropub pour dîner le soir, où l’on peut s’empiffrer de toutes les spécialités écossaises. On vous recommande le Sunday roast !

Gerri’s Ice Cream Parlour : un tout petit salon de thé spécialisé dans les glaces (uniquement faites à Orkney) où l’on s’arrête pour un goûter. Durant l’été, la patronne organise un concours : les vaillants gourmands qui arriveront à avaler une glace de 15 boules verront leur nom ajouté à la liste des précédents athlètes. Et ça marche depuis des années.

The Ferry Inn à Stromness : un bon vieux pub comme on les aime au menu bien garni, proposant beaucoup de produits de la mer. Normal quand on fait face au port…

Et voilà, c’est la fin de cet article fleuve. Je finis en partageant quelques photos de ces paysages qui m’ont beaucoup accrochée, avec leurs jolies couleurs…

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