Une nuit en camping sauvage interdit ?
Je vous ai laissés la fois dernière pour m’abriter des midges voraces dans notre tente, quelque part sur la West Highland Way. Plantée juste à côté du panneau qui interdit spécifiquement le camping sauvage. Allez, on va mettre notre réveil vers 7h pour décamper (c’est le cas de le dire) le plus vite possible au lendemain matin. C’est sans compter sur le fait que notre conscience allait nous interdire de dormir. Au moindre bruit, on sursaute. Notre imagination s’emballe : que se passe-t-il si on se fait choper ? Est-ce qu’ils nous attendent le lendemain avec des chiens prêts à se jeter sur nous pour nous arracher un bras, une jambe et potentiellement la tête ? Est-ce qu’ils enchaînent la tente et l’embarquent, avec nous à l’intérieur ? Ou est-ce qu’ils nous réveillent avec des hurlements et des coups dans la tente pour nous enfermer avec un Ecossais en cellule de dégrisement ? Cette dernière est ma favorite parce qu’au moins, on pourra finir la nuit dans un lit.

À minuit, des bruits se font entendre. Je me raidis dans mon sac de couchage. Je sens que toute la tente retient sa respiration. Oui oui, il y a bien des gens à l’extérieur, ce sont des voix qu’on distingue. Et puis soudainement, un bruit plus métallique. On se rassure en se disant que ce sont sans doute des pauvres randonneurs qui, en désespoir de cause, ont eux aussi planté leur tente à côté, genre soyons solidaires ensembles. Le reste de la nuit passe entre sursauts et vagues absences ensommeillées. Quand le soleil pointe à peine, je regarde mes compagnons de route. La même idée nous traverse l’esprit : inutile de rester plus longtemps, on ne dormira pas vraiment. C’est donc vers 5h30 qu’on ouvre timidement la tente. Les midges sont endormis et on voit une seconde tente. On est rassuré. On remballe tout et on passe se rincer vite fait sur les bords du loch. Là, un sac de couchage solitaire. Son propriétaire nous explique qu’il s’est fait avoir comme nous le soir. Mais il n’a pas pris la peine de monter sa tente. On rit tous un peu jaune de notre mésaventure et on se souhaite une bonne journée.

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Jour 3 – De Rowardennan à Inversnaid (11km)

On traverse la forêt en silence, chacun plongé dans ses pensées. À moins que nous soyons tous les trois trop épuisés pour parler. Et puis on doit se concentrer sur nos pas : le chemin est très étroit, pas vraiment praticable quand on porte un gros sac de rando d’une dizaine de kilos. Plusieurs fois, je manque de glisser. Je n’envie pas celui qui se planterait : en contrebas, des branches cassées ressemblent fortement à des énormes pieux. Quelques midges essaient de venir nous manger sans grande conviction. On arrive à les chasser. Il fait trop chaud pour eux, donc ils nous laissent plutôt tranquilles.

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En vrai elle est vachement plus jolie !

Et puis on arrive vers une petite cascade d’eau vraiment jolie. Derrière, on aperçoit un bâtiment : l’hôtel d’Inversnaid. Il y a un jardin avec des tables de pique-nique et un peu plus loin, les bateaux qui permettent de rejoindre l’autre rive du Loch Lomond.

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On s’assoit, harassés à l’une des tables. Je pense qu’on y reste bien une petite heure, discutant de la suite de la journée : il n’est que 11h après tout. Le restaurant de l’hôtel nous apparaît bien attractif pour le midi. En regardant le guide, on s’aperçoit qu’il y a un refuge de campeurs un peu plus haut dans la montagne avec des emplacements pour tente. On appelle pour se renseigner : il y a de la place pour ce soir, youpi ! Personne ne se sentait de continuer encore à marcher en réalité. On se dirige donc vers l’hôtel pour déjeuner. Il y a quelque chose de très marrant à rentrer dans un hôtel étoilé avec des sabots tout crottés sans que personne ne s’en offusque : c’est monnaie courante ici.

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On a trouvé la solution ultime contre les chaussures trempées !

Après avoir mangé, on entame la courte mais fatigante montée vers notre étape du jour. Et là, le coup de foudre se produit : nous sommes arrivés à Inversnaid Bunkhouse. Une petite église de montagne nous fait face et je sais d’office qu’on sera bien ici ! Le check-in se fait rapidement : on nous explique qu’on paiera tout à la fin, façon ardoise. Le réceptionniste nous fait faire le tour du propriétaire : le salon avec ses instruments de musique, ses canapés en cuir, la télé avec lecteur DVD et console de jeux. C’est ici qu’il y a le restaurant gastronomique aussi. En bas, il y a le jacuzzi, le salon de jardin. Aussitôt notre tente plantée, je vais prendre une douche. Le reste de l’après midi se passe au soleil, à bouquiner. Pas la moindre culpabilité quant au fait qu’on perd du temps sur la randonnée. Et si jamais j’en avais eue, elle aurait été annihilée quand on nous apporte un lemon drizzle cake maison parce que « vous avez l’air d’en avoir besoin »… Je suis au paradis !

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Le soleil commence à disparaître à l’horizon et les midges s’activent. Il est temps de passer à l’étage, pour manger. On discute avec les quelques randonneurs présents dans la salle à manger. Le repas arrive, délicieux, gourmand, parfait. La décision est prise : on va rester ici demain aussi.

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Jour 4 – Sous la pluie à Inversnaid

On se réveille sous la flotte. Si jamais on avait un doute sur le fait de passer la journée sur place, ou de continuer la route, la météo aurait pris la décision à notre place. On va marcher dans les environs, et dire bonjour aux vaches des Highlands. On se renseigne tout de même sur la suite de nos aventures.

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Jour 5 – De Inversnaid à Crianlarich en bateau

Notre amie doit rejoindre Glasgow dans un jour pour reprendre l’avion. On décide de prendre le bateau au matin pour rejoindre la route de l’autre côté du Loch Lomond et de là, choper un bus pour aller jusque Crianlarich, la gare la plus proche de là où nous sommes.

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Le guide nous indique l’arrêt de bus le plus proche de l’arrivée du bateau… Mais on a beau chercher l’abri, pas moyen de le trouver. On en conclut qu’il suffit de se poster sur le bord de la route en croisant les doigts pour ne pas se faire renverser et faire des grands signes au bus quand il arrive. Je suis assez sceptique sur cette méthode. Pas vraiment d’horaire non plus. Alors on attend une petite heure avant de voir le bus arriver. Effectivement, les grands signes pour qu’il s’arrête, ça fonctionne. On rejoint donc Crianlarich. C’est un petit village assez récent dont toutes les maisons sont en réalité des B&B. On arrive assez facilement à en trouver un qui est prêt à nous accueillir. Je ne pense pas que beaucoup de randonneurs s’arrêtent par ici, sachant qu’il y a Tyndrum quelques kilomètres plus loin avec des campings et des magasins.

Le soir, on mange au pub local, le Rod and Reel. La cuisine est simple mais bonne et l’ambiance est déchainée : les cinquantenaires se défient au billard en écoutant le juke box dégueulait le rock des années 70. Les soirées à Crianlarich, c’est l’éclate !

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Et sinon t’as piné ?

whw pas marché