Si apprendre l’anglais n’était pas mon objectif principal, vivre en Ecosse m’a beaucoup aidée à me sentir à l’aise avec cette langue. Comment, en quelques mois, ai-je réalisé des progrès en anglais ? Et est-ce une bonne idée de choisir l’Ecosse si on souhaite apprendre l’anglais ?

Apprendre l’anglais : l’Ecosse, une destination de choix

A l’instant où j’attaque ces lignes, je suis installée dans la petite auberge de jeunesse où je travaille. Je profite d’un moment de pause pour noter quelques idées pour cet article consacré à l’apprentissage de l’anglais en Ecosse. Un coup de sonnette m’interrompt : c’est une jeune Espagnole qui cherche l’hostel où elle va commencer un volontariat. Elle s’est trompée, car je n’attends personne, et je l’envoie donc à la bonne adresse. Mais cet échange nous a pris 5 minutes (incluant des mots d’espagnol et de français) car le niveau d’anglais de la jeune femme était très bas. Une idée m’a traversée l’esprit : ses premiers jours face à la clientèle vont être compliqués. Mais une autre à suivi : dans quelques semaines, son anglais aura beaucoup évolué.

Dans l’optique d’apprendre la langue anglaise, le choix de cette jeune femme est très malin : elle opte pour un volontariat (type woofing ou Helpx) où l’on se base sur l’échange, l’apprentissage. Elle ne sera pas rémunérée mais hébergée gratuitement contre quelques heures de travail à l’auberge. La pression est donc minimale : comme elle n’est pas payée, difficile d’en exiger trop de sa part. Elle est là pour apprendre, et aider. A noter que cette solution est intéressante uniquement si l’on dispose déjà d’un peu d’anglais. Difficile d’accueillir des voyageurs si l’on ne parle pas un mot…

L’Ecosse me semble être un très bon choix pour venir apprendre l’anglais pour plusieurs raisons :

✰  Le pays reste plus abordable que Londres, par exemple, ou d’autres grandes villes d’Angleterre. C’est peut-être moins le cas pour Edimbourg, mais pourquoi ne pas choisir une autre région d’Ecosse ?

✰ La gentillesse des Ecossais : c’est peut-être con à dire mais il est toujours plus facile de progresser quand on sent que l’on est dans un environnement serein.

✰ L’accent est choupi ! S’il peut faire un peu peur d’entrée de jeu, l’accent écossais se décrypte très rapidement (je vous raconte plus bas) et l’on découvre, avec délice, qu’on peut facilement en prendre quelques sonorités 🙂

✰ Il y a de nombreuses écoles de langue, tant à Edimbourg, Glasgow ou Aberdeen, où l’on peut suivre des cours intensifs d’anglais. La ville d’Edimbourg elle-même propose des leçons. Il y aussi plein de cafés qui ont des sessions de conversation en plusieurs langues.

Après un an et demi en Ecosse, suis-je bilingue ?

C’est assez rigolo : j’ai toujours cru que bilingue, ça voulait dire avoir deux langues natales. Qu’il fallait avoir une connaissance vraiment parfaite, instinctive et profonde de deux langues différentes, mais acquises dans le jeune âge. J’ai fait quelques recherches sur la définition du bilinguisme et je me rends compte que ce n’est clair pour personne. J’en discutais avec un ami français installé en Ecosse depuis longtemps, qui considérait que le fait d’être bilingue incluait aussi le fait d’être capable de saisir les contextes, les références, ce qui n’est pas toujours facile. Il y a aussi toute une dimension culturelle, il ne s’agit pas là uniquement d’être capable de maîtriser une langue. Je vais donc en rester à une définition simple : est bilingue celui qui est à l’aise avec deux langues, même si ces deux langues ne sont pas à parfaite égalité dans son cerveau. Je me suis donc demandée : suis-je bilingue ?

✰ Je peux passer du français à l’anglais avec beaucoup d’aisance

✰  Je possède beaucoup de vocabulaire en anglais (et j’apprends de nouveaux mots chaque jour)

✰  Je ne me fais pas vraiment confiance et je fais toujours relire mes productions écrites, mais elles me reviennent souvent avec seulement quelques corrections. Je n’ai pas une connaissance aussi fine de l’anglais grammatical que du français. En français, j’ai un instinct qui me dicte ce qui est juste ou faux.

✰  Il m’arrive de rêver en anglais. J’ai parfois quelques accès de somnambulisme et on m’a dit que j’ai déjà parlé en anglais durant l’une de ces périodes. Ce qui m’a plutôt surpris !

✰ Je fais des vannes en anglais (mais cela dit, je ne comprends pas toujours toutes les blagues des autres)

✰  Je n’arrive plus à décider de ne pas comprendre une chanson en anglais (passer en mode yahourt quoi)

✰ J’ai déjà donné des cours d’anglais à des enfants et je me suis sentie très à l’aise

Une fois ces choses dites (j’espère que je ne donne pas l’impression de me jeter des fleurs : j’essaye juste d’évaluer à quel point l’anglais est enraciné dans mon cerveau), j’essaye de comprendre quelle part de cette nouvelle compétence est imputable à mon expérience à l’étranger. Si c’est la première fois que je vis à l’étranger, j’ai passé pas mal de temps sur la route et j’ai eu le temps de pratiquer mon anglais. Par ailleurs, j’ai toujours eu quelques facilités pour les langues (étrangement, sauf pour l’allemand) et j’ai surtout progressé en m’intéressant à des groupes de musique, des auteurs, en regardant des séries ou des films…

Je peux clairement affirmer que vivre en Ecosse m’a beaucoup fait progresser en anglais : je me souviens de mes premiers jours ici, où il m’était difficile de comprendre les chauffeurs de bus, les employés de banque… C’est dans un premier temps l’accent qu’il m’a fallu apprivoiser. Rapidement, on apprend à reconnaître comment les phrases sont construites et chantées en Ecosse. Je crois qu’une plongée directe dans le bain linguistique est le plus efficace, même si parfois, c’est très fatigant. Comme je travaille dans le tourisme, je parle anglais tout au long de la journée. Parfois, le soir, je n’en peux plus, je suis embrouillée, je n’y arrive plus. C’est alors l’heure de prendre un peu de repos…

Musée d'art moderne - Glasgow

Je me souviens également du jour où j’ai rencontré mon nouveau colocataire écossais : je devais vraiment me concentrer pour comprendre ce qu’il racontait, car il avait un accent prononcé et parlait très vite. Je me suis sentie vraiment perdue et un peu triste, car je vivais à Edimbourg depuis plus de huit mois. Mais tout est une question d’habitude : après quelques semaines, j’avais appris à décrypter sa manière de parler et je lui ai même volé quelques expressions : lancer un grand « ohhhhh deeeearie meeee » quand on se sent fatigué. J’adore.

Mon anglais s’est un peu « écossisé » si on peut dire : je roule quelques R (surtout dans le mot tomorrow) mes « O » sont bien plus accentués (tomorrow toujours, hein), je place le mot « wee » un peu partout (ça veut dire « petit » : let’s go for a weeee walk, mate !) et je me présente comme « Sèèèra » quand je parle à une personne avec un fort accent écossais.

Travailler en anglais : est-ce si compliqué ?

Tout s’apprend, ma bonne dame ! Pour moi, la plus grande difficulté dans le fait de travailler en anglais a été d’enrichir mon vocabulaire. J’ai dû apprendre toute une foule de nouveaux mots à la fois, relatifs à la vie dans une auberge de jeunesse. Du mot « balayette » à « taxe sur la valeur ajoutée », j’ai dû tout absorber.

Aujourd’hui, je suis capable d’écrire des emails professionnels, de défendre ma position au téléphone dans une conversation qui peut parfois être conflictuelle. Bien sûr, je continue à progresser. Je me souviens du jour où j’ai appris la différence entre « I’ll get back to you very soon » (je reviens vers vous très vite) et « I’ll get back at you very soon » qui veut plus dire « je vais vous engueuler bientôt », en quelque sorte. Une situation… que je préférerais éviter !

J’apprécie de travailler dans un univers où beaucoup de voyageurs se mélangent : de ce fait, on me passe bien volontiers mes petites erreurs. Le fait de ne pas être une « native English speaker » rend également plus facile la compréhension des voyageurs qui ont un très faible niveau d’anglais : mon anglais est plus lent, plus articulé que celui de mes collègues écossais.

Un cerveau un peu mélangé

Il y a aussi des moments où je réalise que mon cerveau est totalement perdu entre le français et l’anglais.

✰ Oui, parfois je parle en français avec des mots anglais et c’est insupportable. Super annoying quoi !

✰ L’autre jour, je discutais avec mon patron tout en prenant des notes. Mon chef s’est alors penché sur mes notes et s’est mis à rire : certaines entrées étaient en anglais, d’autres en français, d’autres mixaient les deux langues. Problème : je ne m’en étais pas du tout rendu compte.

✰ Vous l’avez peut-être remarqué, et je m’en excuse : je laisse parfois des coquilles passer dans mes articles ! Heureusement, ma gentille maman me relit toujours. Et récemment, elle m’a dit… Que je faisais de plus en plus de fautes de français. Ce qui est assez terrifiant. Du coup, j’ai décidé de lire beaucoup plus en français cette année !

✰ En étant parfois un peu trop fatiguée, il m’est arrivée de parler en français à des anglophones sans m’en rendre compte. C’est assez perturbant de parfois s’entendre parler une langue lorsqu’on pensait employer l’autre…

Pour conclure : si l’idée de venir en Ecosse pour améliorer votre anglais vous a traversé l’esprit, sautez le pas ! N’ayez pas peur de l’accent, n’ayez pas peur d’être tout seul. Si vous n’êtes pas capable de voir le premier Trainspotting sans sous-titres, c’est normal. Mais tenter l’expérience vaut vraiment le coup : ce sera une vraie fierté, après quelques semaines, de voir tout le chemin parcouru !