Il est loin, ce jour d’été où je bouclais mon unique sac pour partir vivre à Edimbourg, la gracieuse capitale de l’Ecosse. Huit mois plus tard, il est temps de tirer un premier bilan : le logement, le boulot, les découvertes, on en est où ? Mais pourquoi faire un bilan maintenant ? Parce que plusieurs petits changements me donnent l’impression d’entamer une saison 2…

Huit mois parfaits en Ecosse

Depuis le début, j’ai de la chance avec cette histoire d’expatriation en Ecosse. Lorsque je prends la décision de partir, au courant du mois de mai, mes amis Tao et Camille me proposent de partager un appartement avec eux et comme si ce n’était pas assez cool comme ça, nous montons le projet French Kilt, qui nous ravit au quotidien. J’ai trouvé un poste dans une jolie auberge de jeunesse en un claquement de doigts, comme si tout cela devait arriver. Quelques heures par semaine, à la rencontre de voyageurs venus de la planète entière, histoire de payer le loyer et de continuer à explorer l’Ecosse. Equilibre parfait.

Cet article est parsemé de photos d'un coucher de soleil à Newhaven... Envoûtant !

Cet article est parsemé de photos d’un coucher de soleil à Newhaven… Envoûtant !

Aujourd’hui, je m’apprête à prendre les rênes de mon auberge pour quelques mois. Plus d’heures, plus d’engagement, plus de responsabilités. Un challenge qui me va parce que je sais qu’il se limitera dans le temps : après une saison bien chargée, je pourrais partir explorer l’Ecosse – ou une autre terre mystérieuse – de fond en comble.

Et parce que j’aime bien avoir du changement régulier dans mon quotidien, je vais déménager. Je suis triste de quitter les meilleurs colocs du monde (#teamcoriandre) mais je suis aussi contente d’aller partager le quotidien de deux gentils Ecossais venus de Perth ! Ce sera l’occasion de prendre de nouvelles habitudes dans un quartier intéressant à Edimbourg : Leith.

L’Ecosse, une expatriation « facile » ?

Si proche de la France, et pourtant si dépaysante, l’Ecosse est une destination de choix quand on veut s’expatrier. Si certains peuvent être rebutés par une météo plus fraîche, d’autres trouveront beaucoup d’avantages à l’Ecosse : une fiscalité plus légère, une monnaie plus forte que l’Euro (pour le moment, on verra ce que donne le référendum sur la sortie de l’Europe), beaucoup d’opportunités professionnelles. Et surprise, le Consulat général de France vous donne plein d’infos ici.

Trouver un emploi d’appoint a été une chose très simple. Même si on peut le critiquer sur plein d’aspects, le « contrat zéro heure » permet de décrocher très facilement du boulot dans les multiples cafés, restaurants, hostels, salles de cinéma de la ville… Je savais, naturellement, que je ne pourrais exercer mon métier de journaliste sur place, même si je continue à travailler avec des publications francophones en tant que pigiste. Cela dit, après quelques mois d’acclimatation, je sens que je pourrais également trouver un emploi qui correspond plus à ma formation. Par ailleurs, beaucoup de freelance sont heureux de travailler depuis Edimbourg, comme Tao, puisque le système est plus simple qu’en France et que, dans les grandes villes, on peut facilement se construire un réseau.

A mon goût d’expatriée-qui-vient-pas-de-Paris, le logement est assez cher à Edimbourg, et je ne connais que très peu de gens qui ont les moyens de vivre seuls dans un appartement. Beaucoup de gens fonctionnent avec des colocations. La quête du St-Graal, si elle peut être compliquée en septembre avec les flots d’étudiants, n’est cependant pas plus pénible qu’ailleurs. Cela dit, comme nous l’expliquions dans notre check-list de l’expat en Ecosse, arriver fraîchement de France peut conduire les futurs expatriés à devoir payer plusieurs loyers d’avance, faute « d’ancienneté ».

Dans mon cas, les cases « emploi » et « logement » ont été cochées avec beaucoup de facilité. Je concède avoir été moins efficaces avec les – rares – démarches administratives et si j’avais un conseil à donner, c’est de ne pas oublier de s’inscrire rapidement chez le docteur. Vous sentez le regret, dans cette phrase ?

Tomber malade en Ecosse

Petit focus sur une sacrée expérience que j’ai faite en Ecosse au début de l’année : j’ai testé de fond en comble le système de santé. J’ai appris quelque chose d’intéressant : d’une part, l’accès à une consultation de médecine généraliste est gratuit, tout comme les médicaments prescrits. Pour les spécialistes, c’est un peu différent, et au cas par cas. D’autre part, on donne des arrêts maladie assez généralement, pour la simple et bonne raison qu’ils sont… très mal rémunérés. 88 pounds par semaine, si l’entreprise n’a pas une prise en charge différente.
En janvier, j’ai écopé d’une vilaine pneumonie qui m’a empêchée de travailler durant six semaines. Il a fallu dix jours avant de trouver le bon diagnostic : consultations très courtes, obligations de faire le minimum d’interventions. Le système, poussant les professionnels à faire le plus d’économies possible, peut en fait pousser à faire plus de dépenses : deux tests sanguins, quatre visites, première radio au bout de 12 jours de maladie. Et plus de risques pris. Donc voici le conseil de mamie Sarah : allez vous inscrire dès votre arrivée ! Et plus vite que ça. Sur le plan personnel, j’ai réalisé combien il peut être difficile d’être affaibli dans un pays étranger, où l’on connaît mal le système, où l’on peut rapidement être très isolé et tenter d’ignorer le problème. Avant ma troisième consultation (rires) j’ai vraiment dû faire un effort pour retourner chez le docteur, parce que j’étais vraiment découragée et tout cela me demandait énormément d’efforts.

Faire son trou dans une nouvelle société et devenir encore plus Européen

C’est inestimable : voir un truc simple, un beau paysage, un coucher de soleil, un mec sympa, et se dire « mais quelle chance j’ai de vivre ici ». Voilà pour moi la plus belle réussite de l’expatriation : être émerveillé par des petites choses au quotidien, être entre le « je suis chez moi, je connais » et le « j’ai tout à découvrir ». Toujours tout remettre en question. Ouvrir ses oreilles. Parfois, se lever aux aurores pour aller visiter tel village et faire ouvrir des yeux ronds aux collègues écossais en leur disant « ah tiens, hier, j’étais à Dunfermline, c’était chouette ! ». Pour eux, c’est juste un bled fade sans intérêt. Pour moi, c’est un lieu nouveau et mystérieux. Je l’expliquais déjà dans ma déclaration d’amour à l’Ecosse : à nous de nous émerveiller des petites surprises qu’on veut bien voir !

Autre truc très positif dans mon bilan : les rencontres perpétuelles. Je rencontre énormément d’Ecossais – forcément -, d’Anglais, de Lituaniens, d’Espagnols, de Polonais… Ce qui me donne un sentiment encore plus profond d’appartenance à une grande nation d’Europe. Quelle classe de pouvoir s’installer ici sans demander d’autorisation.

Je pense souvent à cet Ecossais fictif qui, lui aussi, a quitté sa petite ville un jour d’août pour aller s’installer en France. A l’heure qu’il est, il est probablement en train d’écrire un article sur son blog qui s’appelle « Pourquoi les Français ne sont en fait pas si arrogants » ou « En fait, en France, il n’y pas que Paris ». Ou encore « L’Alsace, la plus jolie région française »…

Et pour les huit prochains mois ?

Nul ne sait combien de temps je resterai en Ecosse (si quelqu’un a une info, qu’il me fasse signe) mais voici plusieurs choses que j’ai envie de faire dans les mois à venir :

  • Profiter pleinement de l’été, des barbecues dans Hollyrood Park avec Tao et Camille…
  • Planifier un véritable programme pour le Fringe, en août, en sélectionnant des spectacles qui m’intéressent
  • Découvrir le nord de l’Ecosse, puisque j’ai beaucoup visité le « sud » pour le moment. Une ville est sur le top de ma liste juste parce que son nom est trop fun : Ullapool !
  • M’habituer à conduire « de l’autre côté »
  • Faire plus d’activités « outdoor » : randonnée, canyoning…
  • Finir de lire « Histoire de l’Ecosse » de M. Duchein. Un effort sur la distance…
  • Apprendre la recette du « sticky toffee pudding »
  • Ecrire des portraits d’Ecossais sur French Kilt

 

Une photo publiée par @french_kilt le