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Pour la ville de Stornoway, la capitale des Hébrides extérieures, j’ai eu une étrange sensation d’attraction / répulsion. C’était la dernière étape du voyage, celle qu’on vise mais qu’on ne veut jamais atteindre. Stornoway est une ville qui traîne une image de bourg morne et pluvieux, où l’on s’échine à fabriquer du boudin noir. J’ai découvert une ville rayonnante, vibrante, avec un bouillonnement culturel insoupçonné.

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Stornoway ou le retour à la vie citadine

Nous arrivons à Stornoway de bon matin, après avoir laissé derrière nous la côte ouest pour de bon. Quitter le village de Gearrannan de bon matin m’avait un peu pincé le coeur et j’ai passé le trajet de bus entre la côte ouest et Stornoway le front tristement collé à la vitre, enroulée sur moi-même. Aller en ville ? Mais pourquoi ?

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Par la vitre du bus..

Heureusement, le soleil est encore avec nous. Après m’être traînée hors du bus avec difficulté, nous nous mettons en quête de Heb Hostel, où nous allons passer trois nuits. Nous sommes accueillis avec chaleur et simplicité par Christine, ses enfants, et ses deux « woofeuses », deux jeunes filles allemandes qui sont logées gratuitement en échange de quelques services. J’ai un coup de coeur pour cet hostel familial, propre et joyeux. Christine et sa famille vivent dans un petit cottage, à l’arrière de l’hostel. Soudain, j’ai l’impression que c’est la vie rêvée.

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Première étape : faire des courses. Un peu candide, je m’étonne de voir que le supermarché ferme à 22 heures. Après deux semaines à se renseigner précisément sur les heures de fermeture des échoppes, ça fait bizarre. On comprend rapidement comment le centre-ville s’organise : un quadrillage de petites ruelles agrémentées de boutiques, cafés et petits restaurants, un grand parc avec un château. Je jette rapidement mon dévolu sur An Lanntair, la salle culturelle de la ville. On ne le sait pas encore en arrivant, mais on va y passer beaucoup de temps : un déjeuner le premier jour, après avoir laissé nos affaires à l’auberge. Une exposition, un petit tour dans la librairie… Des petits concerts. Il y a toujours un truc à faire. Mon meilleur sera sans doute la séance de « pocket cinéma » – gratuite – à An Lanntair : Benjamin repère qu’un film d’horreur iranien est programmé et nous décidons d’aller voir ce film, pour le fun. En arrivant, le réceptionniste est étonné : quelqu’un s’est pointé pour le film ! On nous installe alors dans une petite pièce ronde, pleine de poufs et de coussins. C’est là que l’on s’installe comme des pachas pour regarder le film. Vraiment mémorable !

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Du petit port de Stornoway à Lews Castle

En deux temps, trois mouvements, je me sens chez moi à Stornoway. Consciente que le temps magnifique a son rôle à jouer là-dedans, je réalise tout de même qu’on s’est très vite attachés aux personnes rencontrées à l’hostel, et on a rapidement la sensation de croiser les mêmes gens au centre du bourg. Rapidement, on ressent la force de la communauté de Stornoway. On rencontre même un monsieur avec qui nous avions papoté lorsqu’on marchait au bord de la route, vers Callanish !

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Avec son port perché sur une jolie baie et son aéroport tout près, Stornoway est véritablement la porte d’entrée majeure des Hébrides Extérieures. J’aurais également apprécié de commencer mon voyage à Stornoway, pour avoir une idée générale de l’esprit de cet archipel. Mais finir l’aventure ici était, au fond, pas si mal. Un très beau point final.

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Face au port de la ville, un grand parc entoure un château qui ne ressemble en rien aux châteaux écossais habituels : il date de l’époque victorienne et appartenait, à l’époque, au propriétaire de l’île. Aujourd’hui, il est utilisé pour divers événements mais abrite aussi le tout nouveau musée nan Eilean, ouvert a l’été 2016, qui explore toutes les facettes de l’identité hébridéenne. Avec une muséographie agrable, moderne, et ludique, cet endroit m’a beaucoup plu. On commence la visite par un beau film projeté sur trois écrans qui ne fait que montrer des plans fixes des paysages des Hébrides extérieures. Et on se laisse ensuite porter d’un portrait à l’autre, qui présentent tous les gens de l’île. Les fervents défenseurs du gaélique, les enfants, ceux qui ont choisi d’abandonner le « continent » pour vivre dans les Hébrides. Enfin, une dernière salle distille un peu de la culture hébridéenne, et je retrouve quelques unes de mes histoires préférées, comme celle des Chessmen de Lewis par exemple.

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Faire un tour de voilier à Stornoway

Grâce à Christine, de Heb Hostel, nous avons eu la chance de faire un tour en voilier dans la baie de Stornoway. Tout va très vite, et sans trop comprendre, on se retrouve à enfiler un pull en plus pour aller naviguer. Et tout ceci grâce à l’association Falmadair, qui promeut l’héritage de navigation à la voile dans les Hébrides. En fin de journée, alors que le soleil a disparu, on embarque avec une drôle d’équipe à bord d’un vieux voilier. Je n’ai jamais fait de voile, Benjamin non plus. Le capitaine du bateau nous apprend quelques noeuds et nous annonce qu’il va nous faire travailler pendant le voyage. Comme je ne comprends que la moitié de ce qu’il raconte, je commence à paniquer doucement.

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Mais l’équipage est adorable et nous faisons de notre mieux. Résultat : nous hissons la lourde voile rouge et nous quittons le port de Stornoway sans encombre ! Dommage qu’il faille rentrer une fois le vent tombé : j’aurais volontiers commencé un tour de l’île en entier…

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Mes adieux aux Hébrides extérieures

Lors de notre dernier jour à Stornoway, un bruit court en ville : ce soir, aux alentours de minuit, quelques aurores boréales devraient nous faire l’honneur d’apparaître dans le ciel étoilé des Hébrides. Je n’ai jamais vraiment vu d’aurore boréale… A peine me souviens-je de cette pâle lueur observée un soir d’hiver à la plage de Portobello. Mon ami Jérôme de Aurora Maniacs, qui se trouve alors en Laponie, m’envoie des infos sur l’évolution de la situation. Ni une, ni deux, aux alentours de minuit, tous les habitants de l’auberge sautent dans une voiture pour sortir de la ville et se plonger dans la nuit noire.

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Nous nous arrêtons sur une petite route et nous fixons le ciel : en effet, on voit une lueur verte à l’horizon ! Je suis très mal équipée pour ce genre de photos, donc voilà tout ce que l’on peut montrer. Mais ce qui compte encore plus, c’est les rires, l’émotion de notre vaillante troupe qui sautille de froid dans un coin perdu de l’île de Lewis.

Une petite partie de ma tête sait qu’il faudra prendre le ferry demain, dès l’aube – à l’heure où blanchit la campagne – mais je l’ignore en bloc. Ce soir, je respire l’air des Hébrides et je cherche les aurores boréales. Et c’est bien.

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