Robert Burns est le poète le plus fameux d’Ecosse : impossible de ne pas croiser son visage quand on visite le pays. Tous les 25 janvier, on célèbre son anniversaire en récitant ses poèmes, en mangeant du haggis et en buvant du whisky : c’est Burns Night, et cette année, enfin, j’ai pu vivre cette expérience. Pour couronner le tout, j’ai aussi visité Dumfries la ville où Burns a vécu, ce qui fera l’objet d’un deuxième article. Récit d’une petite romance de début d’année.

Robert Burns, le beau gosse de ces dames

Robert Burns – Robbie pour les intimes -, c’est un Ecossais qui a la classe : fils de paysans, il n’était pas vraiment destiné à faire de la poésie. Mais qui l’est vraiment ? Son premier recueil paraît en 1786, quand il a 27 ans. C’est d’ailleurs mon âge, mais… pas de recueil de poèmes kilométriques à l’horizon. C’est pas grave. On repassera.

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Robert, donc. Robert grandit dans le sud-ouest de l’Ecosse et finit par s’installer à Edimbourg. Mais c’est à Dumfries qu’il vivra avec sa famille, d’abord dans une ferme puis dans une petite maison aux abords du centre-ville. Il sera le père de – au moins – douze enfants (et sa page Wikipedia estime qu’il aurait environ 600 descendants actuellement, ça m’a étonné assez pour que je le mentionne) mais il meurt assez jeune, à 37 ans. Il devient alors l’icône de Dumfries et plus généralement de toute l’Ecosse. Robert, dit-on partout, était plutôt pas mal. Un sacré beau gosse. Qui se traînait, d’ailleurs, une petite réputation de coureur de jupons.

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On voit toujours le même portrait de lui, toujours le même angle, repris à l’infini. Cela m’a intriguée. Ce portrait a été réalisé par un certain Alexander Nasmyth, pour l’illustration de l’un des recueils de Burns. C’est vrai qu’il est mignon, Robbie, avec ses rouflaquettes et son petit sourire en coin. Et pour vous prouver que c’était vraiment un lover, voilà un extrait de son poème « My love is like a red red rose ».

Si belle es-tu, ma douce amie,
Et je t’aime tant et tant,
Que je t’aimerai encore, ma mie,
Quand les mers seront des déserts.

On y croit toutes, Robbie ! Il faut dire que l’on compte tout de même 22 sculptures du poète en Ecosse et 41 dans d’autres pays du monde : Canada, Australie, Etats-Unis mais aussi… Estonie ! C’est assez révélateur de la ferveur qui a entouré le poète. Pour une fois, voilà un poète.. Pas maudit. Avant de m’intéresser à l’Ecosse, je n’avais jamais entendu parler de ce poète. Son oeuvre a bien entendu été traduite. Vous pouvez en avoir un aperçu dans cette présentation de VisitScotland, qui a l’avantage de donner des morceaux choisis de ses poèmes. Si vraiment vous êtes à fond, pourquoi ne pas feuilleter ces Poésies complètes de Robert Burns, un ouvrage paru en 1843 et dispo sur Google Books. On y trouve des pépites.

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Un dîner poétique en l’honneur de Robert Burns

Assez rabâché. Ce qu’on veut, c’est la fête ! En voyant la fameuse « Burns Night » approcher, j’ai demandé aux Ecossais autour de moi ce que représentait Burns Night pour eux. Si certains n’en avaient pas grand chose à faire – « c’est plus un truc qu’on faisait à l’école, et que je ferais si j’étais dans ma famille, mais pas tout seul ici » – beaucoup d’Ecossais autour de moi ont vraiment respecté la tradition : réciter un poème de Burns avant de manger un haggis accompagné de purée de pomme de terre et de purée de navets. Cette tradition a été lancée quelques années après sa mort, par le cercle de ses amis, et s’est peu à peu répandue dans toute l’Ecosse, notamment grâce aux clubs créés en l’honneur du poète. Aujourd’hui, dès la mi-janvier, les supermarchés mettent en tête de gondole le haggis, les pommes de terre et les navets nécessaires à la confection de ce repas de fête.

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Pour l’occasion, mon colocataire écossais invite quelques amis, et je fais de même : c’est l’occasion de vivre quelque chose d’assez drôle. Pour l’occasion, il revêt un kilt et relit quelques poèmes de Burns. Deux heures avant l’heure du dîner, les haggis sont au four. Un « classique », et un végétarien. On s’affaire à préparer les différentes purées et on décide de n’écouter que de la musique écossaise. Facile, l’offre est pléthorique – et il faudra en faire un article un jour. Ou mille.

C’est très cliché : je suis responsable fromage. Je pose sur la table un plateau contenant un brie des Highlands, un bon cheddar, et un Crowdie, un très bon fromage frais. Ca y est, les haggis sont prêts ! Le silence se fait autour de la table alors que mon colocataire entonne le poème « Address to a Haggis ». Un frisson parcourt l’assemblée lors des derniers vers et soudain, c’est l’avalanche d’applaudissements. Et voilà. Burns est avant tout une occasion rêvée de partager un dîner entre amis. Et le whisky est bien sûr l’autre élément important de la table…

Voici un petit extrait de l’adresse au haggis récitée par mon merveilleux colocataire Euan. C’était aussi l’occasion, pour les Ecossais autour de la table, de nous raconter comment ils ont dû, chaque année à l’école, réciter un poème de Burns devant les enseignants, les élèves, et souvent un représentant de l’Eglise également. Quelque part, je m’étonne de voir que malgré ces souvenirs pas très agréables, les jeunes écossais perpétuent la tradition de la Burns Night.

J’ai fini la soirée en ayant vraiment eu l’impression d’avoir mordu à pleines dents dans la culture écossaise. Et c’est décidé : pour le weekend, on part à Dumfries, où Robbie est enterré !

Suite des aventures… La semaine prochaine.