On m’avait pourtant prévenue.
Les guides, les forums, les personnes ayant déjà visité l’Ecosse. Tous m’ont appris la même chose : durant les mois chauds (Enfin, chauds…) dans les Highlands, rodent des bêtes sauvages. Elles attaquent en groupe, elles se jettent sur vous et vous dévorent. Je parle bien sûr des midges !

Pour ceux d’entre vous qui vivent encore dans l’ignorance bénie, les midges, ce sont les moustiques des Highlands. La femelle, en piquant, émet une phéromone qui attire le reste de la horde environnante… Charmant, non ?J’entends encore d’ici vos remarques sceptiques : « Oui, les moustiques, on connaît. », « Mais au moins les midges ne font pas de bruit! », « Ils sont tellement petits, ça ne peut pas être si terrible que ça », « Faut arrêter à la fin avec les Beegees ! »

Marcher en compagnie des Beegees… Huh ?

Sunset

J’ai fait la connaissance des midges au second jour d’une randonnée dans les Highlands. La journée avait été particulièrement éreintante et il faisait bon de se reposer sur une terrasse au bord du Loch Lomond, un petit verre de Macallan 18 ans âge à la main. J’avais croisé dans la journée des randonneurs avec une moustiquaire sur la tête. J’en rigolais encore en y repensant. Puis vint le moment où il fallut planter la tente. Le spot repéré en avance semblait idéal : petite étendue d’herbe juste à côté d’une plage. Parfait pour observer le coucher de soleil une fois notre abri en place. Sur le papier, avouez, ça fait rêver. A peine avons-nous eu le temps de sortir la tente du sac que la première piqûre se fait sentir. Juste un petit pincement et puis la douleur disparaît aussitôt. Un mouvement de main fait s’envoler la coupable mais il est déjà trop tard. Notre visage grouille littéralement de midges et il devient impossible de se concentrer sur quoique ce soit. Nous avons enfin réussi à monter la tente, chose qui nous a pris trois fois plus de temps que d’habitude puisque nous devions courir sur la place nous asperger d’eau toutes les deux minutes, minimum. Inutile de vous préciser que nous n’avons pas pu profiter du coucher de soleil attendu. Tant pis, nous en verrons d’autres.

Et ce n'était pas si mal...

Et ce n’était pas si mal…

La nuit se passe tant bien que mal (mais ça c’est une autre histoire) et au matin, elles sont là. C’est le même cirque pour ranger la tente. Arracher une sardine, courir vers la plage, se passer la main sur le visage, la voir noire de cadavres de midges, soupirer, ajuster un peu sa capuche pour laisser apparaître le moins de peau visible et repartir à la charge. Le soir-même, inspection des dégâts : pas mal de petits points rouges pour Tao. Je ne suis pas aussi chanceuse : démangeaisons et gros boutons virant parfois jusqu’aux cloques. À ce moment-là, je suis encore philosophe : « Pas grave, demain, on mettra l’’insect repellent’ qu’on a acheté ». Le lendemain a apporté son autre lot de surprises et je me rend compte que la pommade ne marche absolument pas. Je papote avec quelques randonneurs : « Ah, vous avez acheté celui-là. Nous on a opté pour le spray.

– Et alors ?

– Ça ne marche pas beaucoup plus. »

Bon, la prochaine fois, j’en essaierai une autre.

Yummy

Yummy

Je suis sortie de cette randonnée avec, non pas des marques de bronzage, mais plutôt des marques de piqûres aux endroits où les midges n’ont pas eu accès à ma peau. La classe comme souvenir de vacances ! Mais je n’ai vraiment pas eu de chance. Plus tard, un Écossais pure souche m’avoua qu’il n’avait jamais vu de telles marques laissées par les midges. « Tu dois être allergique. » Ah ? Super ! « Mais du coup, vous connaissez une crème qui fonctionne ? Un spray ? Quelque chose ?

– Chacun a ses petites recettes mais en vrai, il n’y a pas grand chose qui marche.

– Comment vous faites alors ?

– Oh, rien, on prend juste quelques cachets de cortisone pour éviter de se gratter. »

Ok, méthode intéressante.

Le truc drôle avec les midges (il faut bien trouver un côté positif à ce désagrément) c’est de repérer, à l’aéroport, les personnes qui ont fait de la randonnée dans les Highlands. On peut s’amuser à les classer : la personne qui a réussi a passer outre ou celle qui a vraiment du passer de mauvaises soirées à se gratter chaque parcelle de peau qui a eu le malheur de dépasser de ses vêtements.

La morale de cette histoire…

Après quatre ans de randonnées, j’ai finalement cédé : j’ai désormais ma moustiquaire de tête ! Et après tout, je serais déçue la prochaine de ne pas passer un coucher de soleil en tête a tête avec quelques midges. Parce que non seulement, c’est un fabuleux sujet pour lancer une conversation avec de parfaits inconnus, mais en plus, ça me donne la satisfaction de pouvoir dire aux non initiés : « Je vous l’avais bien dit! ».

Et maintenant, vous êtes prévenus.


 

Et sinon, t’as piné ?

midges