Cela fait une semaine que nous crapahutons dans la nature écossaise le long du grand chemin de randonnée de la West Highland Way. Et on n’a encore rien vu !

WHW – Introduction

Jours 0 et 1- De Milngavie à Drymen

Jour 2 – De Drymen à Rowerdennan

Jours 3 à 5 – De Rowardennan à Crianlarich

Jours 6 et 7 – De Crianlarich à Bridge of Orchy

Jour 8 – De Bridge of Orchy à Kingshouse (21km)

En sortant de la gare ce matin, on prend la direction de l’hôtel. À notre droite, il y a une petite école primaire. Je me demande si c’est le genre d’école où il n’y a qu’une classe et 10 élèves. Ça ne doit pas être facile tous les jours. Juste derrière l’hôtel, on aperçoit quelques tentes à côté de la rivière. Ils ont des moustiquaires de tête. Sage décision me dis-je, considérant la météo et l’humidité ambiante.

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Il fait beau, mais pas trop. Les nuages semblent lourds et peinent à dépasser le sommet des montagnes mais en même temps, les rayons de soleil diffusent une lumière magnifique. On prend un peu de hauteur et l’envie de dessiner se réveille. On sait qu’on a du temps devant nous, donc on prend nos carnets de croquis et hop, c’est parti. Ma main est engourdie, ça fait une éternité que je n’ai pas pratiqué et encore plus longtemps que je n’ai pas dessiné des paysages. Pour ne pas dire jamais. Un couple arrive et s’arrête pour « admirer nos oeuvres ». Je n’aime pas qu’on regarde au-dessus de mon épaule mais tant pis. Ils nous saluent et on repart aussi.

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On ne juge pas !

Petit à petit le paysage se transforme, devient plus sauvage, plus intimidant. On arrive réellement dans les Highlands. On grimpe le Black Mount et on aperçoit notre premier cairn, ces petits tas de pierres circulaires. Une coutume veut que lorsqu’on grimpe une colline ou une montagne, on y dépose au sommet une pierre agrandissant de plus en plus le cairn. « Cuiridh mi clach air do chàrn » « Je déposerai une pierre sur ton cairn ». Zut, je n’ai pas pris de caillou, mais je le saurai pour la prochaine fois.

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Et puis on redescend doucement vers la vallée. Les paysages sont époustouflants et sublimés par la lumière. En contrebas, je me demande si c’est un marais ou un loch asséché qui crée plein de petites mares. C’est la lande de Rannoch (Great Moor of Rannoch en anglais, je vous mets au défi de trouver un nom plus Tolkennien que ça !). La bruyère est toute violette et donne un charme particulier au décor. Intérieurement, je me dis qu’on a de la chance avec la météo. Il n’y a aucun abri en vue, pas même un arbre à proprement parler, que des buissons épineux et le sentier de pierre. Je n’aimerais pas qu’il se mette à pleuvoir ou que le vent se déchaine.

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C’est là qu’on l’aperçoit, au détour d’un virage. Cette montage solitaire qu’on connait tous en photo. C’est Buachaille Etive Mòr, le Grand Berger d’Etive. Elle envoie du pâté, cette montagne. Le chemin se dirige vers elle et on avance comme hypnotisés. Les montagne à droite sont noires dans l’ombre mais sur nous, le soleil brille.

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Buachaille Etive Mòr qui joue à cache cache avec les nuages

On arrive à la station de ski de Glencoe en passant devant le Blackrock cottage, probablement une des maisons les plus photographiées d’Ecosse. Enfin, je parle de station de ski mais il s’agit plus d’un restaurant et d’un remonte-pente. Mais surprise, il y a un camping qui vient de s’y ouvrir. Chouette, on n’aura pas à faire du camping sauvage en compagnie des midges. Nous sommes les seuls à planter notre tente, mais au moins on aura une douche chaude. On prend un dîner rapide dans la grande salle à manger de la station. Nous sommes assis sur un canapé en face du feu de cheminée. Et juste devant l’immense baie vitrée qui nous laisse admirer le paysage. On se sent bien.

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Y’a pire comme vue de la tente !

Jour 9 – De Kingshouse à Kinlochleven (14km)

Je me réveille avec une boule au ventre ce matin. Jusqu’ici tout a été comme sur des roulettes (Pas très huilées les roulettes mais des roulettes quand même) mais aujourd’hui, nous allons attaquer une partie de la randonnée qui porte un nom encourageant : le Devil’s Staircase, l’Escalier du Diable. J’avoue, cette balade de santé me fait peur. Mais bon, pas le choix, pas moyen de reculer donc on se met en route. On redescend la route jusqu’à l’hôtel solitaire. La West Highland Way reprend juste derrière.

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Au revoir Buachaille Etive Mòr

Aujourd’hui, aucun vent ne souffle et les rayons de soleil chauffent doucement mais sûrement. La nuit dernière, il a pas mal plu et l’herbe est lourde de gouttes de pluie et de rosée. Oui, vous voyez très bien où je veux en venir. LES MIDGES SONT LÀ. Ils ne perdent pas de temps, les vilains !

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Il faut bien un peu de douceur dans ce monde de brutes.

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C’est même pas vrai d’abord

On suit pendant un moment le tracé de l’A82 jusqu’à un petit pont. La vallée est splendide mais les midges sont voraces et ne nous laissent pas vraiment le temps d’admirer le paysages. Petit à petit, on sent nos mollets tirer : l’ascension du Devil’s Staircase a commencé ! Elle nous amènera jusqu’au plus haut point de la WHW, à 548m. Pour tout vous avouer, ce n’est pas aussi difficile que le nom l’annonce. C’est surtout épuisant mentalement puisque le chemin est sinueux et on ne voit pas le sommet. On ne sait pas quand l’ascension va se terminer. Mais on continue d’avancer car si on s’arrête, on se fait manger. On hésite entre se couvrir les bras et la tête de vêtements et ainsi être bien protégé et mourir de chaud ou faire comme si de rien n’était et que les midges ne sont juste qu’une petite gêne à peine. On tente les deux, aucune solution n’est vraiment agréable. Heureusement que le paysage en vaut la peine.

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Arrivés au sommet, on se repose sur une pierre. Il n’y a pas assez d’oxygène ici pour que les bestioles nous suivent. Tant mieux. On recroise Dirk et David, le couple de Bridge of Orchy qui nous avaient encouragés à dessiner. On papote un peu avec eux avant d’entamer la descente. Celle-ci fait bien travailler les chevilles et j’ai les jambes qui tremblent.

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Je pars conquérir le monde !

On suit le chemin jusqu’au village moderne et pas vraiment très beau de Kinlochleven. On traverse les rues aux pavillons de montagne jusqu’au MacDonald Hotel. L’emplacement est parfait pour camper : juste à côté du Loch Leven et du pub. On installe notre tente et le temps de prendre une douche on décide de faire une sieste jusqu’au dîner. À peine les yeux fermés qu’on toque à notre tente : quelqu’un nous prévient que la marée monte donc il vaudrait mieux bouger notre tente. On a l’air surpris alors il nous explique que le loch est relié à la mer et est donc sujet aux marées. Ok, on bouge notre tente alors. Et on a bien fait : le temps de la démonter et de la remonter, soit 20 minutes à peine, on voit la différence sur le terrain : marécageux et spongieux. On pousse un soupir de soulagement. On se rend compte qu’il reste encore une tente sur les rives du loch : on la reconnaît, c’est la tente d’un autre couple qu’on a croisé plusieurs fois. Le monde de la rando est petit le long de la WHW. On retrouve les propriétaires pour qu’ils puissent déménager à leur tour.

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Oui, ça grimpe vite les eaux !

Le pub de l’hôtel est plein à craquer de randonneurs. Des jeunes, des vieux, des couples, des groupes d’amis, des familles. Je souris intérieurement : ici, les problèmes sont juste dérisoires et on n’y pense plus. Alors je m’installe près du feu et je profite de mon gâteau au chocolat.