Le mois de juin touche à sa fin et je me souviens gaiement qu’il y a deux ans, j’achetais le billet d’avion – un aller simple, un bagage en soute – qui rendait réel ce rêve un peu dingue de déménager en Ecosse. J’avais 25 ans et j’allais vivre mon premier été à Edimbourg. Aujourd’hui, alors que mon troisième été chez les Scots débute, j’ai envie de revenir sur ce projet d’expatriation.

Un article paresseusement illustré par notre compte Instagram..

L’Ecosse et moi : fin de la lune de miel ou pas ?

Ce printemps en Ecosse fut délicieux. Pendant que vous m’imaginez grelotter sous la pluie, j’étais, le plus souvent, en train de me balader dans les rues ensoleillées d’Edimbourg. Depuis, les jours s’allongent au même rythme que mon sourire. Le soleil est là de 4 heures du matin jusqu’à après 22 heures, on en oublie de dormir et ça ne fait rien. C’est enfin l’été. IMG_0031 Photo prise par ma copine Lynda !

Dès que je quitte le pays pour un week-end ici ou là en Europe, c’est avec la même joie que je « rentre » à Edimbourg, parmi mes Australiens, Français, Allemands, Lituaniens, Italiens… Je me rends peu à peu compte que mon expérience écossaise, c’est avant tout une revanche sur Erasmus qui s’éternise. Mais surtout, j’apprécie le luxe d’être la touriste qui joue à domicile. Comme au premier jour, je suis curieuse, je regarde, j’essaye de comprendre, je m’amuse de mille petites choses qui rendent la vie croustillante ici. Chaque jour de repos, c’est un jour pour aller voir quelque chose de neuf. Il est bien sûr possible d’être dans cette dynamique dans son pays natal, mais je sens tout de même la différence. Quand j’arrive au bureau un lundi en disant « oui, j’étais à Dumfries ce week-end », mes collègues me demandent « mais pourquoi donc ? » Et là, avec un grand sourire, je réponds… « Parce que c’est trop cool ! ». Et on se marre.

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Je ne sais pas si cela fait partie de ce que d’autres appellent la « lune de miel », mais tant que cette énergie dure… Je reste ! Depuis l’été dernier, j’ai découvert plein de bouts rigolos d’Ecosse :  j’ai pu vivre un voyage dont je vous ai parlé en long, en large et en travers : mon aventure dans les Hébrides extérieures. Un ebook poétique et illustré est d’ailleurs sur le point de paraître sur ce blog, je vous en parlerai très bientôt. J’ai continué à explorer d’autres coin de l’Ecosse : l’Aberdeenshire, l’île d’Arran, le Sud de l’Ecosse… Il y a eu quelques chouettes surprises : le lancement de ma chronique hebdomadaire sur Courrier International,  puis le passage de l’équipe de Echappées Belles. J’ai aussi mis sur pied quelques visites en français pour découvrir Edimbourg différemment. Et la liste des projets, elle, continue de s’allonger…

Travailler en Ecosse : quand on veut on peut ?

L’un des sujets le plus souvent abordé dans les questions des lecteurs de French Kilt, c’est la question de l’emploi en Ecosse. Forcément, avec un taux de chômage qui flotte autour des 5%, ça fait envie. Bien sûr, toutes les branches professionnelles ne sont pas à égalité : certains métiers restent difficiles d’accès, d’autant plus quand on est étranger. Moi qui suis journaliste de métier, j’aurais du mal à travailler dans un média local. N’hésitez pas, d’ailleurs, à partager votre point de vue dans les commentaires de cet article ! Pour ma part, je crois que j’ai eu beaucoup de chance. Tout s’est joué sur une rencontre : celle de Mike & Ross Baxter, les propriétaires de l’auberge de jeunesse The Baxter. Lors de ma deuxième visite dans l’auberge, ils m’ont tout simplement proposé de venir travailler avec eux. Bien sûr, cet emploi était loin de mon poste de journaliste et nombreux ceux qui n’ont pas compris pourquoi je quittais une position confortable pour être réceptionniste à mi-temps, sans vraiment savoir dans quoi je m’embarquais.

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Premier constat : même si le contrat zéro heure britannique est très critiquable, moi, j’en ai vraiment beaucoup profité en prenant du temps libre absolument quand je le voulais. J’ai donc eu la chance de travailler « à la demande », ce qui m’a permis de lancer ce blog correctement lors de ses débuts. Tous les six mois, on m’a offert l’opportunité de progresser rapidement dans mon entreprise, mon salaire a augmenté au même rythme et j’ai été formée à de nouvelles choses que je n’aurais sans doute pas cherché à apprendre autrement : comptabilité, vente, ressources humaines… Et au-delà de ça, je passe mes journées auprès de personnes passionnantes et débordantes d’idées. Ca aide… Deux ans après avoir déménagé, mon salaire est supérieur à celui de mon dernier poste en entreprise en France et pourtant, je n’ai aucun diplôme pour le boulot que je fais aujourd’hui. A côté de ça, j’ai encore tout le temps de m’occuper de mon blog et de vendre mes articles. Est-ce que cela aurait été possible en France ?

Autour de moi, beaucoup d’autres Frenchies ont eu des expériences similaires : ils sont arrivés sans rien, et ont soit commencé par un petit boulot soit ont eu accès à un emploi qui les a fait très vite progresser. Ce qui me fait penser que… Quand on veut, on peut.

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Arrêtez de me demander quand je rentre

…Parce que je ne sais pas. Je ne sais pas quand je rentre, je ne sais pas si je rentre. Si vous avez une bonne raison pour me faire rentrer, allez-y ! Bien sûr, j’aimerais voir ma famille et mes amis plus souvent : mais je rentre régulièrement en France et je vois mes proches presque autant que lorsque je vivais en Isère. Parfois, c’est dur de manquer les anniversaires, les dimanches en famille, mais c’est contrebalancé par le plaisir de recevoir les gens ici, en Ecosse.

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Après deux ans, je réponds toujours « oui, mais » à la question « te sens-tu chez toi en Ecosse ». Si en deux ans, j’ai construit tout un petit univers ici, j’ai toujours ce sentiment d’être en transit. Cette impression d’être entre deux mondes… Et d’essayer de limiter les attaches « juste au cas où ». C’est le cas de pas mal de monde : à Edimbourg, il y a énormément d’expatriés, de migrants, d’immigrés, appelez ça comme vous voulez. Et donc la discussion de « je ne sais pas où je vais » revient souvent. La question du départ flotte tout le temps quelque part. Je m’en rends compte alors que je suis sur le point de laisser repartir mon amie Alice, qui retourne vers son Australie natale. Et c’est pas simple…

Alors voilà, tout ça pour dire que j’attaque le troisième été avec le sourire. Qu’il pleuve ou qu’il vente, je m’en fous : je sais que je vais en prendre plein les yeux, quoi qu’il en soit, tout en essayant de continuer de la manière la plus rigolote possible ce petit bonhomme de chemin qui s’allonge sans que je ne m’en aperçoive.