nouvel an a edimbourg

Je ne le savais pas avant d’emménager en Ecosse : le Nouvel An à Edimbourg, c’est un peu un « big deal ». On y ferme les routes, on y multiplie les feux d’artifices et on y sort les torches. Voici mon petit récit consacré à ce « Hogmanay 2017 ».

Petit saut dans le passé en préambule : en 2015, Tao avait réalisé une vidéo et en 2016, on avait réfléchi aux moyens de ne pas trop se ruiner en venant passer Nouvel An à Edimbourg.

Sous la lumière des torches des Vikings des Shetland

Chaque année, de nombreux événements sont organisés à Edimbourg pour la très regardée nuit du Nouvel An et il règne, dans la ville, une ambiance de fête qui s’amplifie à mesure que l’on se rapproche des douze coups de minuit, au soir du 31 décembre. C’est Hogmanay.  N’étant pas une fan inconditionnelle de la Saint-Sylvestre – trop de pression, une obligation non-dite d’avoir « un plan », l’approche de la traditionnelle déprime de janvier – j’oscille toujours entre impatience et angoisse. Mais le 30 décembre, l’excitation de la fin d’année me prend. Sur le Royal Mile, les barrières commencent à se dresser : ce soir, c’est la Torchlight Procession – la dorénavant traditionnelle marche aux flambeaux. En tête de la marche, on retrouve une délégation de Vikings tout droit venus des Shetland. Lyall, le Jarl et leader de la bande, clôture là une année riche en émotions pour lui, commencée lors du festival Up Helly Aa, en janvier dernier. Avec tout son squad, son équipe de Vikings, il a mis feu à un drakkar sur le port de Lerwick. Tout un programme.

Une foule dense de courageux marcheurs se masse sur le Royal Mile. Cette année, le tracé change un peu : la lente procession coulera le long du Royal Mile, l’artère principale de la vieille ville, pour aller se répandre sur la pelouse de Holyrood Park, juste derrière la résidence royale. Sur le Royal Mile ce soir-là, on dit que plus de 40 000 personnes sont venues participer ou assister au défilé. Fichtre…

Edit : l’équipe organisatrice du festival Hogmanay m’a gentiment invitée à cette marche aux flambeaux. Cela dit, il est tout à fait possible de profiter de l’événement sans tickets, en assistant au défilé, n’importe où en ville. 

 (c) Ian Georgeson

(c) Ian Georgeson

L’heure du départ approche. Je décide de ne pas porter de torche, pour pouvoir prendre des photos avec mes deux mains – avant de réaliser que ma carte mémoire a été oubliée à la maison. Ce genre de choses m’arrive tout le temps. C’est pas grave, du coup, j’essaye de me rattraper en faisant un live maladroit sur notre page Facebook et en ouvrant grand les yeux. Avant le départ, je m’approche discrètement du groupe d’impressionnants Vikings, avec leur torches (dix fois plus grandes que nos torches de non-Vikings) et leurs armures. Je croise le regard de Lyall, visiblement plein d’énergie pour cette procession qu’il attendait depuis longtemps. Il me reconnaît à travers son casque et fait coucou, car je l’ai rencontré lors d’un événement rigolo à Glasgow dont je me dois de vous remettre la vidéo…

Anyway. Retour à la Torchlight Procession, où le cortège se met en branle. Je réalise que je suis parmi une vraie « bande de jeunes », les ambassadeurs de l’année des « Young People » qui rythmera les événements culturels en 2018 et 2019. Oui, je me sens tout à fait concernée. Alors que les cornemuses se lancent dans leurs mélodies lancinantes, toutes les torches s’allument une à une, façon « passe le message à ton voisin ». Une jolie lueur orangée recouvre peu à peu les visages des participants, curieux et souriants. L’énergie collective prend. Nous sommes prêts.

(c) David Cheskin.

(c) David Cheskin.

En passant devant le parlement écossais, nous découvrons quelques mots projetés sur la falaise d’Arthur’s Seat : Welcome, Hame, Bonnie, Braw… Ce sont les « finalistes », parmi lesquels des centaines d’Ecossais ont élu un « Scotword », le mot écossais de l’année. Nous sommes sur le point de le découvrir… Il sera visible de haut, de très haut, car les torches tenues par les participants à la marche vont peu à peu en dessiner les lettres.

Nous arrivons à la fin du parcours parmi les premiers. Il y une grande scène, où des gens jouent de la musique, l’ambiance est plutôt bonne. Lentement, les torches se rassemblent, se resserrent. A 20h, on découvre enfin le mot magique écossais de l’année 2018 qui marquera ce Nouvel An à Edimbourg : BRAW. Je demande une petite traduction à un type à côté de moi, qui déroule une litanie de synonymes : awesome, great, amazing… Formidable, génial, dingue, tout ce que vous voulez. Ca me va.

Photo DR

Photo DR

Il est 20h et je commence cette longue marche pour m’extirper d’un centre-ville plus que bondé. La longue colonne de porteurs de torche n’est pas terminée et les gens continuent d’affluer. Compliqué de circuler. Finalement, je vois le feu d’artifice de 21h depuis ma rue, loin de la foule, et c’est très beau. Il ne m’en faudra pas plus.

photo Ian Georgeson

photo Ian Georgeson

Nouvel an à Edimbourg : quand les douze coups résonnent

Le 31 décembre. Je n’ai pas le coeur à la fête. Et de toute manière, je travaille. Le centre-ville, côté Princes Street, est presque effrayant : l’avenue ainsi que le marché de Noël, cette année, ont été fermés plus tôt que prévu à cause des vents violents qui ont balayé le pays en matinée. Le supermarché du coin est bondé et tous les étalages sont vides. C’est un peu la panique.

Je revêts néanmoins mon masque festif en allant me réfugier dans ma petite auberge de jeunesse, à l’abri du bruit, du vent, et de la folie ambiante. Les visages sont heureux. Certains vont découvrir le ceilidh géant aux abords du château, d’autres vont aller sautiller aux concerts donnés dans les jardins de Princes Street. D’autres, encore, veulent simplement se balader dans le centre-ville, en allant de pub en pub. Et c’est très bien comme ça. Chaque heure, dès 21h, est ponctuée par un feu d’artifice. Le temps s’égrène doucement.

A minuit pile, je m’échappe. A peine le temps de dévaler les escaliers et me voici face à face avec le feu d’artifice qui ferme une année et en ouvre une autre. Tout le monde est captivé. Les lumières sont rythmées par des sons composés par le groupe Niteworks, qui vient de l’île de Skye. Et voilà. On y est.

L’année commence.


 

Ce 31 décembre fut un jour endeuillé pour la blogosphère francophone. Nous apprenions alors, par le biais d’un message posté sur les réseaux sociaux, la disparition de Julie Sarperi. Ecrivain, photographe, blogueuse, voyageuse, j’adorais lire Julie sur blog Carnets de traverse et partout ailleurs. Julie était juste trop forte. Je me souviens, au début de l’année 2015, avoir lu ses récents articles et ceux d’Adeline sur l’Ecosse, alors que j’étais moi-même en train de tomber amoureuse de ce pays. Ses mots et ses photos n’avait fait qu’enfoncer le clou.

Les blogueurs francophones, auxquels je me joins, lui ont rendu hommage et partagent la peine de ses proches. Nous n’oublierons pas Julie, ses clichés et ses histoires. Nous n’oublierons pas.