Le point de départ de cette histoire, c’est un pot de Quaker Oats instantané.

Article non-sponsorisé.  

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Je mange sans arrêt. Tout au long de la journée. C’est pas très mangerbouger.fr mais c’est vrai. Il me faut toujours un petit snack. Et un beau jour de juillet 2015, je découvre les pots instantanés de Quaker Oats (ça marche comment l’affiliation ? Je les ai cité deux fois on peux recevoir des pots gratos ?!).

C’est très pratique. Tu ouvres ton pot, tu mélanges la poudre, tu fais chauffer de l’eau, tu verses jusqu’au trait, tu re-mélanges, tu fermes le couvercle, attends une minute et hop. C’est prêt.

C’est une découverte qui va changer ma vie. Non parce que j’ai trouvé un moyen rapide et bon d’intégrer des fibres et protéines à mon organisme et donc que mon pote Benj sera fier de moi parce que je vais ptet enfin prendre un peu de poids et être super Buff, mais parce que je vais lancer une suite d’actions simultanées qui prendront fin sur une pelouse verte, des douleurs aux bras à chercher désespérément une bouteille d’eau.

 

 

 

Je finis mon pot. Et comme souvent depuis mon émigration, prend une photo du pot et l’envoi à un copain. Je sais que sa fille adore les quaker Oats. (Je joins son adresse pour des pots gratos aussi).

Quelques heures après, je reçois ce message :

 

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Au fait, je me marie. En octobre prochain. Oui dans quelques jours. Non vous n’êtes pas invités.

Je mène l’enquête.

« On fait quoi ce week-end? » Le carnaval ? Mouais.

« Salut ça va ? Tu fais quoi ce week-end ? TU ME MENTIRAIS PAS HEIN!!? »

 » HÉ LES MECS POURQUOI VOUS RÉPONDEZ PAS AUX MESSAGES VOUS SERIEZ PAS À L’ÉTRANGER PAR HASARD ?!! »

Je deviens fou. Personne ne lâche le morceau mais il y a quelque chose de louche. Le soir venu, je perd espoir. Camille propose des pâtes carbo. Je vais faire les courses. A mon retour, mes potes m’attendent dans la cuisine. Ils ont fait la route depuis la France.
(Tiens vous êtes encore là ? Asseyez vous, mettez vous a l’aise. On est là pour un moment)
On fait un resto, on dort dans un BnB. Ils me disent de bien manger. Bien manger. Le lendemain, on prend la route vers l’ouest. Glasgow. Puis le nord direction Crianlarich. Loch Lomond. Je me dis qu’on va vers Glen Coe. Super.
Mais ils avaient prévu une pause. Quelque part sur la rive du Loch Lomond apparemment. Quelque part mais où ? Ils semblent perdus et tournent en rond, demandent leur chemin. Rapidement, je finis par comprendre qu’on va voir des Highland Games. Génial. Toujours voulu en voir. Mais tout ne se passera pas comme prévu.

(Dites moi quand j’abuse sur le teasing, j’appelle ça du readbate)

On se présente à l’entrée. Chouette il s’est arrêté de pleuvoir, beau ciel bleu et des cornemuses partout. Ils me disent de m’échauffer mais je prend ça pour de la taquinerie. Je rigole je rigole jusqu’à ce qu’un monsieur en Kilt vienne vers moi. Il me demande mon nom. Tao. « Vous avez déjà fait de la lutte ? »

Et merde.

On passe les grilles d’entrée sans ticket. « This one is a competitor ! » Ah ouais ?! Ils m’expliquent comment ça va se passer. On parle, on parle. Je finis par lui dire que je ne savais pas que je venais pour ça, que je n’ai jamais fait de lutte et que potentiellement si y a des champions ça peut être compliqué. « Oh they set you up? I think I have what you need ». Il va chercher un gars. Un peu plus grand que moi, un peu barraque mais ça va, et dont franchement la première chose que tu remarques c’est la mini jupe imprimé tartan assortie à son béret à pompon. Un autre enterrement. Stag party comme on dit ici. Il ne s’est jamais battu et apparemment j’ai l’ascendant psychologique. Il trouve que je suis sûr de moi (whaaattt?!?!!). Je ne sais pas si l’explication passe par le fait qu’il porte un costume ridicule ou si il présume que mes origines asiatiques apparentes me donnent des capacités naturelles pour les sports de combat (il aurait raison de le croire car c’est vrai. Je te prend quand tu veux). On prend donc rendez-vous pour le combat. Dans une demi heure je m’inscris. Le temps de manger un bout et prendre un petit remontant (l’abus d’alcool est mauvais pour la santé).

Les organisateurs sont vraiment cool. L’un d’eux parle français. Une crème. Super imposant. Avec qui jamais je n’aimerais avoir à lutter. « Les règles sont très simple. Un genoux à terre, tu perds. Tu lâches ta prise, tu perds. » « Pretty straightforward ». Ils me pèsent. Mmm. Va falloir que je j’en bouffe encore un peu du Quaker Oats.

 

 

« La lutte commencera là-bas, et là il y a le tir à la corde. Ça vous dit ? » Tout le monde est chaud. On ira après manger. Et Benj ira se chercher son short, y a de la boue. L’organisateur vient me voir. « On va s’inscrire ? » Allez c’est parti. On se dirige vers le milieu du terrain à deux. Les gars nous regardent du bord de l’herbe avec le public. Il y a du monde, je les salue rapidement, si je suis poli ils iront ptet un peu moins fort. On s’inscrit. Je comprend que c’est absolument pas la lutte qu’on va faire mais le tir à la corde. Ils ont du se dire qu’on allait abandonner la lutte pour moi. « How many of you? » « They’re five. Five French guys. » « Name of the team? » Well. « The Five French guys ».

Ils me briefent très rapidement sur comment ça se passe. C’est un tournoi. On va affronter quatre autres équipes. Chaque partie se fait en deux manches. Trois si on est égalité. On appelle mes potes pour me rejoindre sur le terrain. « Alors tu te bats ? » Non, on tire à la corde. Oh et cette équipe que vous voyez là, c’est les champions du monde.

 

 

Si vous ne connaissez pas le principe du tir à la corde, le Tug of’war, comme on dit ici, c’est vraiment simple. Vous pouvez faire ça dans votre jardin pour moins de 4£. Il vous faut une corde. Pas de la corde de cuisine. Pas de la corde d’escalade. Plutôt le genre de corde qui arrime un paquebot. Il vous faut aussi un long terrain d’herbe boueuse. La boue est importante car elle deviendra déjà très vite votre meilleure amie. Il vous faut aussi des gens pour tirer la corde. Deux équipes. Dans l’idéal, un coach sur le côté.

Comment ça marche ?

Les leaders de chaque équipe tirent à pile ou face et le gagnant choisit de quel côté se mettra son équipe. Les deux équipes s’installent. Il y a un arbitre au centre qui tient le milieu de la corde. Il y a trois repères sur la corde : un au centre, et deux autres de chaque côté à environ 3 mètres du centre. Quand on tirera la corde, c’est lorsque l’un des deux repères passera devant l’arbitre que la victoire sera déclarée. Il n’y a pas de sens particulier où se mettre pour tirer la corde. Il est par contre important que tous les membres de l’équipe se mettent du même côté. Il faut chacun creuser de beaux trous dans la boue avec ses talons, et les enfoncer le plus loin possible. Les plus intelligents creuseront aussi un autre derrière pour assurer le second pas. Une fois les talons en terre, chacun met la corde sous son bras. Ne pas faire de noeud, et ne pas lâcher lorsque l’on pense que l’on va perdre, pas très fair play. Celui tout au bout à lui le droit de s’enrouler de corde. L’arbitre siffle. Chaque équipe tire. L’une gagne l’autre perd.
C’est tout simple. Théoriquement.

On démarre en affrontant directement les champions du monde de Tug Of’war. Comme ça c’est fait. On se fait démonter, traîner dans la boue. Tant pis pour le short.

On a relativement tout donné donc on a trop mal aux bras, aux épaules. L’enfer. Et trois minutes plus tard, c’est reparti. On est les Five French Guys donc ça nous rend très sympathiques aux yeux du public, et de tout le monde en fait. Tout le monde nous encourage et nous donne des conseils. La seconde partie n’en est pas pour autant meilleure.

La troisième arrive. Contre une équipe qui fait bien peur. Ils ont un uniforme noir, tous similaire. La totale, Kilt, chaussettes, petit sac, et certains même ne portent rien sous le kilt.

Je vous ai dit que on devait se pencher bien en arrière pour avoir tout le poids du haut du corps sur la corde ? Bah sans rien sous le Kilt.. on s’expose. On se dit donc, c’est des vrais. Mais par contre ils ont perdu deux manches aussi. La partie va donc déterminer le plus nul.

On ne se fait pas d’espoir. Mais on ne sait pourquoi, peut être parce que les champions du monde se mettent à faire les trous avec leurs grosses bottes pour nos pieds et nous crient des conseils, le public qui hurle, on ne sait comment, on gagne la manche. Mais il faut courir de l’autre coté de la corde pour la seconde et on a plus d’air dans nos poumons, l’arbitre nous accorde quelques secondes pour souffler. La seconde manche, on la perd. Mais il y en a une dernière. La belle.

On se met en place mais on sait qu’on a plus de force, on y croit pas. Ce que l’on oublie, c’est qu’en face aussi, ils sont essoufflés. Et alors que l’arbitre siffle, que chacun attend en tirant sans vrai conviction, on se rend compte que les autres se fatiguent plus vite que nous, la corde se détend, alors on fait un pas en arrière, puis un deuxième, puis un troisième, et miracle, on gagne la partie.
J’ai vraiment pas envie de vous décrire le reste des 6 autres manches qu’on a du faire à bout de souffle à tous taper dans la meme bouteille d’eau. C’était fini on avait tout donné, et mieux encore, on en avait gagné une, donc on attendait rien d’autre. Evidemment, on a fini dernier. Mais pas dans nos têtes. Non. Pas dans nos têtes.

 

 

Après le tournoi avait lieu l’open game. Chacun peux venir participer. Notez ça si vous allez un jour à des Highland Games. (Oui je fais semblant de donner deux trois conseils touristiques ici et là.) Et là d’autres touristes se sont mis à s’affronter, la plupart des autres équipes sont restées, et surtout, une dernière équipe est apparue.
Les vétérans.

En jean. Chaussures de ville. Polo. Casual. Les voir jouer, surtout après s’être essayé à l’exercice était impressionnant. Des machines. Coups de talons, tous à la meme position, jambe tendue, penchés quasiment à ras du sol. Leur technique ? Ils tiennent. Lorsqu’ils sont posés comme ça, ils ne bougent plus. L’autre équipe se fatigue, et là le coach lance l’attaque. Et un pas en arrière, avec un gros coup de talon pour assurer que ça tienne. Ils attendent encore. Le coach crie quelque chose. Et de deux. Et de trois.

Coup de sifflet.
De l’art.

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