Trois jours de liberté – le doigt court sur la carte, hésite un peu sur la direction à prendre, mais dévie irrémédiablement vers l’Ouest. Cap sur Oban (prononcez Ow-bn si vous voulez sonner local) petite ville gentiment nichée au fond de sa baie, porte d’entrée vers une flopée d’îles que, non, je ne verrai pas lors de cette petite excursion (mais lors de la suivante).  Qu’importe : il y a de quoi faire à Oban, cette jolie ville portuaire en Ecosse…

Rejoindre Oban depuis Edimbourg

Entre le bus et le train, c’est les rails que nous choisirons pour aller à Oban. Après une courte halte à Glasgow, la West Highland Line nous fait traverser des paysages magnifiques, malgré le ciel lourd, et on ne compte plus les lochs que l’on longe et les petites gares mignonnes où l’on s’arrête. A un certain point du parcours, on abandonne la moitié du train qui file, lui, vers Mallaig, tandis que nos deux wagons atteignent la gare d’Oban trois heures après avoir quitté Glasgow.

On comprend Oban au premier regard : un port, un centre-ville serré en arc-de-cercle sur la jetée, un autre petit port, pour les loisirs, et une colline dominante. Si le port est petit, il représente vraiment une connexion vitale pour les îles des Hébrides  : Mull, Colonsay, Coll, Tiree, Lismore, Barra, South Uist… C’est vraiment (VRAIMENT) tentant d’embarquer pour aller toutes les voir, mais soyons honnêtes, trois jours… Même pour Mull, très proche, c’était un peu compliqué : en novembre, les passages de ferries s’amenuisent, les bus se raréfient, les auberges ferment… Heureusement, l’hiver écossais nous réserve d’autres charmes !

Oban est entièrement praticable à pied. Notre auberge se situait au nord d’Oban, sur le front de mer, et je dirais que la marche jusqu’à la gare et le port du sud doit prendre une quinzaine de minutes.

Bonfire Night en eaux calmes

Nous avons donc facilement atteint notre auberge, Corran House, dont la déco désuète et les édredons à fleurs nous avaient charmés. Encore une fois, on réalise comme c’est malin de voyager hors-saison : nous pouvons choisir notre chambre, face à la mer. Ce soir, c’est le 5 novembre. Bonfire Night, ou alors Guy Fawkes Night. On fête, dans toute la Grande-Bretagne, l’échec de la Conspiration des Poudres, le 5 novembre 1605. Guy Fawkes et ses copains catholiques ont essayé de faire sauter le Parlement et le roi Jacques 1er mais tout capote. Depuis, on se remémore l’événement en brûlant des marionnettes à l’effigie de Guy Fawkes ou on fait des feux d’artifices, comme à Oban cette année-là. A 19h30, tout le village est sur la baie, et un décompte a lieu. Feu ! C’est vraiment très réussi, avec les reflets sur l’eau… Pour une commune de 8000 habitants, c’était tout de même assez important.

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Fruits de mer, chocolat et whisky

Souvenir numéro 1 : on s’est vraiment régalés à Oban. Beaucoup de restaurants proposent des poissons et fruits de mer locaux, pêchés le jour-même, alors pourquoi se priver ? Le premier soir, affamés assez tôt (pour nous, les Français, parce que pour les Ecossais ce n’est pas du tout aberrant de dîner à 18h), nous allons à Waterfront Fishouse, qui propose un menu pas mal en hiver : deux plats pour £13£, entrée plat, si tant est que l’on dîne un peu tôt. Bon, copieux, jolie vue, serveurs rigolos, on a passé un joli début de soirée. Autre bonne adresse : le Oban Fish & Chips Shop. En fait, on y a même déjeuné deux fois. Le premier jour, on choisit un truc qui nous interpelle : le « fish tea ». Facile, un fish and chips avec des petits pois et… du thé. On réalise vite que c’est super populaire, toute l’assemblée commande la même chose. Le deuxième jour, on craque pour un plateau de fruits de mer vraiment magnifique, et super frais. Simple et efficace.

Oban, bien sûr, c’est aussi un whisky. En arrivant, nous avons pris rendez-vous pour suivre la visite guidée d’une heure (8£, deux dégustations…) La distillerie d’Oban est l’une des plus petites d’Ecosse mais aussi l’une des plus anciennes. Un facteur explique l’autre : comme la distillerie s’est installée avant même que le village ne se développe, elle se situe au centre-ville et s’est retrouvée ensuite coincée entre les immeubles. Impossible de grandir… Aujourd’hui, la distillerie produit chaque année un million de bouteilles de whisky, de 14 ans d’âge. Derrière tout ça, sept distillateurs qui se relaient en 3-8. Good job.

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Une petite douceur pour finir : la chocolaterie d’Oban, qu’on découvre presque par hasard, est clairement la meilleure cachette pour un petit goûter. On peut choisir parmi plusieurs chocolats chauds et déguster la production de l’atelier tout en regardant les artisans s’affairer derrière une baie vitrée. Outre le bon chocolat, alerte aux canapés piégeurs où l’on peut s’enfoncer toute une après-midi (pluvieuse de préférence). Petit bémol : ça ferme à 17h !

Tour ou château ?

Parlons peu, parlons bien, parlons parlons patrimoine. Si le ciel bleu est de la partie ou si vous appréciez de patauger dans le brouillard, pourquoi ne pas se lancer dans une petite balade sur les collines d’Oban, masquée (ohé ohé) par les arbres jaunes et rouges de l’automne ? Ce que vous verrez en premier, c’est la McCaig’s Tower, sorte de Colisée vide qui domine la ville. Construit à la fin du XIXe siècle, c’était, pour le philanthrope McCaig, un bon moyen de faire travailler les ouvriers de la ville. Aujourd’hui, c’est surtout un joli jardin public qui offre une magnifique vue sur la baie d’Oban.

En s’éloignant du centre-ville, vers le Nord, on devine la silhouette du château de Dunollie, couverte de lierre. C’est dommage, on n’a pas eu le temps de visiter mais on a marché jusqu’aux abords du château. Il y a un musée sur place, dont l’entrée coûte £5.

Et ce petit tour à Oban s’achève par une dernière marche jusqu’à la gare et une grosse sieste dans le train, une fois la nuit tombée… J’en pars avec la sensation de bien connaître la ville, et avec l’envie de revenir explorer quelques îles. Bientôt.

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