vaches highlands trossachs

L’Ecosse et moi, ça fait 5 ans déjà. Si j’ai fait un petit bilan chaque année, celui-ci a une saveur particulière : nous voici en pleine pandémie, 5 minutes avant le Brexit, et pourtant, la magie continue d’opérer. Comme si ces épreuves désagréables venaient renforcer ma certitude de vouloir vivre ici !

En attaquant l’écriture de cet article, je jette un oeil aux précédents bilans. Pour les quatre ans, je crois que j’ai loupé le coche. J’étais sans doute trop occupée par le Fringe et ses folies. Je ne changerais pas un mot de mes bilans à trois ans, un an et huit mois. Les gens dont je parle sont encore tous présents autour de moi, et d’autres les ont rejoints. J’aime bien aussi cet article « Histoires Expatriées » où j’ai résumé les 5 vérités que j’aurais aimé connaître avant de partir. Ce texte avait été si drôle à écrire.

Aujourd’hui, je ne changerais pas un seul mot, soit, mais je rajouterais quelques couches. J’en détaille quelques-unes dans cet article : le rapport à la langue, l’aventure de la création d’entreprises, mes liens avec la France…  Atteindre ce petit anniversaire symbolique me force à essayer de regarder autour de moi, l’espace d’un instant. Je réalise aussi à quel point cette aventure aurait été plus difficile si elle débutait en août 2020, au lieu de 2015. Alors bon courage à ceux qui préparent leur déménagement, accrochez-vous à votre rêve, il en vaut la peine !

Je vous propose également de venir fêter cet anniversaire avec moi dimanche matin, puisque j’animerai la visite virtuelle et interactive Edimbourg à Emporter. Avec mes camarades Mathilde, Jo et Julian, on ira se balader sur le Royal Mile à l’heure du brunch ! Si vous voulez nous rejoindre, vous trouverez toutes les infos par ici.  Et juste pour le plaisir, j’illustre cet article de photos prises dans la région de Balquhidder, dans le Parc national du Loch Lomond et des Trossachs. C’était notre premier week-end hors de la ville depuis la « cataschtroumpf », au soleil, avec des copains, et c’est clairement l’un des meilleurs souvenirs de cette année !

un chardon écossais sur un chemin de randonnée

Mon rapport à la langue anglaise

L’une des questions que l’on m’a posée le plus souvent, lors de mes visites guidées, est sans doute celle-ci : « parlais-tu déjà l’anglais avant d’arriver en Ecosse ? ».

D’instinct, j’ai envie de répondre oui, parce que j’utilisais déjà régulièrement cette langue. J’avais même occupé quelques postes de vacataires dans des collèges, pour remplacer des profs d’anglais absents. Et pourtant, en arrivant en Ecosse, j’ai eu toute une phase de « ‘réapprentissage » : il a fallu se fondre dans la musique du parler local, apprendre beaucoup de vocabulaire, s’adapter à l’accent. Sans m’en rendre compte, j’ai commencé à rouler un peu les R, à ajouter des petits « aaalright » un peu partout. Des petits attributs à mon accent français, qui sera toujours un peu là, surtout quand je fatigue, surtout quand je saute d’une langue à l’autre. Je ne m’en débarrasserais pour rien au monde ! Et cette année, j’explore encore plus le fonctionnement de ces deux langues, l’anglais et le français, puisque j’accompagne des anglophones dans leur apprentissage du français en leur proposant des sessions de conversation thématisées. Et j’en apprends des belles !

Vous êtes également de plus en plus nombreux à me contacter pour me demander s’il vaut mieux parler anglais avant de déménager en Ecosse. Bien sûr, plus votre anglais sera bon, mieux vous vous sentirez. Et j’ai une bonne nouvelle pour vous : avoir un objectif, quand on apprend une langue, permet de déplacer des montagnes ! Si vous voulez apprendre l’anglais dans l’optique de déménager en Ecosse, alors vous allez déplacer des montagnes. Vous pouvez prendre des cours dans les associations près de chez vous, mais cette année, pourquoi ne pas s’essayer aux outils numériques ? Au moins, on peut travailler la langue où on veut, quand on veut.  Par exemple, l’application Babbel se démarque en proposant un outil de reconnaissance vocale, pour travailler également la prononciation, ce qui est vital quand on veut pouvoir parler anglais tout en se sentant à l’aise.

Finalement, après cinq ans, je me rends compte que si l’usage de l’anglais est central dans mon quotidien, ma langue de travail est à présent le français : lorsque je bossais dans l’hôtellerie, je faisais tout en anglais, jusqu’à des rapports ultra-compliqués, des entretiens d’embauche, des négociations. Mais aujourd’hui, avec l’écriture des guides touristiques pour Hachette et mon travail de guide auprès des visiteurs francophones, le vrai challenge est de pouvoir sauter d’une langue à l’autre et de rester précise, concise et intéressante dans chaque langue ! Un vrai mic-mac. M’arrive-t-il de parfois m’adresser en français à mon compagnon écossais, qui ne comprend que quelques mots ? Est-ce que je fais de plus en plus de fautes d’orthographe ? Oui ! Complètement !

panneau écureuil dans les trossachs

Prenez garde ! Ecureuils roux dans le coin…

Travailler toute seule

Mon rapport au travail, en 5 ans, a également complètement changé. Avant mon déménagement, et même pendant les premières années, rien d’autre que le salariat n’existait dans mon champ des possibles. Je ne sais pas vraiment pourquoi : pas de créateurs d’entreprise autour de moi, parmi mes amis ou dans ma famille proche. L’impression que c’est hors d’atteinte, que c’est pour les autres. Les patrons, c’est pas nous. Et pourtant, maintenant, je me dis que j’aurais finalement bien aimé avec un peu plus d’info sur la création d’entreprise en France, tout ça. La question d’une école de commerce ne s’est jamais posée. Pourquoi ? Parce qu’elles sont toutes très chères.

Ca m’a donc pris du temps d’oser imaginer travailler pour moi-même, et même une fois mon statut d’indépendante créé, il m’a fallu du temps pour avoir un plan assez solide pour finalement lâcher le salariat. C’est arrivé au début de l’année 2019. Et le pari fut le bon, puisque j’ai eu une année 2019 merveilleuse, entre une première saison touristique en « solo » vraiment géniale avec des groupes adorables, l’écriture d’un nouveau guide de voyage sur l’Ecosse pour Hachette, dont la sortie a été reportée à l’automne 2020 et la mise en place de nouveaux projets, comme le podcast Ecosse Toujours. Si l’année 2020 ne ressemble en rien à ce qui était prévu, elle a aussi apporté quelques leçons et plusieurs raisons d’espérer et de s’accrocher.

Ces choix de vie, on en vient forcément à les questionner quand des trucs comme cette année 2020 arrivent. Cependant, malgré la marée noire sanitaire, économique et psychologique que nous vivons, je n’en suis pas venue à regretter ma décision de travailler pour moi-même – allez, si, j’ai dit une fois ou deux que j’aurais bien aimé être au chômage partiel comme tout le monde. Je pense que cette indépendance me permettra de m’adapter à ce qui viendra, quand ça viendra. Mon seul vrai regret, c’est que ce printemps, j’aurais dû embaucher deux personnes, pour travailler avec moi sur les visites guidées en français à Edimbourg. C’était vraiment lourd de sens pour moi, de pouvoir partager mon projet professionnel avec des personnes de confiance. Mais ce n’est que partie remise !

Garder des liens avec la France

Voilà un aspect de l’expatriation en Ecosse qui me fait souvent réfléchir. Et c’est sans doute au nom de ces liens avec la France que j’ai choisi la voie de l’auto-entrepreneuriat, puisque je peux à présent décider librement de mes allées et venues, sans demander des jours de congé ici ou là.

Pour résumer : la France ne me manque toujours pas, mais j’aime toujours autant la France. Vous comprenez ? Je ne m’en sens finalement pas si loin – à l’exception, peut-être, de ces derniers mois, où toutes nos certitudes ont été secouées – et la France me semble toujours à portée de main. Aujourd’hui, les personnes que j’accueille pour une visite de 2h ou que j’accompagne pour un voyage d’une semaine ou plus viennent, pour les trois quarts, de France. Je m’informe encore principalement via quelques médias français et, hors pandémie, je vais en France environ 3 ou 4 fois par an, afin de rendre visite à mes proches, ce qui est vital. Ce n’est, fondamentalement, pas plus compliqué que lorsque je vivais dans une région française éloignée, et, peu ou prou, une journée est consacrée au voyage porte à porte, ce qui reste tout à fait honnête.

Cependant, je sens depuis peu un décalage de plus en plus grand, culturellement : j’ai du mal à me tenir informée des nouvelles tendances, des chansons qui sortent, des films, de toutes ces petites choses qui remontaient naturellement à mes oreilles quand je travaillais dans une rédaction grenobloise, par exemple. Je m’en rends compte quand des clients mentionnent telle ou telle émission, telle ou telle personne, que je ne connais pas : c’est dans ces moments-là que j’imprime : je n’y vis plus, voilà tout !

pont dans les trossachs randonnée

Au début d’une randonnée dans les Trossachs…

Grandir avec French Kilt

Finalement, ce qui revient toujours dans ces grands questionnements du genre « alors, qu’est-ce qui a été accompli ? », c’est le rôle de French Kilt dans ma vie. Un petit blog à deux francs six sous qui a véritablement métamorphosé mon expérience dans ce pays merveilleux qu’est l’Ecosse.

Alors oui, parfois je râle parce que ça marche pas comme je veux, c’est pas aussi joli que j’aimerais, parce que les gens répondent pas « merci » 8 fois sur 10 quand je réponds à leurs questions par email, même si souvent un passage sur Google aurait pris moins de temps à tout le monde, parce qu’il reste toujours un truc à faire ou à écrire, et que je n’ai jamais fini. Mais ce site, c’est sans doute mon projet le plus abouti. Moi qui me prends souvent pour une girouette, je réalise que je suis capable de m’acharner sur un même clou pendant cinq ans, sans avoir eu une seule fois l’envie d’arrêter.

Grandir avec French Kilt, c’est aussi grandir avec vous, qui me montrez la voie, qui engagez la conversation, qui me poussez à toujours questionner le pays où je me trouve. Merci à vous, chers lecteurs, pour votre présence, vos petits mots et le partage de vos expériences et impressions. Ce site est aussi le vôtre !

Continuer à espérer le meilleur pour l’Ecosse

Voilà un sujet que j’aborde souvent avec des collègues ou des clients : que va-t-il se passer pour le tourisme en Ecosse, après la pandémie, et surtout, après le Brexit ? Si nous ne savons pas encore dans quelle mesure les conditions d’accès (passeport, carte d’identité) peuvent évoluer pour les voyageurs dans l’avenir, je m’interroge également sur les envies futures des voyageurs francophones en Ecosse. Mais quand je vous lis, dans les commentaires ou sur les réseaux sociaux, j’ai l’impression que vous continuerez à aimer ce pays quoi qu’il arrive, et ça me rassure beaucoup.

Mon but, pendant le confinement, a été d’explorer les manières d’amener l’Ecosse chez vous, que ce soit avec le pub quiz virtuel (hé ! Venez le 28 août !), la visite virtuelle Edimbourg à Emporter (hé ! Venez le 16 ou le 29 août !), les tests de personnalité rigolos, et divers articles sur la cuisine écossaise, la littérature, les films en lien avec l’Ecosse… Et sur les réseaux sociaux, ma veille sur les contenus en lien avec l’Ecosse s’est intensifiée – vous aviez d’ailleurs bien aimé la collection d’animations thématiques de VisitScotland sur le whisky, les montagnes, les fantômes…

Vous pouvez compter sur moi pour continuer à creuser dans cette direction, au moins pour les cinq ans à venir !

Comme d’habitude, je suis à votre disposition dans les commentaires si vous avez des remarques ou des questions. Prenez soin de vous !

moutons trossachs

Se réveiller avec les moutons dans les Trossachs…

 

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